Conférence nationale du handicap : le verre à moitié vide ?

La deuxième Conférence nationale du handicap s’est tenue le 8 juin en présence du président Sarkozy, de nombreux membres du gouvernement et des représentants des gestionnaires d’associations et d’établissement du secteur.

Le but de la Conférence était double : faire le bilan de la loi de 2005, tracer des pistes d’amélioration sur la base du rapport du sénateur Paul Blanc.

De part et d’autre , les participants se sont montrés fidèles à eux-mêmes, parfois proches de la caricature. Pour les associations et établissements, la coupe est pleine mais le verre à moitié vide. Le président et son gouvernement se sont auto félicités du bilan et ont formulé des promesses électorales. Pour eux, le verre est non seulement à moitié plein mais plein et du meilleur crû. Faisons le point.

Tout n’est pas noir. La preuve : le rapport Blanc

Le chef de l’Etat avait confié à Paul Blanc – sénateur des Pyrénées-Orientales qui fut le rapporteur de la loi Handicap du 11 février 2005 – une mission sur « les voies et moyens d’une amélioration de la scolarisation des enfants handicapés« . En effet, en dépit d’un bilan plutôt positif (augmentation de près de 50% en six ans du nombre des enfants handicapés scolarisés en milieu ordinaire).

Ce rapport a été rendu et il a servi de base de proposition à la Conférence nationale du handicap. Il préconise notamment :

– un nouveau statut pour les auxiliaires de vie scolaire individuels (AVS-i),

– renforcement de la coopération entre l’école et les structures sociales et médico-sociales,

– adaptation de l’offre médico-sociale…

Sur le premier point, le président a annoncé la rupture avec le « recours aux contrats aidés, qui, il est vrai, nous ont permis de faire face à l’augmentation très forte des besoins, mais qui ne permettent pas d’assurer un accompagnement de qualité« . Le chef de l’Etat a donc entendu les critiques sévères des associations du secteur et des syndicats. Notons que, dès la lettre de mission de Paul Blanc signée Nicolas Sarkozy, le constat pointait déjà notamment les retards dans la mise en œuvre des décisions d’orientation prises par les MDPH (maisons du handicap) ou la formation « insuffisante » des personnels d’accompagnement des enfants scolarisés

Vers une réforme du statut des auxiliaires de vie scolaire individuels (AVS-i).

Sur la qualité des services rendus : Les AVS-i seraient transformés en « AS », des « assistants de scolarisation », sous contrat de droit public qui seraient des professionnels mieux formés. Avec un remplacement progressif dès 2012.

Sur le nombre des serait auxiliaires pour faire face aux besoins : le gouvernement prévoit le recrutement de 2 000 AS qualifiés supplémentaires par rapport à 2010 dès la rentrée 2011, 4 500 pour la rentrée 2012 et 7 200 pour la rentrée 2013.

Sur leurs missions : Le nouveau statut des AS profiterait aussi aux assistants de vie scolaire collectifs (AVS-Co) qui interviennent auprès des équipes éducatives en Clis ou unités localisées pour l’inclusion scolaire (ULIS). Comme suggéré par Paul Blanc, le gouvernement souhaite favoriser leur intervention en milieu ordinaire « au sein de pôles ressources mutualisés et animés par les enseignants référents« .

Verre à moitié vide ?

Le verre reste à moitié vide pour les acteurs du secteur qui pointent du doigt l’insuffisance des moyens engagés, le manque de place en établissements (trop de jeunes sortant d’IME se trouvent encore en rupture de prise en charge faute de places en ESAT) – établissements et services d’aide par le travail, en gros les anciens CAT -. La conférence des gestionnaires s’est fendu d’un communiqué le 10 juin attirant l’attention sur ces points et sur l’insuffisance de places en SESSAD (service d’éducation et de soins à domicile). Ainsi que – c’est très naïf – sur l’absence  de réel débat. Naïf quand même de s’attendre à un vrai débat de la part de l’UMP !

La création sur 3 ans de 3000 postes (donc d’ici à 2014) en entreprises adaptées est quand même à mettre au crédit du gouvernement. Cette création répond aux besoins exprimés par le secteur. La pérennisation de la dérogation dont bénéficient les entreprises adaptées publiques pour la réduction de cotisation sur les bas salaires, si leurs salariés sont couverts par l’assurance chômage de droit commun, devrait sauver 500 emplois, selon l’UNEA (union nationale des entreprises adaptées).

A noter aussi, l’engagement réaffirmé par le chef de l’Etat de poursuivre la revalorisation de 25 % sur plusieurs années du montant de l’AAH et ce malgré le contexte de crise. Ce qui équivaudra en 2012 à une allocation d’un montant de 776 euros .

Roselyne Bachelot et Nicolas Sarkozy  ont réaffirmé qu’il n’était pas question de remettre en cause l’échéance de 2015 pour l’accessibilité de tous les lieux recevant du public.

Le verre est à moitié vide mais il se continue de se remplir…

Lien officiel.

 

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Mort aux vaches etc.

Il était de la mauvaise herbe
Et de mauvaise réputation.
Aujourd’hui ses chansons superbes
Peuvent valoir ton arrestation.

Le pornographe du phonographe,
Le polisson de la chanson
Pas avare de ses autographes
Faisait pas de discrimination.

A ce titre la maréchaussée
N’était pas la plus mal chaussée.
Mais elle lui fermait pas sa bouche.
Comme Georges était assez farouche,

Il aimait rester sur son balcon
Pour regarder passer les cons.
L’autre jour à sa fenêtre,
Un jeune homme imita son maître.

Comme trois agents de police
Qui avaient un air avachi
Passaient, il chanta sans malice
« Mort aux vaches…vive l’anarchie !

Le jeune fut traîné au poste,
Condamné en des temps records.
Je parie que demain dans le poste
Georges chantera encore plus fort.

 

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« Mort aux vaches, mort aux lois, vive l’anarchie! »

Voici l’objet du délit : Lien vers l’actualité

Au marché de Briv’-la-Gaillarde
A propos de bottes d’oignons
Quelques douzaines de gaillardes
Se crêpaient un jour le chignon
A pied, à cheval, en voiture
Les gendarmes mal inspirés
Vinrent pour tenter l’aventure
D’interrompre l’échauffourée

Or, sous tous les cieux sans vergogne
C’est un usag’ bien établi
Dès qu’il s’agit d’rosser les cognes
Tout le monde se réconcilie
Ces furies perdant tout’ mesure
Se ruèrent sur les guignols
Et donnèrent je vous l’assure
Un spectacle assez croquignol

En voyant ces braves pandores
Etre à deux doigts de succomber
Moi, j’bichais car je les adore
Sous la forme de macchabées
De la mansarde où je réside
J’excitais les farouches bras
Des mégères gendarmicides
En criant: « Hip, hip, hip, hourra! »

Frénétiqu’ l’un’ d’elles attache
Le vieux maréchal des logis
Et lui fait crier: « Mort aux vaches,
Mort aux lois, vive l’anarchie! »
Une autre fourre avec rudesse
Le crâne d’un de ses lourdauds
Entre ses gigantesques fesses
Qu’elle serre comme un étau

La plus grasse de ses femelles
Ouvrant son corsage dilaté
Matraque à grand coup de mamelles
Ceux qui passent à sa portée
Ils tombent, tombent, tombent, tombent
Et s’lon les avis compétents
Il paraît que cette hécatombe
Fut la plus bell’ de tous les temps

Jugeant enfin que leurs victimes
Avaient eu leur content de gnons
Ces furies comme outrage ultime
En retournant à leurs oignons
Ces furies à peine si j’ose
Le dire tellement c’est bas
Leur auraient mêm’ coupé les choses
Par bonheur ils n’en avaient pas
Leur auraient mêm’ coupé les choses
Par bonheur ils n’en avaient pas

Georges Brassens

 

 

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Les Cassandre

I

S’il fallait écouter les Cassandre,
On irait tous demain se pendre.
Elles annoncent la neige en septembre
La peste en novembre
La mort en décembre.
Et pour le Premier de l’An des cendres.

Une de ces prophétesses troyennes
M’est une voisine mitoyenne.
Elle apeure tout le voisinage
Avec ses sombres prédictions.
Plus d’un, de ce fait, déménage.
Moi je demande son éviction.

Refrain :

Casse-toi Cassandre !
Cassandre, casse-toi sans attendre !
Tu n’es qu’un oiseau de malheur
Envole-toi, va-t-en sur l’heure !

II

Un comité de citoyens
Enjoint la fille du prince troyen
D’quitter l’quartier sans faire d’esclandre.
Et il dit d’elle pis que pendre
Pour qu’elle parte ailleurs se faire pendre
Mais elle ne semble pas comprendre.

Nous la priâmes de se rendre
Chez son père Priam sans attendre.
Mais même après l’avoir sommée
Elle continua de nous assommer
De ses effroyables augures.
Se fichant bien de nos figures.

Refrain :

Casse-toi Cassandre !
Cassandre, casse-toi en Flandre !
En Suisse, en Belgique ou ailleurs.
Va-t-en prophétesse de malheur !

III

Toutes nos maisons étaient à vendre.
Nous étions tout prêts de nous rendre
Quand survint un fait remarquable.
Un homme d’une patience admirable
Vint s’installer dans le quartier
Il la prit alors pour moitié.

Et depuis qu’il est avec elle.
Elle prédit que des bonnes nouvelles.
Comme quoi quand la vie se fait tendre,
Elle peut faire menttir les Cassandre.
Pour peu qu’elle place dans leur chambre
Un homme dont elles peuvent s’éprendre.

Refrain :

Case-toi Cassandre !
Cassandre,case-toi sans attendre !
Avec cet homme pour ton bonheur
Et aussi pour notre bonheur.

Voris Bian 11 juin 2011

 

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L’alpha bébête à trois lettres

Puisque Le Monde s’amuse avec les sigles de trois lettres, je dis amusons-nous ! Et par ordre alpha s’il-vous-plaît !

Il paraît que le RSA
Nous plomberait le PIB ?

Nous faudra-il faire HEC
Pour décrocher un CDD ?

Après l’échec du CPE
On veut supprimer l’ISF.

J’en perds un peu mon BCG !
On finira tous à l’AAH.

Le directeur du FMI
J’l’ai entendu sur NRJ.

Ce ne sera plus DSK.
Malgré la plaidoirie de BHL.

Parlons plutôt des OGM,
Ou des recherches d’ADN.

Je regarde sur RFO
La propagande de l’UMP.

Parti qui a deux LOQ
Et les casseroles du RPR.

Pour vivre faut-il un BTS ?
Adhérer à la CGT ?

Ou bien gagner au PMU ?
Au Pôle emploi prendre RDV ?

En cachant sa BMW.
Son tour de taille XXX.

J’ai rien trouvé pour le p...Y
Normal ! Il n’a même pas le PTZ.

 

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Nolwenn et les fantômes de Tévennec

«Nous devons nous battre pour ces phares. Ils sont les rêves du futur, les rêves de nos enfants», écrit la chanteuse Nolwenn Leroy qui apporte son soutien à une association dont le but est de rénover le phare de Tévennec (« l’enfer »)  – situé face à la Pointe du Raz sur un rocher tout proche de l’île de Sein- pour y installer une résidence pour artistes.

L’association vient de signer une convention avec les services de l’État afin de réaliser des travaux de consolidation. Mais la décision de l’affectation de lieux est suspendue à l’accord à venir d’une commission. En tout cas, la belle Nolwenn a spontanément accepté de soutenir le projet en faisant venir une équipe de télé sur les lieux et de solliciter des investisseurs.

Il y a de quoi faire ! Le phare, laissé à l’abandon, est dans un état pitoyable. Ce site montre des photos de l’intérieur et de l’extérieur.

Voici une vidéo sur le phare maudit de Tévennec.

Le phare de Tévennec fut construit sur un lieu hanté

Le petit îlot au large de Raz a toujours eu la réputation de lieu maudit, ce lieu accueillerait les âmes des bretons avant l’Avalon (paradis celtique). Il est hanté par les âmes errantes des naufragés. Pendant la révolution le navire « Saint Louis » s’échoua sur cette île, quand les secours arrivèrent ils ne trouvèrent aucun corps, tout les naufragés avaient disparu. Le phare de Tévennec a quand même été construit là. Les caboteurs avaient en effet besoin que l’on renforce l’ »éclairage » de la navigation nocturne en cet endroit.  Le phare  d’Ar Men était déjà en cours de construction (début en 1867). Les travaux ont duré 5 ans, de 1869 à 1874. En pleine mer fut érigée une maison-phare constituée d’une tourelle carrée et d’un corps de logis de 11 mètres de hauteur. A quelques encablures du phare de la Vieille, entre l’île de Sein et la pointe du Van.

La solitude du gardien de phare rend fou

Le phare de Tévennec étant classé par l’administration d’alors comme un phare de quatrième ordre, on n’y installe qu’un seul gardien en poste, qui y reste un semestre entier. La plupart des gardiens de sa maison phare, achevée en 1874, connurent un sort tragique.

Le premier gardien de phare entend des voix lui ordonnent en breton : « Kers cuit, kers cuit… Ama ma ma flag », (« Va-t’en, va-t’en, ici, c’est ma place« ). En septembre 1874, Henry Porsmoguer, le deuxième gardien du phare devient fou. Natif de l’île voisine, Sein, il a participé aux travaux de construction des phares Ar-Men et Tévennec. Le feu est allumé le 15 mars 1875 et Henry Porsmoguer doit se charger seul de son entretien. Il ne peut rentrer auprès de sa famille qu’après de longs mois passés sur l’îlot de Tévennec.  Il présente sa démission au bout d’un an. En décembre 1875, le troisième gardien, Jean-Marie Rohou né à Plogoff prend son service. Lui aussi, démissionne dès avril 1876.

On double le poste de gardien en 1876

En 1876, l’administration accepte de prendre en considération l’immense solitude dans laquelle doivent vivre les gardiens. Elle « double » le poste en nommant un second gardien. Guillaume Guézennec, né à Cleden-Cap-Sizun, est nommé  à ce nouveau poste, le 1er août 1876. Alain Menou, le second gardien du Tévennec, résiste de 1878 à 1885 puis devient fou. Alerté, le curé de Plogoff bénit le rocher, intimant au diable de s’en aller. Même à deux, les gardiens connaissent des drames. Ainsi, par exemple, le gardien auxiliaire Milliner y meurt sans que l’on puisse lui porter secours… Alexis Kerbiriou se sectionne l’artère fémorale avec son couteau, et se vide de son sang dans les bras de son compagnon qui le veille deux jours et deux nuits jusqu’à la relève.

Cela ne suffit pas, on fait venir les épouses

Cela ne va pas mieux. Les gardiens successifs demandent régulièrement leur nomination à d’autres postes car la vie à Tévennec est trop dure. En 1898, pour résoudre le problème créé par tant de démissions, l’administration propose que les épouses des gardiens vivent à Tévennec. Monsieur et madame Milliner furent les premiers à s’y installer en couple, en janvier 1898. De 1900 à 1905, le couple Quéméré occupe le rocher avec un enfant puis quatre de leurs onze enfants. Une vache et un cochon assurent en partie la subsistance de la famille. Le couple Quéré s’installe en 1905. Le couple Ropartz en 1907. Le gardien Ropartz voit son père happé par une lame. Le couple perd un nouveau-né quand une tornade vint interdire toute communication avec le continent. Le toit de la maison est arraché par un ouragan peu de temps après.

Face aux drames répétés, on installe l’éclairage permanent au gaz

En 35 ans, y seront allés 19 gardiens et 4 gardiennes. Dans la légende, on dit alors que le fanal du Tevennec est un lieu maudit car de nombreux drames s’y sontproduits. Lassée, l’administration décide, en 1910, de transformer le phare en feu permanent à gaz. Une réserve de gaz permettait une autonomie de 6 mois, libérant les gardiens de cette servitude. Ainsi, depuis cette date, aucun gardien n’a été nommé à ce poste tant redouté. Aujourd’hui, le feu du Tévennec est alimenté par l’énergie solaire.

La légende des « kers-cuit »

« Kers cuit, kers cuit… Ama ma ma flag », (« Va-t’en, va-t’en, ici, c’est ma place« ) entendait le premier gardien. Mais l’explication de ces cris lugubres, que l’on prête aux âmes des naufragés ayant trouvé la mort sur l’îlot, est aujourd’hui donnée par la découverte, voici une dizaine d’années par des plongeurs, d’un tunnel traversant le rocher. Par fortes marées, l’air s’en échappe par des failles dans la roche, ce qui peut produire des sons extrêmement étranges et angoissants de type hululements sinistres. Il n’en demeure pas moins que le phare continue de jouir d’une très mauvaise réputation auprès des marins et des habitants du Cap Sizun. On raconte à son propos toutes sortes d’histoires. Par exemple qu’un gardien mort brutalement dans les bras de son épouse aurait été mis au saloir par celle-ci pour conserver son corps jusqu’à la relève suivante.

Extraits d’ouvrage

Extraits d’ouvrage (Jean-Claude Fichou : « Les Phares »)

« Les ouvriers qui y érigèrent un phare étaient terrorisés par des phénomènes étranges, diaboliques. La nuit, des hurlements de terreur, éclats de bagarre, de rires déments dominaient le ressac (…) Parfois des êtres, pâles lueurs, titubaient sur la roche, dressaient des croix pour s’y suspendre ensuite. »

« Le jour, pendant la construction, au-dessus des travailleurs tournoyaient les oiseaux, surpris d’y voir des êtres vivants, eux-mêmes qui ne pouvaient s’y poser, à cause des morts ! Par leurs cris : « Kers-kuit, Va-t’en », ils semblaient prévenir les travailleurs des dangers qui les menaçaient. La nuit, c’était des bruits de gens qui se querellaient, se battaient ; on aurait dit tout bouleversé ; le couvercle de la citerne, surtout, déjeté de côté et d’autre. Des vieillards parcouraient la roche et le bâtiment. Des croix se dressaient et s’abattaient ; des gens s’y suspendaient… »

Lien utile : phare de Tévennec

Ecouter l’album « Le gardien de phare », par Stéphane Bersier. Chansons sur des textes de l’auteur de ce site.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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La grande casse du social

La question de l’assistanat revient dans l’actualité et devrait être l’un des thèmes majeurs de la campagne de l’UMP pour 2012.

Dans le même temps où on est en train de tirer à boulets rouges sur les bénéficiaires du RSA, les grandes fortunes se voient alléger encore de leur contribution à l’effort national et l’ISF ne demandera pas un centime aux milliardaires détenteurs d’oeuvres d’art. Anne Sinclair pourra dormir tranquille sur ces centaines de millions de dollars et sur ses tableaux de maîtres. Pas un effort, même minime, supplémentaire n’est demandé aux riches. En revanche, un effort maximal, voire un sacrifice, est exigé des pauvres.

La question du RSA et de l’obligation d’activité reviennent mais cette fois avec beaucoup moins de polémique. Le gouvernement revient aux fondamentaux : à la loi qui sanctionne deux refus d’offres raisonnables d’emplois consécutifs, à l’outil adéquat qu’est le contrat unique d’insertion (le « CUI » qui se décompose en deux types de contrats selon que l’on est dans le secteur marchand ou dans le secteur non marchand), à la règle selon laquelle tout travail mérite salaire (pas d’esclavage à la Wauquiez de la « droite sociale » : pardon, mais je ne peux m’empêcher de rappeler le nom cynique de ce mouvement qui me fait rire en grinçant des dents). On revient à des réflexions plus responsables, notamment au constat qu’une certaine population de bénéficiaires ne pourra jamais exercer une activité utile même en faisant payer le prix fort à la collectivité (avec moult accompagnateurs et éducateurs). Il y a des ininsérables, des marginaux, des gens cassés, inaptes… et de toute façon il n’y aura jamais assez d’activité pour tout le monde. Ouf ! L’UMP commence à réfléchir un peu.

Mais…La casse du social continue dans pratiquement tous les secteurs : insertion et logement notamment. Voyons cela.

1 – Les dépenses d’insertion sont en baisse : c’est l’ODAS qui le dit. Ces dépenses diminuent de 16 % : 700 millions en 2010 contre 830 millions en 2009. L’ODAS avance plusieurs causes : les frais de gestion du RSA sont plus lourds que ceux du RMI. Le RSA est trop complexe, comme l’a dit Madame Bachelot (il l’est encore plus pour l’examen des cas de dérogation pour les professions indépendantes).Les travailleurs sociaux passent plus de temps à expliquer ce dispositif de type usine à gaz à leurs « clients »qu’à initier des actions d’insertion (ah ! la France et ses éternels Shadocks). Enfin, l’Etat se désengage en réduisant ses crédits aux contrats aidés.

2 – La précarité énergétique grandissante : je l’ai déjà écrit dans un précédent article et je me dois de le répéter. Le nombre de foyers en précarité augmente et le nombre d’aide à ces foyers se réduit ! Cela vous surprend ? C’est pourtant la vérité. Voici les chiffres donnés par le Médiateur de la République : Le Tarif de première nécessité (TPN) sur l’électricité ne bénéficie ainsi qu’à 650 000 ménages alors que les conditions d’accès (niveau de ressources CMU) lui ouvrent un « marché » trois fois supérieur. Pour le gaz, le Tarif spécial de solidarité (TSS) ne concerne que 300 000 ménages alors que 800 000 pourraient en bénéficier. Le Médiateur s’étonne, dans un contexte de renchérissement du coût de l’énergie et de difficultés sociales majeures, de la baisse d’un tiers du nombre de bénéficiaires des tarifs de solidarité. « Aucune explication satisfaisante n’a pu être apportée à ce jour sur cette baisse », écrit Bruno Léchevin, délégué général du médiateur. Si ! Moi j’en ai une : le manque de volonté politique. (lire « Très chère énergie« )

3 – La crise du logement se dégrade : L’Assemblée nationale a rejeté, le 18 mai, la proposition de loi visant à prendre des mesures urgentes et d’application immédiate en faveur du logement présentée par Jean-Marc Ayrault et le groupe socialiste. Pour Benoist Apparu, la proposition de loi « reprend les grands axes des propositions du parti socialiste pour 2012 ». Il a refusé d’opposer le social et l’accession à la propriété, et rappelé le succès du PTZ+, grâce auquel « la France des propriétaires est bel et bien en marche » (elle marche toujours, cette blague ?).  Une autre proposition de loi socialiste qui allait dans le bon sens – surtout à un moment où l’on voit les effets désastreux d’un certain abandon de la politique de la ville (voir Sevran qui est devenu Chicago aux temps d’Al Capone) – portait sur « les mesures d’urgence en faveur des villes et des quartiers en difficulté ». Elle a  aussi été rejetée ce jour-là sans autre forme de débat. Dans le même temps, une cinquantaine de députés de la majorité déposaient une proposition de loi sur le logement visant quant à elle à comptabiliser l’accession sociale à la propriété dans le quota de 20% de logements sociaux de la loi SRU, en prenant même en compte les bénéficiaires du PTZ+. (lire « Nouvelle attaque contre l’article 55 de la loi SRU« )

4 -De plus en plus de jeunes à la rue : La FNARS (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale) tire un « constat alarmant ». Dans son enquête sur les jeunes de 18 à 24 ans sans-abri, enquête portant sur 15 départements, elle montre « l’insuffisance de protection des jeunes sans-abri est loin d’être une exception francilienne. Le problème s’observe aussi bien en zone rurale qu’en zone urbaine« . En 2010, 20% des demandeurs d’hébergement sont des jeunes de cette classe d’âge. Soit 4.550 jeunes qui ont demandé un hébergement au 115 en 2010. Souvent des hommes (71%), célibataires (72%). 17% ont même la charge d’enfants. La rupture est le premier facteur de ces situations de détresse :  rupture familiale, départ du département ou pays d’origine. Si dans 85% des cas, la demande d’hébergement aboutit, des refus d’attribution d’hébergement sont signifiés essentiellement pour cause d’absence de places disponibles au moment de l’appel. Un tiers des demandeurs renonce à aller jusqu’au bout de la démarche. C’est beaucoup, c’est trop !

5 – La solidarité en faillite ? Dans un communiqué intitulé « Quand l’argent de la lutte contre la pauvreté part dans les caisses des banques », la Fnars (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale) s’indigne des retards de versement de l’Etat. Selon la fédération, « à la fin du mois de mai, une trentaine d’associations de solidarité auront versé 150.000 euros d’agios à leur banque ». Encore la Fnars ne raisonne-t-elle que sur un petit échantillon de structures. L’Etat a plusieurs mois de retard dans ses versements à ces associations, qui gèrent notamment les CHRS (centres d’hébergement). Certaines structures n’ont ainsi perçu aucun versement depuis cinq mois et envisagent désormais des licenciements.

Et l’on pourrait multiplier encore les exemples. La circulaire du 29 avril relative aux orientations de l’exercice 2011 pour la campagne budgétaire des établissements et services médico sociaux accueillant des personnes handicapées et des personnes âgées étrangle les EHPAD (maisons de retraite et autres). L’accès à l’aide médicale de l’Etat (AME) a été sévèrement restreint, etc.

Aussi me vient cette question. Alors que les grandes fortunes s’accroissent, qu’elles sont de plus en plus exonérées d’impôts, alors que le bilan social est catastrophique, est-il bien judicieux de mettre le focus sur les misérables aides sociales ? Ah ! oui, j’oubliais, le populisme, les boucs-émissaires…

 

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Water(bor)loo

La vision personnelle de Borloo de sa propre carrière lui fit prendre une posture de candidat aux Présidentielles pour garantir ses chances d’être le premier ministre  de Sarkozy en 2012. En effet, depuis que le poste lui a été refusé par son seigneur et maître au profit de l’indéboulonnable François Fillon, il boude son ami Nicolas. Enfin, un petit peu…

La cause, la vision et les valeurs de Jean-Louis Borloo sont mal connues et très floues. Rappelons, par exemple, qu’il fut l’avocat de son ami Bernard Tapie et que son bras droit est l’avocat qui défend les intérêts des foreurs du gaz de schiste. Sous la pression amicale de ce lobby destructeur, Borloo ministre de l’écologie avait donné toutes les autorisations pour forer et donc pour provoquer comme dans le nord de l’Angleterre des tremblements terre. Ah ! Quand on aime, on ne compte pas  les prochaines victimes potentielles. On compte seulement les bénéfices et les retours d’ascenseur…

Alors oui, Borloo a fait le Grenelle de l’environnement. Mais le mot grenelle que signifie-t-il ici ? A t-t-il du sens ? Historiquement, il désigne des accords concédés par le pouvoir gaulliste  sous la forte demande du peuple. Ici, ce n’est pas un grenelle mais un machin démagogique de communicants imposé d’en-haut de la pyramide. Pyramide qui a accouché d’une souris.

Où va Borloo avec son parti radical financé par l’UMP ? Quel projet de société défend-il en-dehors de celui de Sarkozy dont  il a voté toutes les réformes ? Ce personnage me fait penser au film « La gueule de l’autre » avec Michel Serrault où un parti fantoche scande des slogans du genre « l’avenir est pour demain », « la France avec un grand F » et qui se positionne radicalement à l’aile droite du centre-gauche et à la gauche du centre-droit. Vous comprenez ? Rassurez-vous, moi non plus. Borloo est capable de concilier l’inconciliable dans une même phrase. L’incohérence de ses positions, comme on l’a vu pour le gaz de schiste, en fait un tenant du « ni pour ni contre bien au contraire !  » de Coluche. Un homme dont la décision finale dépend du dernier conseiller qui sort de son bureau.

Bon sinon, il a l’air sympa…

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Moment de légèreté

Devinette : Pourquoi Béatrice Schönberg boit-elle du vin ?

Réponse : Parce qu’elle abhorre l’eau.

 

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La révolution du bon ordre

Pour moi, le rôle du MoDem est d’initier une révolution mais une révolution du bon ordre. Qu’est-ce que j’entends pas là ?

Une révolution du bon ordre est le contraire de la révolution du désordre voulue par l’extrême-gauche et Jean-Luc Mélenchon. Ce n’est donc pas une chasse aux sorcières ni aux riches (pour les saigner et les pousser à fuir le pays). Ce n’est une guerre contre aucune classe de la population. Il n’y a pas d’esprit de revanche ni de Grand soir.

Une révolution du bon ordre n’est pas non plus dans la continuité de la théorie de l’ordre  juste de la candidate Ségolène Royal en 2007. Cette notion d’ordre juste repose trop sur la vache à lait du contribuable pour financer pléthore d’augmentations sociales (SMIC, allocation de rentrée scolaire…) et créer des emplois de fonctionnaires ou assimilés (emplois jeunes…). La révolution du bon ordre n’est pas du clientélisme social, n’est pas idéologique, n’a pas de contenu moralisateur. Il s’agit de remettre bon ordre dans les comptes publics (dettes, imposition proportionnelle aux revenus, quels qu’ils soient) et en même temps de remettre en bon ordre de fonctionnement les secteurs-clés, essentiels comme : l’éducation, la justice, la formation, la police dans tous les endroits de la République…

Une révolution du bon ordre est une évolution de bon sens. Le bon sens étant prioritairement de coller à la réalité d’aujourd’hui qui a évolué : une démocratie plus participative, plus directe. Bref, rien à voir avec l’UMP qui fonctionne en pyramide et ne laisse pas de place à la respiration démocratique. Ni aux élus du peuple, ni aux citoyens. Prise en compte du phénomène Internet et des blogs. Prise en compte des enjeux révélés par ces dernières années comme l’exigence écologique ou ravivés par l’actualité récente comme le respect du droit des femmes. Mais aussi des Droits de l’Homme de façon générale (référence ici par exemple aux conditions de traitement des immigrés clandestins). L’exigence écologique ne peut aller jusqu’à l’idée de décroissance, idée dangereuse qui, si elle était appliquée, appauvrirait notre pays et créerait du chômage. On n’a pas besoin de cela en ce moment. Ce serait reproduire une erreur commise par les socialistes dans les années 80 : ils avaient lancé un plan keynésien de relance de l’économie par la consommation mais cette relance fut seulement hexagonale et non concertée sur le  plan européen ou mondial. Résultat : un échec qu’il a fallu payer cher ensuite par des années d’austérité.

Enfin, une révolution du bon ordre consiste à mieux garantir le maintien de l’ordre public et à faire face aux crises avec intelligence. Ce qui n’est pas le cas du gouvernement actuel qui se montre trop souvent incapable de régler les difficultés de façon ordonnée et cohérente. Dernier exemple en date : l’affaire des radars. Mais on peut remonter aux problèmes d’inondation du Sud-Ouest, de la neige, ou de la pénurie d’essence suite aux mouvements de grève. L’attitude du pouvoir ayant consisté à ne rien faire, à nier les problèmes des Français, puis à agir dans la précipitation et à prendre des mesures rapides mais décalées voire inefficaces (exemple : la prime imposée de 1000 euros). Et que dire de la campagne de vaccination contre la grippe H1N1, la révolution arabe non anticipée et non gérée ? Gouverner, c’est prévoir, anticiper, accompagner, informer, réfléchir de façon concertée. Bref, c’est une révolution du bon ordre dans l’art de la gouvernance.

 

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