Savoir reverdir

Nous avons répandu des hirondelles sur vos plaines.
Des bateaux sur les prolongements de vos mers.
Nous nous aimons en boucle à l’ombre des baisers,
à l’ombre des bateaux.
Nous nous aimons assez pour grandir au fil des jours.

Sans doute sommes-nous transportés d’étincelants désastres.
Mais nous n’appartenons pas à ces hommes modernes aux argileuses ramures.
Ils ne savent pas jouxter les étoiles ; ils ne savent pas reverdir.

Paul Cosquer 5 avril 2012

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Homme de rien

Homme de rien, homme d’éphémère, tu as perdu toute romance.
Tu t’en vas loin dans le silence, si loin de la confiance.
Je me souviens des jours bercés par la mélancolie de tes rêves taris.

Nous ne sommes plus la flamme que nous avons été.
A tes côtés j’avais aimé jaillir.
Et, par un exceptionnel Jour de Vie, j’ai respiré l’étincelle de ta présence.

Donne-moi seulement un peu de ton être à son commencement.
Lumineux, je reviendrai dans mon existence comme à ma première naissance.

Vis tout de suite,
Vis maintenant !
Vois avec tes oreilles !
Ecoute avec tes yeux !

Il n’y a pas de prix pour le soleil.
Il n’y a pas de prix pour être heureux.

Paul Cosquer 5 avril 2012

 

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Eliane (chanson en vidéo)

Voici une nouvelle chanson écrite en collaboration avec Stéphane Bersier. J’en ai fait le texte. Stéphane l’ a mise en vidéo. Vous verrez, c’est sympa…

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Le poète azuré

La poésie provoque l’immédiateté. L’immédiateté d’un départ de sons. Une charge de couleurs et de mondes en déchaînement.

On érige des temples jamais aux bons endroits, jamais aux vraies choses.

L’océan de la poésie s’écarte délibérément des continents du langage quotidien. La poésie vient en lécher les bords. La Poésie est un océan dont les rochers ne sont pas contaminés par la réalité.

On y voit mourir des violettes incomparables. On y voit le langage changer de finitude, hanter les eaux, les berges, les auberges pour y tresser les beaux flambeaux du soir.

Le poète est une sorte de prêtre aux lèvres de vent. Il tresse des rayons sous des dômes étranges. Le ciel y est si clair qu’on y voit l’infini.

La réalité trop clôturée, fermée aux signes. Le poète au regard azuré ignore ces sévères beautés. Dans son manteau d’étoiles, il sait lire les nuages, le feuilleton du ciel.

Paul Cosquer 22 mars 2012

 

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Un jour d’été

Un jour d’été, le soleil fait son nid en toi.
Le piano dans le ciel joue de tous ses oiseaux.
Dans les granges gorgées d‘aube
Le sang tant rêvé des épousailles.

Tout poète a l’avancée de l’élan qu’il se crée. Clochard de l’extrême. Atteint d’un mal d’oiseau dont on bénit les fientes. Aux quatre vents de l’Ailleurs, il est un voleur de fruits cueillis aux frontières de l’Illimité. Puisque le seul devoir du poète est d’user de son pouvoir d’aller au plus loin possible.

Et chaque jour dans son pays, et comme un front qui resplendit, un enfant naît.

J’ai navigué trop grand. J’ai trop connu la promenade des mots sur le clavier du langage.

Toujours échevelé d’amour, un matin plein d’oiseaux me sortait par la bouche.
Aujourd’hui, les oiseaux sourds à mes enjambées se dispersent.
Les mots me remontent désespérément.

La déception du poète quand les mots ne font pas fondation, quand ils ne fécondent pas un monde nouveau. Quand les mots ne font pas humus.

Quand le poème refuse de porter la lumière et qu’il est à ce point inessentiel à la beauté.

Paul Cosquer 21 mars 2012

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L’oiseau amer au poitrail transpercé

Je crève au pays de mon inutile amour.

Depuis quand l’amour c’est trop ? Depuis quand c’est trop d’aimer ?

Je m’étais dit en la voyant : « c’est ici que mon cœur commence ». J’étais tout prêt de toucher l’Infini hors d’atteinte. Ma vie tout-à-coup était à la grandeur de cet émerveillement. Il n’était plus au monde pour moi que l’horizon de l’innocence. Je m’abreuvais à la seule source de son regard.

Mais le verbe aimer ne s’inscrit pas sur le visage du bourreau. Sa main retombe sans trembler et tranche tout espoir. Coupable de je ne sais quel crime. Le juge ne me le dira pas.

Voilà soudain qu’il n’est plus l’heure d’aimer. On me retire la goutte de vie qui savait seule m’abreuver.

Je souffre ! Je souffre ! Je souffre ! De cette brutalité, de cette dureté de pierre.

Mais sachez que la pierre n’atteindra pas la pierre. Je durerai.

Je durerai mais sans m’endurcir. Peut-être même j’irai cueillir dans la boue un peu d’or que j’irai porter à ses yeux sans printemps. Quand je lui aurai pardonné. D’ailleurs je lui pardonne déjà…

Je suis l’oiseau amer au poitrail transpercé. Je crève aujourd’hui au pays de mon inutile amour.

Dites, depuis quand l’amour c’est trop ? Depuis quand c’est trop d’aimer ?

Voris Bian 15 mars 2012

P.S : C’est l’histoire banale d’un homme qui s’est cru aimé. Qui s’est laissé prendre à des signes trompeurs. Et quand enfin, il parvient à rassembler son peu de courage pour déclarer sa flamme, la belle laisse tomber sèchement cette réponse : « je ne vous connais pas et ne veux en aucun cas vous connaître.  » Bref ! C’est l’histoire d’un idiot.

 

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L’amour cage

I

Quand il te cajole,
Il construit ta geôle.
Quand il te tient chaud,
Il fait ton cachot.

S’il dresse la table,
Il sort du fourreau
L’arme redoutable,
L’arme du bourreau.

S’il te fait du plat,
Pour goûter ses plats,
C’est qu’il t’empoisonne.
L’amour t’emprisonne

Au fond d’une cage.
Ou bien d’un corsage.
L’amour est ton maître.
Il veut te soumettre.

Refrain :

Quand l’amour vous ment,
Vient vous tourmenter,
Faites-en un roman.
A vot’tour mentez !

II

S’il t’invite au bal
si ton coeur s’emballe,
Il te fait tourner
Pour te retourner.

S’il te fait danser
Au pas cadencé,
C’est pour t’enjôler
C’est pour t’engeôler.

Il t’offre le thé,
L’hospitalité.
Il dresse la table,
En maître intraitable.

Quand tous ses violons
Jouent de leurs archets,
Ses plus beaux archers
Te mettent au violon.

Refrain :

Quand l’amour te prend
Pour aller danser,
Envoie-le valser
A ton tour, surprends !

Voris Bian 3 mars 2012

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Apollo git

I

Ce soir si la lune est sage
Nous tenterons l’alunissage.
Ce soir si nous alunissons,
Nous chanterons à l’unisson,

Nous les six hommes dans la cabine,
Notre hymne à la Colombine.
Qui certainement doit habiter
La Mer de la Tranquillité.

On coupa alors les turbines.
Pour y chercher son pied-à-terre.
Sous la fenêtre de Colombine.
On chanta « au clair de la terre ».

Refrain :

Sur la Mer de la Tranquillité,
Nous étions six Christophe Colomb
A vouloir jouer les colons
Pour relancer la fertilité.

Sur la Mer de la Tranquillité.
Nous étions six très beaux colons
Si fiers de leur virilité
Qu’ils manquèrent à toute civilité.

II

Sans doute que la Colombine
Voyant la mine du Pierrot,
Le trouverait par trop has been.
Face aux mines bronzées des héros.

Et alors devant nos trombines,
Elle tomberait en pâmoison.
Nous, très sûrs de notre combine,
Nous quittâmes nos combinaisons.

Alors qu’on bichait comme des paons,
Nos connaissances lacunaires
En matière de Pierrot lunaire,
Allaient tourner à nos dépens.

(refrain)

III

Il a fallu que l’on s’abrite
Des chutes de météorites
Jetées par l’amant scélérat.
Sous peine d’être faits comme des rats,

Nous dûmes filer ventre à terre
Chacun criant « on rentre à terre ! »
Nous courûmes vers la fusée
Dont l’accès nous fut refusé.

Et c’est depuis qu’Apollo git,
Qu’on n’en fait plus l’apologie.
De ces choses amères riront
Les gens quand nous amerrirons…

Voris Bian 27 février 2012

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Entre Doisnel et Doisneau

I

Le matin je fais d’la photo
Avec mon ami, mon poteau.
Et le soir je vais au ciné
Avec ma femme, ma dulcinée.

Le matin pour faire des photos,
J’ai les yeux d’un halluciné.
Le soir devant le grand écran,
Après dix cafés j’suis à cran.

Refrain :

Je passe de Doisnel à Doisneau.
Aussi légèrement qu’un moineau,
Je volète de Cartier-Bresson
A Truffaut ou Robert Bresson.

Le petit oiseau va sortir.
Peut-être mais il lui faut choisir.
Il faut que le petit moineau
Choisisse entre Doisnel et Doisneau.

II

Le matin on prend des clichés.
Si on veut capter la lumière.
C’est comme ça, on peut pas tricher.
Mais le soir, chez les Frères Lumière,

Je m’assoupis dans mon fauteuil.
En regardant Daniel Auteuil.
J’te dis pas comme est ma bobine
Même devant Batman & Robin,

(refrain)

III

Le matin dans la chambre noire,
Le soir dans les salles obscures,
Mes yeux gagnés par le sommeil
Ne supportent plus le soleil.

Laisse tomber Robert Doisneau
Me dit ma jolie demoiselle
Laisse tomber Antoine Doisnel,
Me dit mon tendre damoiseau

(refrain)

Voris Bian 24 février 2012

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Les sirènes du Mississippi

Toujours inspiré par Truffaut…

Que l’on vive dans les vicissitudes
Ou vissé à ses certitudes
A son messie, à ses études,
On tombe un jour de lassitude.

Qu’on vive dans la nécessité,
Ou tout en-haut de la cité,
Accroché à sa cécité,
On tombe un jour d’la société.

Et l’on entend se dissiper
Les sirènes du Mississippi.

Que l’on soit au Mississippi.
Mister ou bien misses hippie,
Bien retranché dans son tipie,
On va tous tomber en charpies.

Que l’on soit un nécessiteux
Miteux ou un brin vaniteux,
On est peu d’chose, on est si peu
Qu’un jour on retombe piteux.

Et l’on entend se dissiper
Les sirènes du Mississippi.

Peu importent nos turpitudes,
Nos angoisses nos habitudes,
Quelles que soient nos latitudes,
On compte sur la mansuétude…

Et l’on entend se dissiper
Les sirènes du Mississippi.

Voris Bian 23 février 2012

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