La réforme de la justice des mineurs

Le projet de loi sur la « participation des citoyens au fonctionnement de la justice pénale et le jugement des mineurs » est entré dans sa phase de discussion par les députés ce mardi. C’est une réforme bâclée à la hâte et un peu fourre-tout. Elle est assez critiquée de toutes parts. Nous examinerons ici la partie touchant à la justice des mineurs.

La méthode employée par l’UMP est contestable. Elle repose sur une vision faussée des statistiques nationales. Par ailleurs, l’UMP use ici encore e procédés qui ont déjà montré leurs limites : l’accélération de la procédure judiciaire comme moyen de répression accrue. La précipitation n’est jamais une bonne façon de rendre la justice. On se souvient de la petite phrase de Ségolène Royal exprimant son admiration pour la rapidité de la justice chinoise…

1 – Une vision faussée des statistiques nationales

Le rapporteur sénatorial, M. Lecerf, reconnaît que si la délinquance des moins de 18 ans a augmenté de 2002 à 2009 (+19%), elle a moins cru que celle des adultes (+32%). Il relève aussi l’efficacité relative de la justice : à 70 % les jeunes pris en charge par le parquet ne réitèrent pas dans l’année qui suit. Dans 87% des cas les jeunes délinquants suivis par un juge des enfants ne le sont plus devenus majeurs. Mais l’UMP a choisi de manipuler l’opinion en lui faisant croire à l’augmentation spectaculaire. Or, l’accroissement de la délinquance de mineurs s’étale sur 30 ans.

En revanche, il est exact que cette délinquance des mineurs est plus violente que par le passé. Et elle se concentre plus qu’autrefois en des lieux bien précis où l’ordre républicain n’a plus cours. Une réaction de l’Etat s’imposait donc.

2 – Des délais raccourcis au détriment de la prévention

Il s’écoule ne moyenne 9 mois entre la requête pénale initiale et le jugement en cabinet par le juge des enfants ou les 17 mois pour un jugement par le tribunal pour enfants. Or, comme le dit juge des enfants Rosencveig,  ce délai n’est pas  du temps perdu. C’est au contraire du temps « mis à profit – souvent avec succès – pour réduire les causes de l’asocialisation du jeune« . « On confond sanction et réaction » ajoute-t-il, or « l’important n’est pas d’obtenir un jugement rapide mais une réaction judiciaire rapide« .

Le prix à payer pour ces délais courts, c’est un certain sacrifice de la prévention. Désormais la comparution d’un mineur devant le tribunal pour enfants – à l’initiative du parquet ou d’un officier de police- se fera dans un délai de dix jours à deux mois après le délit. On va se retrouver avec des comparutions immédiates de gamins de 13 ans !

3 – Des mesures sécuritaires populistes et peu efficaces

Depuis 2002, la procédure pénale ne connaît plus de répit. Elle est sans cesse remaniée avec les résultats nuls que l’on sait sur le plan judiciaire autant qu’électoral pour l’UMP.  La justice des mineurs en particulier devient une justice distributive où le jeune délinquant se voit appliquer une sanction sans examen attentif des problèmes qu’il rencontre. C’est le travail social qui est ici désavoué.

On crée une nouvelle juridiction : le tribunal correctionnel pour mineurs. Il aura à connaître des faits commis par les  mineurs récidivistes de plus de 16 ans, ce qui revient de facto à abaisser la majorité pénale. Et des délits passibles de plus de trois ans de prison. On complexifie, hélas, les règles sur le contrôle judiciaires. Ainsi se trouve aussi mis à l’écart le juge des enfants, même s’il peut être intégré à l’équipe.

On pourra placer un jeune de 13 ans en centre éducatif fermé (CEF) dès la première infraction.

Un appel des professionnels à contester cette réforme a été signé. Parmi les signatures ont trouve celle, bien entendu, de Jean-Pierre Rosenczveig (la bête noire de Sarkozy qui s’était demandé tout haut un jour comment le virer) mais aussi celles des deux anciennes défenseures des enfants, Claire Brisset et Dominique Versini.

Ce que dénoncent ces magistrats, avocats (CNB, ACE, SAF…) et organisations de protection de l’enfance, c’est un alignement progressif et dangereux de la justice pénale des mineurs sur celle des majeurs. Ils demandent « une véritable concertation soit menée avant de réformer les principes et la philosophie de l’Ordonnance de 1945« . Cette ordonnance fondatrice de la lutte contre la délinquance des mineurs fait prévaloir la prévention sur la répression.

Il est à craindre que l’on sacrifie avec cette réforme le travail social et qu’on s’illusionne sur la valeur d’exemple et la peur de la sanction chez des gamins qui se sentent dans la toute-puissance.

Une autre idée fait son chemin et paraît plus intéressante, c’est l’extension du TIG (travail d’intérêt général) aux mineurs d’au moins 16 ans. Il s’agirait aussi, dit le garde des Sceaux, de « diversifier les postes de TIG ». Ceci, pour pouvoir proposer des heures de TIG « en soirée, en fin de semaine, en secteur rural »… et dans des domaines plus étendus que les seuls travaux d’entretien ou de maintenance.

 

 

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Nicolas du Fouquet’s, le sourd entendant des finances

Nicolas du Fouquet’s
N’en faisait qu’à sa tête
Et avec ses seigneurs
Agissait en saigneur.

Disait qu’il entendait
Mais ne tenait pas compte.
Mais ce sourd s’entendait
A merveille dans les comptes.

Et avec les puissants
Dans son Vaux-le -Vicomte.
Fourbe et concupiscent,
Il racontait des contes

A son peuple dévot
Qu’il prenait pour des veaux.
Lui faisant des promesses,
Il lui disait la messe.

Ministre des finances,
Puis chef sur la police.
Avec grande malice,
Très tôt cette éminence

S’empara du royaume
Et avec quelques hommes
Prit l’entière possession
Des biens de la nation.

Il bâtit sa fortune,
Et sur notre infortune.
Accumula richesses
Avec sa duchesse.

Nicolas du Fouquet’s
Donna de grandes fêtes.
Et puis chemin faisant
Flattait les courtisans

Pour à Vaux-le -Vicomte
S’installer à son compte.
Et mener la dolce vita
Avec sa Carlita.

Nicolas du Fouquet’s
N’en faisait qu’à sa tête.
Aimait tout ce qui luit
Et ne pensait qu’à lui

Trompant le tout-Paris
Mais un jour tout à coup
Le peuple prit Paris
Et lui trancha le cou.

Voris Bian

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Débat : Est-ce que la politique rend con ? L’exemple du cannabis

Le débat a lieu sur Agoravox.

 

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Est-ce que la politique rend con ? L’exemple du cannabis.

Hier encore, les protagonistes de droite comme de gauche se passionnaient pour aider la jeunesse et les quartiers par des solutions économiques ou pour la politique de la ville et du logement? Et voilà qu’aujourd’hui, il n’existe plus qu’une alternative pour sauver les banlieues : soit l’envoi de l’armée soit la légalisation du cannabis. C’est à celui qui se montrera le plus audacieux et le plus novateur, à celui qui sera le plus légitime aussi pour imposer son point de vue à tous. « Moi, monsieur je suis maire d’une banlieue difficile », « moi monsieur je suis criminologue », etc.

Des experts naissent spontanément alors que la veille ils ne faisaient pas la distinction entre légalisation et dépénalisation et, fiers de leur toute nouvelle découverte, jouent les savants de longue date, assènent à tous les autres leur science récemment acquise. Des spécialistes jaillissent : Villepin, Vaillant, etc.

Quand j’entends les sommes de bêtises, de préjugés et d’exagérations, je ne me sens plus de complexe à donner moi aussi mon avis sur un sujet que je ne connais que de très loin.

– La dépénalisation ou  la légalisation ?

La dépénalisation consiste à faire sortir des actes d’un champ pénal donné. Par exemple, on va dire que la consommation du cannabis n’est plus un délit mais un acte passible d’une contravention ou décider que ce n’est plus un acte pénalement répréhensible du tout.

La légalisation va plus loin ; cela consiste à dire « moi, l’Etat, je deviens dealer ». Voilà, de mon point de vue , la différence que j’y vois. A mon sens (je ne suis pas un expert :-))), la légalisation est dangereuse parce qu’elle ne répondra pas à l’objectif de faire disparaître les trafics. Il faut faire tomber les dealers et pour cela réorganiser les moyens de façon efficace. Bref, on cesse d’envoyer des raids de 500 policiers pour s’emparer spectaculairement de quelques grammes de cannabis dans une cité devant les caméras de télévision. L’exemple du trafic de tabac le montre mais aussi l’exemple des pays étrangers. La légalisation, c’est le retour de la « naïveté » socialiste. La dépénalisation en revanche, faut voir…

– La dépénalisation  de quoi exactement ?

Monsieur Vaillant et Julien Gray veulent légaliser la consommation mais aussi le trafic de cannabis. Et donc le trafic de drogue tout court parce que les trafiquants ont tout un éventail d’activités. Mon avis de citoyen ordinaire m’inclinerait plutôt à dépénaliser uniquement l’acte de consommation du cannabis. Partiellement pour le rendre passible d’une contravention, voire complètement dans certains cas (prescription thérapeutique dans le cadre d’un suivi). Dépénaliser complètement la consommation me paraîtrait criminel et irresponsable. Lever l’interdit revient à donner un blanc-seing général pour des conduites à risques. Et que  dira-t-on alors pour l’interdiction de fumer du tabac ?

Ne pas dépénaliser le trafic de nouveaux types de cannabis, plus toxiques, cela permet de se garder le droit de poursuivre le trafic en général. Et c’est la sagesse.

De plus il me semble que par cette voie, certains essaient de trouver une sorte de remède trois-en-un : réduire la délinquance, calmer les quartiers et donner à l’Etat une source nouvelle  de revenus (taxes sur le cannabis légalisé) tout à la fois. Quelle ambition immense et soudaine ! Rappelons que l’idée part d’un constat d’impuissance et que cela devrait nous inciter à nous montrer humbles et prudents. Il me semble qu’à vouloir poursuivre trop d’objectifs par un seul moyen fausse le débat. La priorité n’est pas la recherche de recettes nouvelles pour le budget mais le retour à l’ordre public en dépénalisant mais sans tomber dans le laxisme généralisé.

En résumé : dépénaliser totalement ou partiellement l’usage mais pas le trafic.

– Vient le « comment » : Ici, je serai pour un esprit de méthode. A savoir

1 – A quel niveau ? national, européen, mondial ? On ne réglera pas la question sur le plan national : si on dépénalise dans l’Hexagone, on favorise la consommation intérieure mais aussi le tourisme de consommation de drogue. Il faut traiter la question sur le plan européen, ce qui permettra au passage de tirer profit de l’expérience de pays pionniers qui devraient communiquer leurs données en toute transparence.

2 – Il faudra y mettre les moyens : si on dépénalise pour alléger les tâches de la police et tailler aussitôt dans les effectifs, c’est en pure perte. Il faut affecter les moyens dégagés dans la lutte contre les trafiquants, dans la police de proximité, dans l’information et la prévention de santé publique.

3 – Il faut accompagner les jeunes des quartiers difficiles (*). Que faire des jeunes qui vont perdre leur gagne-pain de petits dealers du coin de la rue ? Si on ne fait rien, on va brusquement favoriser la violence ou leur reconversion sur des marchés plus juteux et plus dangereux. Il faut donc préparer des étapes préalables . Mais cela exige des moyens renforcés et notamment une politique de la ville plus ambitieuse et plus volontariste qu’aujourd’hui. Ainsi qu’une justice des mineurs efficace. Or, les professionnels du secteur se plaignent justement en ce moment de la politique de l’Etat avec la réforme sur la jeunesse délinquante et la faiblesse de leurs moyens.

(*) (je pars du principe que dans les quartiers chics, les jeunes s’en sortiront)

En résumé. Pour s’autoriser à penser la dépénalisation du cannabis, il faudrait déjà que la politique générale aille dans un sens favorable : insertion, formation, accès à l’emploi ou à d’autres formes d’activité (service civique, RSA…), renforcement de la prévention de la délinquance (et non restriction des moyens au profit de la seule répression comme le veut la réforme en cours), un nouveau sursaut de la politique de la ville. Les conditions ne me paraissent pas du tout réunies.

Voilà, ce n’était que mon point de vue.

PS : je corrigerai demain matin d’éventuelles boulettes dues à la fatigue de l’heure tardive

 

 

 

 

 

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Le coq en pâte et tics

Le coq se dresse sur ses ergots
Ergonomiques.

Il brille d’un éclat
Classique.

Montrant sur la place
Sa plastique.

Il chante et lui répond l’écho.
Comique.

Une poule qui l’épie
Epique.

Il la voit mais n’ose pas
Panique.

Il reste dans le champ, poli.
Phonique.

Pour pas jouer les héros
Erotiques.

Puis, il lui fait du plat.
Tonique.

Tout à coup, il se pique
Pique-nique.

De chanter très fort
Fornique.

Et l’amour il lui fit
Physique.

Depuis lors, il erra
Erratique.

On le vit trop errer
Hérétique.

Délaissant le cathé.
Catégorique.

Avec un fil en trop
Tropique.

Alors il prit une scie
Cynique.

Et ce nerf, il scia
Sciatique.

Disant « allez ! go ! »
Gothique

Disant « allez ! go ! »
Allégorique

Mais le fil est hélas
Elastique.

Alors dans l’atmosphère,
Sphérique

Il dit damned « je suis fait »
Féerique

Depuis il est un spout
Spoutnik.

Voris Bian 17 juin 2011

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Ma copine à bulles et La cinéphile

Ma copine à bulles

Ma copine est à tu et à toi
Avec le monde de la bédé
Avec tous ces gens qu’elle côtoie
J’ai plus qu’à devenir pédé.

Car depuis qu’elle adule Siné,
Je ne baise plus ma dulcinée.
Plus moyen d’avoir un plan cul
Tant elle idolatre Plantu.

Parfois quand elle me sourit,
Je le crois pas, faut qu’elle reluque
Les fesses du gros chat de Gelluck !
Je reconnais plus ma souris.

Quand je veux lui coincer la bulle,
Elle me parle à travers des bulles.
« Et toi, t’aime qui ? Pardi, Tardi ?
Moi ? Je fais d’la tachhycardie… »

Et quand j’essaie de la toper,
Elle m’répond pas onomatopées.
Parfois je me dis « mon gars,
T’as plus qu’à te mettre aux mangas ! »

Elle me traite de gros faisan
Parce je n’aime pas Jacques Faisant.
Elle me traite de Superdupont.
J’n’ai plus qu’à me jeter du pont.

Un jour je vais planter plantu
Et je vais calciner Siné.
Et j’ferai surveiller Hergé
Par un copain qu’est aux RG.

« En voilà encore un qu’a bu.
Il a assassiné Cabu.
Il est venu descendre Piem
Au festival d’Angoulême.

Je recruterai Lucky Luke
Pour abattre Philippe Gelluck.
Enfin, j’le vois mal mon avenir
Et tout cela va mal se finir.

Refrain :

Je me fiche bien d’Achille Talon
Moi, j’ai le sexe dans les talons.
Avant, elle lisait Pif gadget.
Au moins je faisais le gadget.

Mais depuis qu’elle plonge dans Tintin
Pour moi c’est toutes les nuits tintin.
Et pour l’amour elle s’inspire où ?
Tout bonnement dans les Spirou !

ou alors, refrain !

Cachez ces dessins que je ne saurai voir
J’ai les testicules qui tintinnabulent.
Dans mon bain à bulles, je me sens tout nul…
Ma douce, descends de ta tour d’ivoire.
Reviens donc me voir
Et à bas les bulles !

Voris Bian 17 juin 2011

La cinéphile

C’est une féministe,
Une déracinée
Du bassin parisien
Qui s’fait bassiner,
Qui roule du bassin.

C’est une féministe,
Qui va au ciné
Pour halluciner.
Rouler du bassin.
Revoir Jules Dassin.

C’est une féministe
Qui va au ciné
Où le machiniste
Fait que s’échiner
Sur du Téchiné.

Elle est vaccinée
Elle est majeure.
Elle lève son majeur
Aux réclames Jean Mineur.
Sans s’faire bassiner.

Car de son bassin,
Elle joue à dessein.
Et elle joue des seins.
J’vous fais un dessin
D’Cabu, de Siné ?

Elle va au ciné
Sur son trente-et-un
S’faire assassiner.
Car au vingt-et-un
Habite l’assassin.

Se faire machiner
Par le machiniste,
Caleçon calciné
D’amour fasciné
Pour la dulcinée.

C’est une féministe
Qui aime accorder
A l’accordéoniste
Les grâces de son derrière
Quand elle sort par derrière.

C’est une féministe,
Une déracinée
Du bassin parisien
Qui s’fait bassiner,
Qui roule du bassin.

Refrain : plus tard !

Voris Bian 17 juin 2011

 

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L’AME : l’UMP fait tout le contraire de ce qu’il faudrait faire

Dans mon article du 5 novembre 2010, j’alertais sur les risques importants de conditionner l’accès aux soins gratuits à un droit d’entrée pour l’aide médicale de l’Etat. J’insistais particulièrement sur le poids des dépenses hospitalières consécutives au phénomène de non recours à l’aide médicale, puisque faute de se soigner à temps, on finit par aller à l’hôpital et cela fait un ardoise importante pour le contribuable.

Je n’étais pas le seul à dénoncer cette supercherie populiste de l’UMP qui sous prétexte de désigner les étrangers et de faire des économies sur leur sort va en réalité faire flamber les dépenses. Ainsi, Jean-Luc Bennahmias, député européen et vice-président du Mouvement Démocrate, intervenait-il sur le site du Mouvement Démocrate le 14 décembre 2010.

« L’efficacité dans la réduction des déficits doit être conjuguée avec l’exigence de la justice sociale », déclarait Jean-Luc Bennahmias. Et cela vaut particulièrement en ce qui concerne l’aide médicale d’État. Vu l’état de nos déficits, il va falloir trouver de l’argent. Or dans cet exercice difficile mais obligé, l’efficacité doit être conjuguée avec l’exigence de la justice sociale. À s’attaquer inlassablement aux plus démunis d’entre nous, à savoir les personnes en attente de régularisation, une chose est certaine : Les marges dégagées seront minimes. Les miettes récupérées d’une main seront inévitablement redonnées de l’autre. In fine, il n’y aura aucun bénéfice net à pinailler sur quelques euros pour des personnes qui survivent dans une précarité indicible. Le sénat avait fait du bon travail. Là où il est si facile de tomber dans la démagogie et le populisme. Il faut y revenir ! Disons le avec franchise, des efforts budgétaires, il va falloir en faire ! Tous et sur la durée, mais les marges de manœuvre, les grands enjeux, les vrais enjeux ne se trouvent pas dans les fonds de poche de celles et ceux qui sont le plus en difficulté. Un rapport parlementaire vient nous donner raison.

Le principe de l’aide médicale d’Etat (AME) doit être préservé.

Rappelons que l’AME s’adresse particulièrement aux étrangers en situation irrégulière disposant de moins de 634 euros par mois et étant sur le territoire depuis au moins 3 mois de se faire soigner gratuitement. Enfin, théoriquement.

Deux rapporteurs, l’un du PS (Christophe Sirugue, député de Saône-et-Loire), l’autre de l’UMP (Claude Goasguen, député  de Paris), bien que mus par des motivations différentes, parviennent à la même conclusion : le principe de l’aide médicale d’Etat (AME) doit être préservé. Les deux parlementaires étaient chargés par le comité d’évaluation et de contrôle des politiques publiques de l’Assemblée nationale d’une étude sur l’AME. Ils ont publié leur rapport publié le jeudi 9 juin.

Messieurs Goasguen et Sirugue écrivent ceci : « Des considérations humanitaires comme des impératifs de politique de santé publique imposent le maintien de l’accès aux soins à ces personnes. Les coûts correspondants ne suffisent pas à motiver sa suppression ».

Où est la prétendue fraude ?

Les deux députés démontrent que « les facteurs décisifs de la hausse des dépenses ne semblent imputables ni à une hausse du nombre d’ayants droit par ouvrant droit, ni à une forte croissance de la consommation moyenne, ni à la fraude. » Selon la Caisse nationale d’assurance-maladie, le taux de fraude à l’AME est marginal : 33 dossiers en 2008, 24 en 2009, 20 dossiers sur les trois premiers trimestres 2010. Le taux de fraude reste très limité à 0,3 %.

Le danger n’est pas la fraude mais bien le non recours à ce régime.

Par conséquent, il faut mettre le paquet sur la prévention et faciliter l’accès à l’AME et non l’inverse : restreindre encore davantage l’accès comme cela a été décidé au moment du vote de la loi de finances de la Sécurité sociale en décembre.

En matière de prévention, les deux députés expriment une idée intéressante: la mise en place obligatoire d’une visite médicale au moment de l’entrée dans l’AME. « Cela permettra d’anticiper les problèmes bucco-dentaires ou de vue, par exemple, ainsi que toute pathologie grave, dans le bien du patient, mais aussi pour éviter prise en charge à l’hôpital, plus coûteuse », commente Christophe Sirugue.

Il faut surveiller de très près les dépenses hospitalières : Les prévenir au maximum par de moyens de prévention mais aussi stopper l’évolution du coût du dispositif de l’accès aux soins destiné aux sans-papiers. Ce coût s’envole du fait des fortes tarifications hospitalières. Les factures hospitalières ont explosé, alors qu’elles représentent les trois quarts des dépenses de l’AME. Les députés, pour répondre au problème, proposent d’adopter progressivement une tarification de droit commun.

Les deux députés divergent sur un point, celui du droit d’entrée à 30 €. Claude Goasguen estime qu’il s’agit d’une participation « symbolique » légitime. Le député socialiste, lui, craint une chute du recours au dispositif, qui cible les personnes dont les revenus sont déjà inférieurs à 634 €. Mais la mise en œuvre de cette économie de chandelle peut s’avérer coûteuse en réalité. Outre les frais bureaucratiques liés aux recouvrements des recettes, la non prise en charge en amont de patients peut entraîner un effet multiplicateur des dépenses (hospitalisations).

L’AME joue un rôle important de santé publique pour éviter la propagation des maladies contagieuses. Réduire l’accès à l’AME revient à accentuer ces risques. D’autant plus que la politique du gouvernement les a déjà aggravés en rejetant dans la clandestinité nombre de demandeurs d’asile et en inquiétant les sans-papiers dont certains n’osent plus se rendre chez le médecin.

Il est temps de dire ce que nous voulons : du défoulement démagogique et populiste ou une maîtrise de nos dépenses de soins ?

 

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Boîte à musique

Toutes ces mini compositions, ces « petites choses », sont de Voris Bian. C’est la récolte de mai. Enfin un bout…Il y a aussi des dizaines de chansons. Quelques-unes seront interprétées très bientôt par mon complice Stéphane Bersier (album en cours d’achèvement).

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Vers une deuxième journée de solidarité ?

Depuis 2004, une journée de solidarité permet d’abonder le budget de personnes âgées de plusieurs milliards (2,4 milliards cette année). Le chantier sur la dépendance conduit aujourd’hui  à se demander s’il ne faudrait pas créer une deuxième journée de solidarité.

Qui souhaite une deuxième journée de solidarité ?

Jean-Pierre Raffarin d’abord, bien entendu, puisqu’il est l’initiateur de 1ère journée de solidarité.

La secrétaire d’Etat Marie-Anne Montchamp ensuite.

Qui ne veut pas d’une deuxième journée de solidarité ?

Entre autres, le Conseil économique social et environnemental (CESE) qui est l’auteur du rapport demandé par le Premier ministre. Le CESE était en effet chargé, sous  la présidence de Jean-Paul Delevoye, de préparer un rapport sur le sujet : avis sur les principaux enjeux et sur les différentes évolutions envisageables, sur la répartition du financement des dépenses, sur le coût des mesures et les modalités de financement préconisées.

Le CESE est pour le recours principal à la solidarité nationale mais contre une seconde journée car la journée existante ne repose pas sur une véritable solidarité (son mécanisme ignore une partie des revenus). C’est une position que je peux comprendre : comment prétendre créer une seconde journée de solidarité alors que la première journée n’est pas une vraie journée de solidarité (elles ne touchent pas tous les actifs mais seulement les salariés. Certains sont exemptés de contribution ou contribuent moins que d’autres à proportion de leurs revenus) ?

Quels sont les autres scénarios de financement envisagés ?

1 – Le financement sur les successions.

L’aide sociale, comme le minimum vieillesse se servent sur la succession du bénéficiaire après son décès, dans la limite des conditions légales. Traditionnellement, l’aide sociale est en effet considérée comme une avance et donc récupérable en cas de « retour à meilleure fortune » ou sur la succession, voire même sur les donataires. La récupération sur l’actif net successoral dans la limite du seuil légal fixé est une recette non négligeable pour les organismes d’aide mais elle présente l’inconvénient de décourager des  personnes de demander l’aide. Elle pénalise aussi les héritiers qui ne sont pas forcément riches.

La mission sénatoriale s’était prononcée pour une solution innovante : une « prise sur gage » optionnelle de 20.000 euros maximum sur une fraction du patrimoine dépassant 150.000 ou 200.000 euros.

Le recours sur la succession des bénéficiaires et la prise sur gage semblent aujourd’hui écartés au profit d’une taxe sur l’ensemble des mutations à titre gratuit, à savoir sur les successions et donations, hors transmission d’outil professionnel. Cette taxe permettrait de récupérer 1,5 milliard d’euros avec un taux fixé à 1 %.

2 – Augmenter la CSG ?

Le CESE propose d’aligner le taux plein de la CSG sur les pensions de retraite (6,6 %) sur celui des salaires des actifs (7,5 %), « cette solution pouvant être envisagée au-dessus d’un certain seuil de revenus« , pour éviter de peser trop lourdement sur les petites pensions. Elle permettrait d’engranger 1,7 millliard d’euros.

François Fillon a déclaré  mardi 14 juin à Marseille, en ouverture d’un débat sur la dépendance, que toutes les pistes évoquées restaient sur la table, à l’exception notable d’une « augmentation générale de la CSG« . « Je veux dire très solennellement (…) qu’une hausse généralisée des prélèvements obligatoires serait préjudiciable à notre économie et n’est pas souhaitable« . « Il faut donc exclure toute augmentation générale de la CSG parce que ce serait une solution de facilité dont les conséquences pèseraient lourdement sur l’emploi et l’activité« . Ce rejet d’une « augmentation générale » de la CSG (sous-entendu du taux de prélèvement) ne dit rien sur les intentions du premier ministre concernant l’assiette d’imposition et cela laisse entendre qu’il adhère à la proposition du CESE. Les petites pensions seront-elles exemptées d’augmentation de taux comme le suggère le CESE ?

3 – Le recours à l’assurance  privée complémentaire et facultative

La solution du financement par l’assurance était exclue au départ quand Sarkozy parlait de financement public sous la forme d’un « cinquième risque » de la Sécurité sociale. La position du chef de l’Etat a évolué en raison de la prise de conscience du coût important pour la collectivité.

Prenant le contre-pied de la députée Valérie Rosso-Debord, la mission sénatoriale écartait en janvier la mise en place d’une assurance obligatoire. La mission plaida pour le développement de l’assurance dépendance mais sur la base du volontariat et marque son penchant en faveur de l’inclusion automatique d’une couverture dépendance aux contrats de complémentaire santé/prévoyance souscrits sur la base d’une adhésion individuelle.

Le chef du gouvernement se rallie au consensus « possible sur le renforcement de la prévoyance« . Mais de « nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer le caractère contraignant, complexe, voire injuste d’une formule d’assurance obligatoire« , a relevé le Premier ministre. « Cette formule ne sera pas retenue, car c’est à partir de notre socle de solidarité que nous allons progresser. L’assurance restera donc complémentaire et facultative« , a-t-il promis.

C’est aussi l’avis du CESE qui constate : « En complément du socle de solidarité nationale, l’intervention d’organismes complémentaires est une réalité depuis un certain nombre d’années« . Le CESE préconise donc le recours à l’assurance mais avec un cadre réglementaire : création d’un label public accordé aux contrats respectant un cahier des charges, un référentiel commun opposable au public comme au privé « afin d’évaluer le degré de perte d’autonomie« , une aide publique à la souscription devant enfin être prévue pour permettre aux revenus modestes d’accéder à une couverture complémentaire un peu comme l’aide au financement privé d’une mutuelle.

En conclusion

Plus personne n’envisage la TVA sociale, et l’augmentation des cotisations vieillesse dans la foulée de la réforme de la retraite et à l’approche de présidentielle semble hautement improbable. A noter que le CESE s’inquiète aussi de voir réduire le reste à charge des personnes âgées en établissements et qu’il voudrait relever le plan d’aide qui est souvent insuffisant pour couvrir les besoins (Une étude de la Drees sur les montants des plans d’aide accordés aux bénéficiaires de l’APA à domicile montre que dans 26% des cas, l’aide suffit tout juste ou ne suffit pas à couvrir les besoins). Le CESE préconise enfin de garder les personnes dépendantes classées dans les groupes GIR 5 et GIR 6 dans le giron de la Sécurité sociale et de renforcer la formation dans la filière des métiers de l’aide à domicile aux personnes.

Rappelons aussi que les départements – principaux acteurs concernés – réclament à cor et à cri de revenir à une parité de financement de l’APA entre Etat et conseils généraux ainsi que de la nécessité de revoir les critères de péréquation de l’enveloppe APA.

Site officiel du chantier de la dépendance : http://www.dependance.gouv.fr/

 

 

 

 

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C’est fort de s’appeler Nicéphore

I

Gagner la Paris-Nice, c’est fort
Marier  Carla Bruni, c’est fort
Remporter le panier garni, c’est fort.
Mais jamais ce sera aussi fort
Que de s’appeler Nicéphore.

Nicéphore n’est pas Poulidor.
Ni président ni prince d’Andorre.
Il a pas d’or ni de coffre-fort.
Mais son fils s’appelle Isidore.

II

Faire chanter dans la bouche d’Annie, c’est fort,
« Les sucettes à l’anis », c’est fort
Sans qu’la censure punisse, c’est fort.
Mais que cette resucée finisse ! C’est fort
Aussi de s’appeler Nicéphore.

Nicéphore n’est pas Polidor.
Il n’a pas fait de disque d’or.
Mais il aime Agnès au coeur d’or
Et son fils s’appelle Isidore.

III

Chanter que l’avanie, c’est fort,
Et la framboise sont les mamelles
Du Destin ! » alors là c’est fort.
Mais vous m’direz de quoi j’me mêle :
C’est mieux de s’appeler Nicéphore.

Nicéphore n’est pas un cador
Mais qu’il ait raison ou bien tort,
Les calembours il les adore.
Car ils font marrer Isidore.

IV

De Funès dans la Zizanie c’est fort
Jouer comme jouait Annie c’est fort.
Tourner dans « Marius et Fanny » c’est fort,
Plaisanter à son agonie, c’est fort.
Mais y’a plus drôle : c’est Nicéphore.

Nicéphore n’a pas de Sept d’or
Ni de César ni de Lion d’or.
Mais quand il crie « au lit, on dort ! »
ça fait rire son fils Isidore.

V

Jouer les petits Khomeiny – c’est fort –
Et répandre la tyrannie, c’est fort.
Qui n’aime pas dieu est banni. C’est fort.
Tu assasines et t’es béni. C’est fort.

Nicéphore n’est pas un mentor.
Il aime pas les imperators.
Aux évangiles et au Veau d’or,
Il préfère le bouton d’or.

VI

Tu fais une jaunisse, c’est fort.
Quand tu perds au tennis, c’est fort.
Une mère qui te punit, c’est fort.
Un père qui te renie, c’est fort.

Nicéphore, il ne crie pas fort.
Il construit de beaux châteaux forts,
Il joue à la course au trésor
Avec son bonhomme Isidore.

VI

Zeus qui change Io en génisse est fort.
Qui partage l’amour d’Adonis est fort.
Ici nul ne le nie, c’est fort.
Que Zeus avait quelques manies, c’est fort.

Nicéphore un jour sera mort.
Car il est mortel, et alors ?
Mais lui son dieu c’est Isidore,
C’est son prince, son dieu, son trésor.

Librement inspiré de la vie de Nicéphore Niepce qui avait épousé Agnès avec laquelle il eut un fils : Isidore.

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