Ils prétendent avoir réformé l’AAH

Le gouvernement a soi-disant réformé l’allocation aux adultes handicapés (AAH). En fait, non !

Un décret a bien été publié au Journal officiel du 18 août. Mais il a été amputé des dispositions initiales qui conduisaient à un renforcement du pouvoir décisionnaire de l’État pour l’attribution de l’AAH. Autrement dit, le gouvernement voulait y faire siéger ses copains pour faire des coupes claires dans les allocations attribuées. Les associations s’y sont opposées pour des raisons évidentes de neutralité des décisions. En 2005, le gouvernement avait pris une mesure d’une rare imbécilité qui témoignait de sa méconnaissance totale de la politique sociale en faveur des handicapés. Il avait voulu interdire l’accès à l’AAH aux handicapés qui avaient travaillé dans l’année précédant la date de leur demande (loi du 11 février 2005). Cette condition aberrante a été supprimée par l’article 182 de la loi de finances pour 2009 du 27 décembre 2008. Cette condition supplémentaire aurait pénalisé les intéressés et se serait avéré inapplicable. Maintenant que reste-t-il de la réforme ?

La seule nouveauté tient dans la durée d’attribution de l’AAH, qui sera à l’avenir différente pour les deux cas d’attribution :

– taux d’incapacité permanente (IP) d’au moins 80 % : la prestation pourra, comme actuellement, être accordée pour une période d’au moins un an et au plus égale à 5 ans.
– taux d’IP au moins égal à 50 % mais inférieur à 80 % : la période d’attribution sera à l’avenir limitée à une ou deux années au mieux.

Dans ce second cas, le demandeur doit en outre justifier de la fameuse RSDAE (« restriction substantielle et durable pour l’accès à l’emploi ») reconnue par la commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH).

La notion de « restriction substantielle et durable pour l’accès à l’emploi » a été introduite par la loi de finances pour 2007 en remplacement de celle « d’impossibilité de se procurer un emploi ».

– le caractère « substantiel » de la restriction d’accès à l’emploi se définit par deux critères : le demandeur à l’AAH rencontre des « difficultés importantes » d’accès à l’emploi liées exclusivement à son handicap même. Ces difficultés ne peuvent être compensées. A l’inverse, ces restrictions ne seront pas considérées comme substantielles si elles peuvent être surmontées par différents dispositifs : compensation du handicap (notamment la PCH), aménagement du poste de travail, ou « potentialités d’adaptation dans le cadre d’une situation de travail ».

– Le caractère « durable » de la restriction est quant à lui conditionné à des effets prévisibles du handicap pendant au moins un an à compter du dépôt de la demande d’AAH.

Le gouvernement a donc réduit la durée d’attribution de l’AAH pour les handicapés ayant une incapacité permanente inférieurs à 80 %. Cela dit, il est peu probable que les commissions aient le temps de procéder à autant de révisions des situations. Elle croulent déjà sous les dossiers. Il y aura donc des décisions à durée maximales (2 ans) avec des renouvellements automatiques sur listes, sans examen au cas par cas. La réforme s’avère intéressante sur le fond mais risque de ne produire que peu d’effets en réalité.

 

 

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Le principe d’accessibilité des handicapés encore attaqué !

Roselyne Bachelot a passé une heure lundi sur l’étroite plage d’Antibes aménagée pour les personnes souffrant de handicaps. Elle a jugé « la réalisation extraordinaire« . A cette occasion, elle a affirmé que « l’échéance de 2015 d’accessibilité pour tous des lieux publics n’est pas négociable » (source : Nouvel Obs). Or, ce n’est pas ce que l’on constate quand on voit les nombreuses tentatives du gouvernement de remettre en cause le principe d’accessibilité.

La loi handicap de 2005 a rendu obligatoire la mise en accessibilité (notamment avec des rampes d’accès) de pratiquement tous les bâtiments recevant du public, en 2015 dernier délai.

La tentative semi-avortée de la loi Blanc de réduire la portée du principe d’accessibilité

La loi Blanc relative aux MDPH (maisons départementales du handicap) et à la politique du handicap validée a été publiée au Journal officiel du 30 juillet.

Le Conseil constitutionnel a censuré l’article 19 qui assouplissait l’obligation de mise en accessibilité du bâti neuf. Le Conseil constitutionnel reproche au législateur de ne pas avoir « précisément défini l’objet des règles qui doivent être prises par le pouvoir réglementaire pour assurer l’accessibilité aux bâtiments et parties de bâtiments nouveaux« .

Mais l’article 20 portant sur l’accessibilité des logements « destinés à l’occupation temporaire ou saisonnière dont la gestion et l’entretien sont organisés et assurés de façon permanente » est validé par le juge constitutionnel. C’est une brèche….

Un nouveau rapport veut encore remettre en cause l’accessibilité

« Il n’y aura pas de dérogations« , a affirmé la ministre, alors que l’Association des paralysés de France (APF) s’inquiète d’une future proposition de loi qui pourrait instaurer des dérogations à l’obligation légale de rendre accessibles tous les bâtiments publics. Mais alors que Madame Bachelot se veut rassurante, le rapport Doligé relatif à « la simplification des normes applicables aux collectivités territoriales » pourrait donner lieu à un projet de loi avant la fin de l’année. Or, ce rapport propose notamment de changer d’approche : à une définition réglementaire de l’accessibilité pourrait se substituer une définition fonctionnelle et donc plus pragmatique. Selon le rapport, « la personne handicapée doit pouvoir accéder à toutes les fonctions du bâtiment » et non pouvoir « l’occuper exactement comme un valide« . En pratique, cela signifie que l’on pourrait par exemple installer au rez-de-chaussée de la mairie un accueil polyvalent permettant de répondre à toutes les demandes et démarches des personnes handicapées. Cette solution ne répondrait pas aux conditions à remplir pour permettre aux travailleurs handicapés d’accéder à un emploi au sein de la mairie.

Malgré les censures du Conseil constitutionnel et du Conseil d’Etat, le gouvernement s’acharne à vouloir déroger au principe d’accessibilité. La brèche ouverte par la récente décision du Conseil constitutionnel, sur les résidences de tourisme, pourrait l’encourager à revenir à la charge. C’est une constante du sarkozisme de s’attaquer toujours aux plus faibles : Roms, bénéficiaires de minimas sociaux, handicapés…Jamais aux puissants.

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Les moulins de Montmartre tournaient en ce temps-là.

Les moulins de Montmartre tournaient en ce temps-là.
Et comme a dit un autre, il y avait les lilas.
Il y avait les raisins, les meuniers, la galette
Et le gamin d’Paris d’vait gagner sa galette.

Montant la rue Lepic,
A sa tâche s’il s’applique
Peut-être au Moulin Neuf
Un petit sou tout neuf.

Au moulin de la Turlure,
Il montait sans mollir
Il gardait son allure,
Pour gagner sa tirelire.

Les moulins de Montmartre tournaient en ce temps-là.
Et comme a dit un autre, il y avait les lilas.
Il y avait aussi des gamins sur la Butte
Qui chaque journée à la faim étaient en butte.

Et c’était la bohème
Pour le poulbot tout blême.
Au moulin du Radet,
La faim le tenaillait.

Le poulbot débrouillard
Au moulin des Brouillards,
Au prix de son labeur,
Parfois faisait son beurre.

Les moulins de Montmartre tournaient en ce temps-là.
Et comme a dit un autre, il y avait les lilas.
Jusque sous les fenêtres comme le chante Aznavour.
Oui mais en ce temps-là chaque jour se savoure

Au moulin de la Lancette
Poulbot croise l’ancêtre
Qui lui prend sa piécette.
Qui lui vole sa recette.

Je vous parle d’un temps
Où les moins de vingt ans
Pouvaient mourir de faim.
Ce s’ra le mot d’la fin.

Les moulins de Montmartre tournaient en ce temps-là.
Et comme a dit un autre, il y avait les lilas.
Il y avait les raisins, les meuniers, la galette
Et le gamin d’Paris d’vait gagner sa galette.

Voris Bian 23 août 2011

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L’emploi des jeunes, quoi de neuf ?

En attendant le rapport du député Alain Joyandet prévu pour décembre 2011 qui doit dessiner de nouvelles pistes dans le cadre de la lutte contre le chômage des jeunes, la loi du 28 juillet 2011 sur « le développement de l’alternance et la sécurisation des parcours professionnels », dite aussi « loi Cherpion », a été publiée au Journal officiel du 29 juillet.

On s’étonnera de ce rapport commandé in extremis à la fin du quinquennat. Sans doute a-t-il pour but de prôner des mesures express pour faire baisser rapidement – mais provisoirement – les chiffres du chômage des jeunes (24 % !) un mois avant l’élection présidentielle.

On relèvera aussi que le texte a été adopté selon la procédure accélérée et qu’il a été exempté du passage devant le Conseil constitutionnel.

La loi Cherpion crée le contrat de sécurisation professionnelle, un dispositif en faveur des licenciés économiques qui se substitue aux deux outils préexistants, le contrat de transition professionnelle (CTP) et la convention de reclassement personnalisé (CRP).

On mise tout sur l’alternance !

L’objectif de 800.000 apprentis en 2015 est affiché mais l’Association des régions de France craint le transfert de charges financières de l’Etat vers les collectivités territoriales, la politique du gouvernement consistant, d’après elle, à vider les lycées professionnels au profit des CFA (la région a la charge des lycées, des établissements d’éducation spéciale et des lycées professionnels maritimes).

Il s’agit d’un plan pour l’emploi des jeunes qui ne dit pas son nom. La mission confiée à Alain Joyandet s’inscrit dans une succession de plans depuis 2008 : plan « Agir pour la jeunesse » de septembre 2009, qui a notamment créé le service civique ouvert à 70.000 jeunes et le RSA jeunes, et a permis de renforcer le Civis. Et, précédemment, le plan d’urgence pour l’emploi des jeunes d’avril 2009 avec les contrats de professionnalisation, et le mal nommé « plan Espoir banlieues », lancé en février 2008, et dont la mesure phare (enfin… Luciole), le contrat d’autonomie, vient d’être prolongée en 2012. Le but poursuivi par ce nouveau « plan » est de porter à terme le nombre d’alternants à 800.000 d’ici 2015 et à un million à terme au travers des COM (contrats d’objectifs et de moyens) signés entre l’Etat et les régions.

Des contrats aidés faute de mieux.

L’objectif de 273.000 (dont 236.000 CAE et 37.000 CIE) pour le deuxième semestre 2011 est fixé, bien que le gouvernement ne souhaite plus miser sur les contrats aidés.  Rappelons que pour 2011, le gouvernement avait tout d’abord réduit à 390.000 les contrats de ce type dans la programmation pour 2011, contre 520.000 en 2010. Mais, face aux mauvais chiffres du chômage, Nicolas Sarkozy annonça en février 50.000 contrats aidés supplémentaires. Au total, on approcherait donc en 2011 du chiffre de 2010 : 440.000 contrats aidés financés par l’Etat, et 500.000 en comptant ceux cofinancés par les conseils généraux. Toutefois, la circulaire du du 30 juin 2011 de la DGEFP précise « vous continuerez à considérer les objectifs de prescriptions comme des minima à atteindre, que vous pourrez dépasser en diminuant le coût unitaire des contrats, tandis que vous considérerez l’enveloppe financière comme une borne à ne pas dépasser ». En résumé, on réduit pour en fin de compte rester au même niveau tout en réduisant le montant de l’investissement par contrat.

Dans cette optique de restriction financière, l’Etat attend des conseils généraux qu’ils cofinancent, dans le cadre des conventions annuelles d’objectifs et de moyens (CAOM), négociées entre eux et les préfets de région et de département, 60.000 contrats de ce type pour les allocataires du RSA. Ce d’autant plus que la contribution forfaitaire mensuelle du conseil général a diminué, suite au décret n° 2011-522 du 13 mai 2011, passant de 411 euros à 313 euros par mois, « ce qui rend cet outil financièrement très attractif pour les conseils généraux ». Tu parles, Charles ! Il s’agit donc de renégocier à la hausse les objectifs des conseils généraux.

Coté cibles et objectifs, aucun changement, si ce n‘est que la circulaire insiste sur la priorité aux travailleurs handicapés. Les paramètres pris en compte restent aussi inchangés.

En conclusion, il est bon de rappeler que la mission de Pôle Emploi est toujours très mal assurée (et la fusion précipitée de l’ANPE avec l’ASEDIC n’a rien arrangé), et que la niche fiscale des heures supplémentaires ne favorise pas la création d’emplois ni l’embauche des jeunes. Quant à la lubie socialistes des « emplois-jeunes » – d’ailleurs dénoncée par quelques éléphants du PS -, n’en parlons pas !

 

 

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La chanson de jadis et Hadopi

I

La chanson de jadis
D’avant que je grandisse
Sentait la primevère
Et Cosma et Prévert.

Elle parlait de feuilles mortes
Ou de chemin de fer.
Aujourd’hui elle est morte.
Il n’y a rien à faire.

II

La chanson de jadis
D’avant qu’on l’interdisse
Sentait les vins de noces
Et les cognes qu’on rosse.

Les vieilles chansons d’antan
Se glissaient dans la manche.
Se chantaient le dimanche,
Et les jours de Saint-Jean

III

La chanson de jadis
D’avant qu’on la maudisse
D’avant les hits parades
Et les mélodies fades,

Se tressait en bouquets
Ou en paniers d’osier.
En ce temps vous osiez
De bien drôles de couplets.

IV

La chanson d’hier
Passait de bouche en bouche
Avec les lavandières
Les maçons, sans qu’on touche

Le moindre droit d’auteur
La chanson de jadis
D’avant que je grandisse
Changeait selon l’chanteur…

Voris Bian 19 août 2011

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L’amour est comme le vent

L’amour est un vent,

L’amour est un vent,
Qui souffle trop souvent.
Au bon gré d’Aquilon.
Il y en a qui l’ont,
Et d’autres en sont privés.
Mais tous ont l’oeil rivé
Sur les combinaisons
Du dieu de nos tourments.
Tous épient ses mouvements.
Tous guettent l’horizon.

II

Certaines amours s’enflamment
Font flèche de tous bois.
Et sont pourtant bidon.
Car peu portent la flamme,
De la vraie flèche en bois
Que forge Cupidon.
L’amour est comme un vent,
Qui vient tel un zéphyr
Souffler dans les auvents
Sans jamais nous suffire.

III

Quand son bateau s’arrime
On dit de belles rimes
Sans pudeur on se grime
Pour cette ballerine.
On le voit gigantesque
Quand il n’est que grotesque.
Comme dans un élan digne
D’un canard, on dandine,
On se jette à son cou.
On en bénit les coups.

IV

Aujourd’hui c’est bien lui
Qui partout encore luit.
Qui fait tout ce tapage,
Qui commet ces ravages.
L’amour est ce qui reste
Quand on a tout perdu
Et même si c’est la peste,
On en reste éperdu.
Il fait encore rêver
Quand tout s’est retiré…

Refrain possible 1

 

Je suis l’amour. Gare, gare !
Sur le quai d’une gare
Je parais, ou sur un beau galion
Mais je plante mon dard ! Gare, gare !
Craignez mon aiguillon

 

Refrain possible 2

 

L’amour est le vent
Le vent de l’aventure
L’amour est immature,
Il reste à inventer.

Voris Bian 19 août 2011

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Dimey, c’est où Syracuse ?

Qui connaît Bernard Dimey, l’auteur de la si célèbre chanson Syracuse ? Je vous la remets en mémoire ?

Paroles de Bernard, Henri, Levy

SYRACUSE
(paroles de Bernard Dimey / Musique d’Henri Salvador)

J’aimerais tant voir Syracuse
L’île de Pâques et Kairouan
Et les grands oiseaux qui s’amusent
A glisser l’aile sous le vent

Voir les jardins de Babylone
Et le palais du Grand Lama
Rêver des amants de Vérone
Au sommet du Fuji Yama

Voir le pays du matin calme
Aller pêcher le cormoran
Et m’enivrer de vin de palme
En écoutant chanter le vent

Avant que ma jeunesse s’use
Et que mes printemps soient partis
J’aimerais tant voir Syracuse
Pour m’en souvenir à Paris

Avouez qu’il faut quand même avoir pas mal fumé pour écrire un texte pareil, non ? Bernard Dimey est mort la même année que Brassens, en 1981, quelques mois seulement avant Georges. Dimey aura donc connu le Dix mai. Désolé ! Pas pu m’empêcher…

Bernard Dimey a aussi écrit pour d’autres grands noms de la chanson. « Mon truc en plume » pour Zizi Jeanmaire. « Si tu me payes un verre« , « Les seigneurs » pour Serge Reggiani. « Fredo« , « Le quartier des Halles » pour Les Frères Jacques. Pour Mouloudji : « Un soir au Gerpil« . Pour Catherine Sauvage : « J’ai tout vu« . Et d’autres encore pour Yves Montand, Charles Aznavour, Patachou, Juliette Gréco.

« Mettre sa nuit en lumière »

Pour Bernard Dimey, la poésie c’est « mettre sa nuit en lumière ». Cette belle métaphore de Jean Cocteau, il la reprend à son compte dans les poèmes du « Milieu de la nuit » (Editions Christian Pirot 2002). Dans ce recueil, on trouve notamment « Roi de rien » qui a été mis en musique par mon ami suisse Stéphane Bersier, lequel chante aussi certaines de mes chansons. (voir son site). Album « Imposteur » (1er titre).

Le petit Bernard fut élevé à Nogent avant de s’installer comme peintre sous le nom de Zelter à Montmartre. De bistrot en bistrot, il écrit des chansons, et des poèmes qui ressemblent furieusement à des chansons. Il fréquente poivrots, putes, truands, artistes, tout cela dans l’ordre que vous voudrez. Il écrit aussi pour le cinéma.

Lire quelques textes de chansons de Bernard Dimey.

Lire quelques poèmes de Bernard Dimey

 

 

 

 

 

 

 

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Ce que disent de l’amour les amoureux

Ce que disent de l’amour les amoureux n’est pas sérieux.
Ils parlent de leurs rêves à deux.
Se fixent dans le fond des yeux
Mais ce que disent de l’amour les amoureux n’est pas sérieux.

Ce que disent de l’amour les amoureux n’est pas sérieux.
Ils croient qu’ils ont un cœur pour deux.
C’est pour eux que le ciel est bleu.
Mais ce que disent de l’amour les amoureux n’est pas sérieux.

Ce que disent les vivants de la vie ne vaut rien.
Pas plus que ce qu’en disent les grammairiens,
Les savants, les prêtres et les historiens
Ce que disent les vivants de la vie ne vaut rien.

Ce que disent les vivants de la vie ne vaut rien.
Quand on sait ce que dure la vie d’un Terrien.
Ce que disent les vivants de la vie ne vaut rien.
Pas plus que ce que dit un poète, un  vaurien.

Voris Bian, le 17 août 2011

 

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Chanson pour Allain Leprest

Allain le prestidigitateur
Le magicien des mots,
Quelquefois comme nous a les doigts gourds,
Quelquefois comme nous, il se goure.

Mais toujours Allain le prestige
Le preste fumeur de tiges,
Trouvait les mots pour émouvoir.
Et c’était là un grand pouvoir.

Le plus curieux, c’est que Leprest,
Le gars de Mont Saint-Aignan
Lundi 15 août en s’éteignant
Est devenu « feu Leprest ».

Comme s’il brûlait dans nos mémoires.
Après avoir brûlé les planches.
Comme s’il gardait dans sa manche
Quelque poème pour nos dimanches.

Sans attendre que l’encre soit sèche,
On lui offre sa dernière sèche.
Mais même en cherchant dans toute l’Ardèche
On n’en trouve pas, c’est la dèche !

Il voulait juste comme ça pour le prestige
Fumer une dernière tige,
Il voulait juste comme ça pour l’épitaphe.
Tirer sa dernière taffe…

 

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Hommage à Allain Leprest

Leprest a-t-il eu « le temps de finir la bouteille » ? Le chanteur français âgé de 57 ans, s’est donné la mort lundi 15 août à Antraigues (Ardèche) où il était en vacances et avait été l’invité d’honneur du festival Jean-Ferrat organisé dans la commune mi-juillet.

« Le temps de finir la bouteille / J’aurai rallumé un soleil / J’aurai réchauffé une étoile / J’aurai reprisé une voile / J’aurai arraché des bras maigres / De leurs destins mille enfants nègres / En moins de deux, j’aurai repeint / En bleu le coeur de la putain / J’aurai renfanté mes parents / J’aurai peint l’avenir moins grand / Et fait la vieillesse moins vieille / Le temps de finir la bouteille … »  (« Le temps de finir la bouteille« )

« Connaît-on encore Leprest ? » se demandait-il dans « Donne-moi de mes nouvelles« . Inconnu des Michel Drucker, Patrick Sébastien et autre Nagui, il était très apprécié dans le monde musical. En 1985, au Printemps de Bourges, l’artiste se révèle au grand public et dans la foulée sort en 1986 son premier album intitulé “Mec”. « Mec, tu dis jamais rien… »Il écrira ensuite pour d’autres chanteurs comme Isabelle Aubret, Juliette Gréco ou Romain Didier. C’est avec ce dernier que se noue une grande amitié et une collaboration qui ne cessa pas. Les musiques étaient signées Romain Didier, les paroles Allain Leprest. Après le succès de ses débuts, il ne rechercha pas la télévision ou le star système. « Connaît-on encore Leprest ? / Fait-il encore des chansons ? / Les mots vont, les écrits restent / Souvent sous les paillassons… » (« Donne-moi de mes nouvelles ») Il avait choisi plus ou moins délibérément de chanter en marge, et ce « Y’a rien qui s’passe« .

De son vivant, l’hommage de la profession se fit avec l’album « Chez Leprest » (2007) qui est un disque de reprises par Olivia Ruiz, Daniel Lavoie, Sanseverino, Michel Fugain, Nilda Fernandez, Jacques Higelin, Enzo Enzo, Loïc Lantoine, Hervé Vilard, Jamait, Mon Côté Punk, etc. Il était également admiré de Jean Ferrat et de Claude Nougaro notamment.

La retraite au flambeau. Dans sa chanson « la retraite », il disait « Salut la paresse des jours / J’avais hâte de te connaître… » Mais il ne connaîtra pas la retraite. C’est d’abord d’un cancer du poumon qu’il a failli partir. Il fumait beaucoup, ce qui rendit sa voix éraillée. Il chanta un hommage à la Gitane : « O belle brune qui se fume / Dans ce siècle où tout se consume / Entre nos doigts jaunes et se jette / O toi qui portera mon deuil / Demain couché dans le cercueil / De mon étui de cigarettes… »

Communiste et athée : « Je ne te salue pas / Toi qui vis dans les cieux / Athée, j’habite en bas / De ton toit prétentieux / En fumeur de havane / Gros beauf qui te pavanes / Au milieu des charniers / Avec tes dobermans / Je ne te salue pas / Toi qui te crois mon Dieu » (Je ne te salue pas). Leprest fréquentait Ferrat (qui lui composa la musique de « J’ai peur« ) et les fêtes de l’Huma. Révolté il l’était aussi, consacrant sa plume aux Mozart qu’on assassine (« C’est peut-être« ), aux « SDF« , aux putes et aux accidentés de l’existence, particulièrement ceux qui échouent dans les bistrots.

Un dernier message : celui qu’il aurait pu s’adresser à lui-même : « Même dans les chansons cons y a des trucs qu’on dit pas / Qu’c’est moche quand t’es parti ou qu’je t’aime par exemple / Ça j’te d’l’rai jamais, j’te l’dirai pas, mais presque, mec… »

Ou bien alors « Nu j’ai vécu nu / Naufragé de naissance / Sur l’île de malenfance / Dont nul n’est revenu » et nu je suis parti… Sa « malenfance », il l’avait vécue à Mont Saint-Aignan, près de Rouen. Il en fit même une chanson.

On pourrait encore ajouter que sa vie ne fut pas « Une valse pour rien » (sur cette vidéo avec sa fille Fantine).

Son site presque officiel.

 

 

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