Faut-il une loi « Agnès » ?

Toute la France a été secouée par ce drame : le meurtre d’une enfant de 13 ans dans un internat scolaire. Ce qui choque le plus, c’est que le drame est perçu par tous comme évitable. On pointe les failles de l’éducation, des parents, de la justice, des médecins, du gouvernement. Ce dernier veut faire adopter une nouvelle loi. Cela ne sert à rien s’écrient déjà quelques-uns. Je ne suis pas d’accord.

Faut-il parler de « récupération politique » à chaque fois que, confrontés à un drame, on réunit les compétences et les décideurs en urgence pour pallier aux manques de la loi ? Je  ne le crois pas. La loi actuelle est prise en défaut et gravement. Il faut y remédier sans délai. Par ailleurs, il n’est pas vrai que les réformes successives n’ont servi à rien.

Le ministre Mercier me semble animé de l’intention de faire évoluer les choses. Il a parlé de revoir la question de la dangerosité des mineurs, question qui est à mettre en face de celle de l’insertion du jeune. Dans l’affaire incriminée, il faut dire que l’effort d’insertion a été surévalué et la dangerosité sous-évaluée. Il veut instaurer un partage de l’information entre justice et école (point délicat à mettre en œuvre comme on le voit déjà pour les secret partagé dans le domaine de l’enfance). Rappelons que sa réforme, la « loi Mercier » a été publiée le 10 août 2011. Elle réforme la justice des mineurs :

– création du tribunal correctionnel pour mineurs qui aura à connaître des faits commis par les mineurs récidivistes de plus de 16 ans. Et des délits passibles de plus de trois ans de prison.

– Placement possible d’un jeune de 13 ans en centre éducatif fermé (CEF) dès la première infraction (point discutable).

– Création d’un dossier unique de personnalité du mineur (DUP). Le DUP pourra apporter des éléments d’information tant dans les procédures pénales que civiles, mais uniquement devant les juridictions pour mineurs (pas de partage d’information à l’extérieur).

– Le juge des enfants, intégré à l’équipe, ne sera plus l’unique décideur. Ceci en conformité d’une décision du Conseil constitutionnel qui a décidé le 8 juillet 2011 que le juge des enfants qui a renvoyé un mineur devant le tribunal pour enfants ne peut pas assurer la présidence de cette même juridiction. Le Conseil constitutionnel donne jusqu’au 1er janvier 2013 au législateur pour se mettre en conformité avec cette décision, avant d’abroger la disposition visée.

Les enquêtes judiciaires sont réformées : création officielle de la mesure judiciaire d’investigation éducative (MJIE) qui va progressivement remplacer l’enquête sociale et l’investigation d’orientation éducative (IOE).

Les centres éducatifs fermés sont-ils la solution ?

En visite au centre pénitentiaire de Réau (Seine-et-Marne), le mardi 13 septembre, Nicolas Sarkozy a annoncé la présentation « dès cet automne » d’un projet de loi de programmation relatif à l’exécution des peines. Un texte inspiré du rapport du député UMP Eric Ciotti. Création de 80.000 places de prison supplémentaires (disponibles en 2017) et un volet entier de la loi consacré à la délinquance des mineurs, dans le but de « diversifier les modes de prise en charge« . « Le mineur délinquant de 2011 n’a rien à voir avec le mineur délinquant de 1945« , a-t-il martelé une fois encore. Au programme : l’ouverture de 20 centres éducatifs fermés (CEF) venant s’ajouter aux 40 centres actuels, destinés à « accueillir de plus en plus de jeunes condamnés au côtés de jeunes en attente de jugement« .

Les centres éducatifs renforcés (CER) sont des centres éducatifs (et donc pas des prisons) mais renforcés. Ces structures sont prennent en charge des mineurs délinquants ou en situation de grande marginalisation, et doivent répondre au risque de récidive et d’incarcération. Rappelons que le jeune meurtrier n’était pas ici en situation de récidive légal puisqu’il n’était pas jugé pour son précédent crime. Les centre éducatifs reçoivent des mineurs multirécidivistes et en grande difficulté pour des séjours de rupture avec leur environnement. Ils fonctionnent par sessions d’une durée de 3 à 6 mois.

Les centres éducatifs fermés (CEF) ont été créés plus tard par la loi Perben du 9 septembre 2002. La loi introduit la possibilité de placer des mineurs en centres fermés à partir de l’âge de 13 ans. Pour les plus âgés d’entre eux, s’ils ne respectent pas l’obligation de séjour en centre fermé, ils sont alors placés en détention provisoire. Les centres éducatifs fermés sont définis par l’article 33 de l’ordonnance du 2 février 1945. Il s’agit d’établissements publics ou privés dans lesquels les mineurs sont placés en application d’un contrôle judiciaire, d’un sursis avec mise à l’épreuve, d’une mesure de libération conditionnelle ou d’un placement extérieur et où ils font l’objet de mesures de surveillance et de contrôle permettant d’assurer un suivi éducatif et pédagogique renforcé et adapté à leur personnalité.

A la différence des centres éducatifs renforcés, les centres éducatifs fermés ne répondent pas au souci de créer un éloignement du mineur d’avec son environnement familial, social ou scolaire. Les centres éducatifs fermés coûtent extrêmement chers : 600 à 700 euros par jour et par jeune. A titre de comparaison, le prix de journée du CER n’est « que » de 228 euros.

Je suis favorable à l’extension du nombre de places en CEF et CER, en dépit de l’investissement demandé. Le coût humain et social est en effet bien plus grand, je veux parler des drames et de leurs répercussions. Dans l’affaire présente, il me semble que l’impératif d’insertion a été surévalué par rapport à l’impératif d’évaluation de la dangerosité. Qui a commis la faute : le psychiatre qui a déclaré l’adolescent « réadaptable, réinsérable et ne présentant pas de dangerosité » ? Le juge d’instruction qui avait le pouvoir de décider de le placer en prison ou en CEF ? La loi qui énonce des interdictions de partage de l’information et qui manifeste des défaillances ? Difficile de répondre à cette question. Mais on ne peut reprocher au gouvernement de s’activer à chercher une solution pour qu’il n’y ait plus à l’avenir d’affaire Agnès.

Publié dans Justice, Société | Laisser un commentaire

Il faut fermer Fessenheim

Pour moi, l’’urgence est d’envisager la fermeture de la centrale de Fessenheim mais cela n’intéresse plus les Verts. Les écolos ont préféré instrumentaliser l’EPR de Flamanville pour faire un chantage au PS et obtenir des circonscriptions. Et pendant ce temps, on ne parle même plus de Fessenheim, la centrale pourrie construite sur une faille sismique. C’était déjà pas malin-malin de l’avoir construite là. S’obstiner à la garder à tout prix relève autant de l’inconscience.

L’EPR de Flamanville est mieux protégé vis-à-vis des séismes et inondations que les réacteurs actuellement en exploitation, car il a bénéficié dès sa conception de dispositions supplémentaires. Sachant cela, les Verts tiennent quand même à sa destruction pour des raisons idéologiques qui font parler d’eux. Il veulent saborder un EPR tout neuf et tout moderne, le fleuron de notre industrie dont il ne reste pourtant pas grand chose !

Cependant je suis pour le renforcement maximum des conditions de sécurité et aussi pour la totale transparence des règles et des risques. Comme le dit Marielle de Sarnez, en matière de sûreté nucléaire, »il faut des tests de résistance obligatoires, indépendants, transparents et contraignants »

Pour Yann Wehrling, les Verts ont tort de se focaliser sur la question de l’EPR, « c’est-à-dire sur 3 pour cent de la production nucléaire française et 0,5 pour cent de notre production énergétique, mais on se détourne des priorités« . Cela ne veut pas dire qu’on transige sur les règles de sécurité. Il estime nécessaire d’y voir clair sur son coût réel et sur les malfaçons pointées par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) qui doit rendre un rapport à ce sujet. Pour Yann Wehrling, la réduction du nucléaire en France est inévitable. « Ce n’est pas un choix politique, c’est le sens vers lequel on ira de toute façon« .

François Bayrou rappelle que « le principal danger environnemental que nous avons devant nous est et reste le réchauffement climatique ». Selon lui, « on ne peut donc pas substituer à la production d’électricité sans effet de serre, une production au gaz, au pétrole, ou au charbon« , qui aurait des effets dévastateurs sur le climat.

À un arrêt brutal de la production nucléaire, qui ferait figure de véritable retour en arrière, le député des Pyrénées-Atlantiques a opposé « un développement de la part des énergies renouvelables« , qui permette une réduction progressive et accompagnée de la part du nucléaire en France. Pour lui, les deux vraies questions en matière de nucléaire sont « la sécurité et notre capacité à traiter les déchets« .

Sensibilisé depuis longtemps aux questions d’environnement, François Bayrou a également appelé à une chasse au gaspille : « le nucléaire correspond à dix-sept pour cent de l’énergie française, il en reste donc quatre-vingt-trois pour cent : c’est là qu’il faut faire porter l’effort principal en matière de réduction de la consommation ». « Soyons volontaristes en matière de réduction de la consommation des véhicules et des chauffages, amélioration l’isolation des bâtiments« , a-t-il prescrit.

En résumé, il faut « augmenter la part d’énergies renouvelables, tout en réduisant la consommation »

Personnellement, je milite pour la fermeture de cette bombe à retardement qu’est la centrale de Fessenheim. Son abandon et son démantèlement pourraient servir de test grandeur nature afin dévaluer le coût d’une déconstruction d’EPR et le coût de l’investissement dans les énergies alternatives à plus grande échelle…

Publié dans Non classé | Laisser un commentaire

Bestiaire politique

Laissez pas votre humour au vestiaire,
Voici un amusant bestiaire !

Babar au bar

Babar au bar rêva
De rouler avec art Eva
Tant et si fort qu’il arriva

A signer avec Areva.
C’est le coup de barre pour Eva.
Fini le couple Babar-Eva.

La mariée était trop Joly…

Un pays qu’a C

Un pays qu’est noté 3A,
C’est le maxi oui mais Noah
En se dopant peu faire quinze A.

Un pays qui a 2AB
Ne nous laissera pas béats.
Il sent déjà le macchabée.

Un pays qui a tout, qu’a C.
C’est un pays qu’a tout cassé.
Même s’il a tout c’n’est pas assez…

Mais un pays qu’a un…qu’a A
Il continue cahin-caha,
Redouble d’efforts pour un triple A.

Kenavo, vache, cochons, couvée!

Kenavo, vache, cochons !
Non, nous n’irons plus chez Fauchon.

Kenavo, vache, cochons !
Ils ont tout fauché, ces cochons.

Kenavo, vache, cochons !
Et comme disait Lafontaine

Il ne faut jamais dire « fontaine,
Je ne boirai pas de ton eau ».

C’est aussi ce qu’aurait dit Diogène :
Une sentence de ce tonneau.

Kenavo, vache, cochons, couvée !
De morale je n’ai pas trouvée.

Mais il paraît que c’est normal :
Les Français n’ont plus le moral.

 

Publié dans chansons - slams - humour poli politique | Laisser un commentaire

L’Allemagne dit « nein ! » à l’Europe solidaire

L’aide européenne aux plus démunis est prolongée de deux ans. Le PEAD – Programme européen d’aide aux plus démunis – sera finalement maintenu pendant deux ans. Mais l’Allemagne a été claire : « Ce qui est en jeu c’est le principe qu’à l’avenir l’Union européenne ne finance pas de politique sociale », a affirmé la ministre allemande de l’Agriculture, Ilse Aigner. Pas de politique sociale ! Et l’on retrouve bien là l’esprit allemand qui a dicté le TCE : surtout pas de solidarité. Selon les états opposés à la reconduction de l’aide alimentaire – en tête l’Allemagne qui avait déposé plainte devant la Cour européenne – , le PEAD doit relever des politiques sociales nationales. Bref ! Chacun pour soi et dieu pour tous. Cinq autres Etats membres étaient opposés à la poursuite de ce programme que la Commission avait prévu de réduire comme peau de chagrin, amputant ses crédits de 400 millions d’euros (doté de 480 millions d’euros en 2011, le PEAD passerait à 112,5 millions d’euros en 2012). Le programme est pourtant vital pour bon nombre d’associations caritatives. Le ministre de l’Agriculture français Bruno Le Maire avait appellé « l’ensemble de ses homologues européens à tout mettre en œuvre pour défendre ce programme au niveau européen ».

Forcée par les opinions publiques révoltées, l’Allemagne a accepté un compromis, provisoire…. Rappelons que le PEAD a été créé en 1987. Il était à l’origine alimenté par des excédents agricoles. Ces derniers ayant été fortement réduits ces dernières années, ils ont progressivement été remplacés par des crédits de la PAC utilisés pour acheter directement des denrées sur les marchés. Ce que la Cour européenne de justice a jugé illégal dans un arrêt du 13 avril 2011. Pour se conformer à l’arrêt de la Cour de justice, la Commission européenne avait été contrainte de réduire fortement les crédits du PEAD en 2012. Mais le 3 octobre 2011, elle s’est ravisée en adoptant par procédure d’urgence une nouvelle solution de transition pour les deux ans à venir, avant de mettre en œuvre un nouveau mécanisme de financement après 2014.

Jean-Luc Bennahmias, député européen et vice-président du Mouvement Démocrate, s’est félicité que « l’essentiel du Programme européen d’aide aux plus démunis » soit sauvé, mais il a regretté qu’il ne s’agisse que d’un « sursis de deux ans« . « La vigilance reste de mise car la question n’est en rien réglée sur le fond ».

« L’Allemagne a annoncé la couleur : après 2014 elle ne veut plus entendre parler de ce programme ni d’ailleurs de politique sociale à l’échelle européenne (…). Dire cela dans la période actuelle, au moment où les politiques d’austérité frappent durement les peuples européens et où l’Union est en pleine crise existentielle, c’est nier le futur de l’Union Européenne : car il n’y aura pas d’Union Européenne à l’avenir sans Europe sociale, sans rééquilibrage de la dimension économique par une prise en compte du social« .

L’Allemagne de plus en plus égoïste, imposant ses vues avec « la Boche » veut garder toute sa richesse, ne rien partager. Le forts écrasent les faibles, un programme qui rappelle aussi le sarkozisme mais aussi une certaine philosophie rappelant une page sombre de notre Histoire…En tous les cas, l’Europe a montré son vrai visage à travers cette décision brutale et les peuples se méfieront plus que jamais de cette Europe constuite autour de l’Allemagne.

 

Publié dans Europe, International, Social | Marqué avec | Laisser un commentaire

L’éducation au bonheur

Je sais qu’un tel titre va surprendre. Mais je l’assume. Ceci sera d’abord un billet avant de devenir un article que je proposerai sur Agoravox. L’éducation est au centre de toutes les attentions et de toutes les critiques. Chacun a sa propre conception. La dernière idée dans l’air, c’est l’uniforme pour tous les élèves. Personnellement, je trouve que cette idée n’est qu’un pis-aller qui témoigne de l’échec de l’école. En effet, l’école devrait évaluer les aptitudes au bonheur de chaque enfant et l’aider à les développer. Si cette mission était menée à bien, il y aurait peu d’enfants  malheureux d’être privés de marques et les frimeurs en seraient pour leurs frais.

Plus généralement, le bonheur est absent des salles de classes. Quand on peut éviter l’exclusion et la violence, on est déjà satisfait. Pourtant, le bonheur est une valeur et, bien plus, une aptitude. Certains acquièrent cette aptitude par une longue expérience et deviennent heureux à…60 ans…70 ans. C’est trop long! Le bonheur devrait s’acquérir bien avant. Et l’école doit y aider.

Le droit au bonheur est rarement reconnu de façon officielle. La constitution des Etats-Unis parle néanmoins de droit pour chacun à poursuivre son bonheur, le Bouthan mesure officiellement le niveau de bonheur du pays comme pour le PIB. Les régimes totalitaires prétendent savoir ce qu’est le bonheur et l’imposent par la force. La société occidentale en exploite l’idée à des fins exclusivement mercantiles. Enfin certains croient pouvoir à eux tous seul réenchanter le monde. Je n’ai pas cette prétention et je me contenterai d’évoquer l’éducation au bonheur. De plus, le bonheur ne me semble pas être un droit dispensé d’en-haut, c’est aussi le résultat d’un effort personnel. On n’a rien sans rien. Mais chacun mérite d’être aidé dans sa quête de bonheur.

Dispenser des savoirs est une chose, aider à l’épanouissement de l’individu dans la société en est une autre. Nous constatons que le minimum n’est plus satisfait quand la vie même n’est plus respectée : taux de suicide chez les enfants, viols, tortures, montée des IVG… Or, qu’est-ce que le bonheur sinon le respect de la vie ? La route de l’éducation au bonheur est longue donc mais je crois néanmoins qu’elle mérite d’être creusée. Comme je l’ai dit d’entrée, je m’efforcerai de donner plus de consistance à ce billet pour en faire un article. En attendant, « bonheur à tous ! »

 

 

Publié dans Société | Laisser un commentaire

Focus sur l’emploi des handicapés

Du 14 au 20 novembre 2011, c’est la Semaine pour l’emploi des personnes handicapées (15e édition). Et « Intouchables » fait un carton au cinéma ! C’est l’occasion de faire le point sur la question de l’emploi des personnes handicapées.

Que penser des statistiques ?

La DARES (direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques) publie une étude intitulée « L’Emploi de travailleurs handicapés dans les établissements de 20 salariés ou plus du secteur privé : bilan de l’année 2009 ». Au-dessus de 19 salariés , l’entreprise est tenue à l’obligation d’emploi de travailleurs salariés, sans quoi elle verse une taxe à l’Agefiph (Fonds pour l’insertion des personnes handicapées). Seul un quart des établissements (contre un tiers en 2008) n’est pas couvert par un accord spécifique ou n’emploie aucun travailleur handicapé. Malheureusement, ces chiffres n’ont pas grand sens car la loi du 1er décembre 2008 a modifié le mode de décompte des bénéficiaires de l’obligation d’emploi : suppression de la règle des six mois de présence minimum pour prise en compte des bénéficiaires en CDI ou CDD notamment, élargissement de la liste aux stagiaires pouvant en bénéficier. Ce qui a eu pour effet de gonfler le nombre de bénéficiaires de ce dispositif. Mais quand même, en ne tenant pas compte de l’impact de cette loi , le nombre de personnes handicapées employées dans les établissements assujettis a progressé de 7,9% en 2009. Le dispositif a joué un rôle amortisseur en  pleine crise économique sévère. Seulement voilà, la crise est quand même bien là : il y a eu progression des CDD au détriment des emplois pérennes (CDI).

Etude comparée

Le journal Les Echos du 15 novembre se livre à une comparaison entre principaux  pays européens. D’abord un constat d’ensemble : aucun pays d’Europe n’a la même définition du handicap et d’un pays à l’autre les lois diffèrent (en particulier les quotas de recrutement). Viennent ensuite les constatations pratiques. Il est flagrant qu’il vaut mieux vivre à Londres qu’à Paris pour l’accessibilité aux lieux publics et les facilités d’accès à l’emploi. Le Royaume-Uni investit fortement dans les moyens de déplacement : taxis et métros adaptés au handicap. En Allemagne et en Espagne, le recrutement de handicapés ne va pas de soi…

L’Europe compte 80 millions de citoyens handicapés. La définition médicale perd du terrain, d’où un accroissement du nombre de personnes handicapées (en France : on est passé de 1,8 million en 2008 à 2,5 millions en 2010). L’emploi d’une  personne handicapée est encore trop perçu dans les mentalités comme un poids (fragilité supposée du handicapé, coût de l’aménagement du poste de travail) plutôt que comme un atout, un enrichissement.

Quelques évolutions favorables très récentes

– 1 million d’euros pour les handicapés stagiaires ?

Le ministère du travail a annoncé le déblocage d’une enveloppe complémentaire d’un million d’euros pour la rémunération des stagiaires handicapés dans les régions en difficulté, d’ici la fin du mois du novembre . Reste à savoir si le projet de loi de finances 2012 confirmera et garantira cette orientation…

– Agefiph : les aides c’est plus automatique ! A partir de 2012, les aides de l’Agefiph ne seront plus versées automatiquement. Jusqu’alors versées automatiquement à partir du moment où la personne handicapée ou l’entreprise concernée remplissait les critères d’éligibilité, les aides de l’Agefiph seront, à partir du 1er janvier 2012, « majoritairement prescrites par un professionnel de terrain, en fonction de la situation et des besoins de l’entreprise ou de la personne pour concrétiser l’insertion et le maintien dans l’emploi« . La pertinence du besoin ou de la situation, « au regard notamment de l’effet levier vis-à-vis de l’emploi qui peut en être attendu« , sera examinée au cas par cas. Il s’agit d' »optimiser les financements de l’Agefiph dans la période actuelle de crise« . L’Agefiph entend également prioriser la professionnalisation en « maintenant des aides incitatives à l’employeur pour s’engager dans la voie des contrats de professionnalisation et de leur pérennisation« .

– Les premiers obstacles sont dans l’éducation. Seuls 9 % des enfants handicapés des européens handicapés accèdent à l’université. Faute de formation, les handicapés ont du mal à accéder aux emplois qualifiés. Pour rattraper son retard dans la scolarisation des enfants handicapés, la France lance un nouvel accompagnement mutualisé. Il s’agit de mettre en place une solution intermédiaire entre l’intégration scolaire assurée directement par les enseignants (pour les handicaps les plus légers) et l’accompagnement individuel pour les enfants scolarisés en milieu ordinaire présentant les handicaps les plus lourds. Cette aide mutualisée est apportée par un assistant d’éducation qui, « si l’aide nécessaire à l’élève handicapé ne comporte pas de soutien pédagogique », peut être recruté sans condition de diplôme. Un décret viendra préciser les modalités de mise en œuvre de cette disposition qui était réclamée par les MDPH (maisons départementales des personnes handicapées). L’amendement du gouvernement a été adopté à l’unanimité par l’Assemblée lors du débat sur la loi de finances pour 2012.

Publié dans International, Social, Société | Laisser un commentaire

Les marchés vont-ils congédier Sarkozy ?

Désormais la haute finance ne se contente plus de mater les velléités de référendum ; elle limoge les premiers ministres qui ne lui conviennent pas. Pour le reste des décisions à prendre, le directoire Sarkozy-Merkel s’en charge. Mais en réalité c’est surtout Angela Merkel qui décide à peu près unilatéralement. Celle-ci jugeant le TCE inadapté veut le faire modifier dans un délai rapide pour y insérer des dispositions permettant d’agir plus promptement face aux états empêtrés dans leurs déficits. Pourquoi prendre le temps d’actionner la démocratie quand on peut alléguer l’urgence pour imposer ses règles sans discussion ? Anne, ma sœur Anne, entends-tu ce bruit de bottes…

Berlusconi s’en est allé et le peuple italien a tort de se réjouir car il n’y est absolument pour rien. La démocratie n’a pas parlé. La décision est venue seulement des marchés qui ont désormais tout pouvoir pour nommer et limoger qui ils veulent, en écartant les processus démocratiques. Ils ont beau jeu les résistants de la dernière heure de réserver au cavaliere un spectacle de rue digne du dictateur déchu. Ce sont quand même eux qui l’ont élu et réélu ! Je me suis toujours demandé comment le peuple italien en était arrivé à se laisser berner avec autant de constance…

Rétrospectivement, on n’est plus étonné de la nomination à la tête de la BCE de l’ex-vice-président de Goldman Sachs  qui avait participé au trucage des comptes de la Grèce.

Mais jusqu’où cette nouvelle forme de gouvernance peut-elle aller ? Peut-elle conduire à décider de ne pas faire élire François Hollande, à éjecter Nicolas  Sarkozy ? Je crois que nous assistons à la montée d’une forme de dictature rampante qui sera dévastatrice et qui est menée dans un esprit ouvertement très hostile aux peuples et aux démocraties.

Après avoir écrit cet éditorial, j’ai lu que Jean-Pierre Jouyet (PS) s’en alarme aussi. : « les citoyens se révolteront contre la dictature de marchés » (Monsieur Jouyet est président de l’Autorité des marchés financiers). Les marchés « ont fait pression sur le jeu démocratique« , dit-il, soulignant qu’avec le départ du président du conseil italien, Silvio Berlusconi, « c’est le troisième gouvernement qui saute à leur initiative pour cause de dette excessive« . Sarkozy est, selon Monsieur Jouyet, « plutôt bien noté pour le moment » par les agences. Chacun appréciera ce « pour le moment » qui place comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête de notre suffrage universel direct.

Je ne sais pas si la zone Euro est comme le paquebot Titanic mais une chose est sûre, s’il elle l’est, il y a belle lurette que l’équipage a été jeté par-dessus le bastingage…

 

 

 

 

Publié dans International | Laisser un commentaire

Chanson des cathédrales

Vers où pointent les cathédrales ?

(chanson inspirée par un article paru hier sur Agoravox)

Moi qui ne suis qu’un pauvre athée,
Moi qui n’aime pas le cathé.

Moi l’ignorant en catéchisme,
Indifférent même au Grand Schisme,

J’aime beaucoup les cathédrales.
J’les aime d’un amour intégral.

J’me fiche des légendes colportées
Qui disent qu’elles seraient orientées

Vers la Mecque ou Jérusalem.
Les cathédrales, moi je les aime.

Dirait-on qu’elles s’inclinent au couchant,
Je trouverais cela touchant.

Auraient-elles le chœur au Levant
Je n’en irais pas moins rêvant…

Car moi qui ne suis qu’athée,
Moi qui n’aime pas le cathé,

Je contemple les hautes pointes
Sans me soucier vers où elles pointent.

Moi j’aime bien les cathédrales.
J’les aime d’un amour intégral.

Voris Bian

Le persifleur

I

Dans toutes les guerres y’a des butins.
Dans toutes les guerres y’a des mutins.

Moi je ferai partie des seconds.
J’srai pas commandant en second.

Partout où l’on croise le fer
C’est la mutinerie que je préfère.

Sur le Bounty, le Potemkine
Comme un Blanqui, un Bakounine,

La seule cause à laquelle j’adhère
C’est d’persifler la Der des Der

Et de siffler « le Déserteur »
En troubadour en amateur.

II

Dans toutes les guerres y’a des fusiliers.
Il y a aussi des fusillés.

Moi je ferai partie des seconds.
On me fusillera pas en second.

Partout, de l’Alsace à l’Anjou
Où des hommes vous mettent en joue,

Où l’on décide dans les bureaux
De lever la main des bourreaux,

Moi je sifflote allègrement.
Je souris même tendrement

Au frère de Brest ou de Saumur
Qui m’aligne contre le mur.

Voris Bian

 

Publié dans Mes créations musicales et poétiques | Laisser un commentaire

Après Primprenelle et Nicolas, voici le marchand de sable

Après 2007 où Ségolène Pimprenelle nous promettait monts et merveilles sachant par avance qu’elle ne tiendrait pas ses promesses, quand Nicolas se posait en candidat du pouvoir d’achat, de la république irréprochable et de la sécurité, voici François le marchand de sable qui se targue de réenchanter le monde.

Des idées pour dépenser, il en a plein ! Des idées pour réduire les déficits, il n’en a pas. Quand il passe à la télé, c’est pour faire une petite blague ou pour dire « non » aux Verts sur la fermeture éventuelle de l’EPR alors qu’on l’attend sur le G20 et la crise de la dette. Bref, il utilise la télé pour régler ses dissensions internes.

Normal dans ces conditions que l’UMP se fiche de sa gueule. Heureusement, pour faire diversion sur les faiblesses de leur candidat, les socialistes ont trouvé un créneau : l »effraction » de Baroin. Hein ? Vous vous rendez compte, il a dit « effraction ». C’est une insulte ignoble, un scandale ! C’est la France qu’on salit, mes amis entonnons la Marseillaise ! Diversion, diversion… Il auraient mieux fait d’insister sur le fond : c’est bien Sarkozy qui est responsable de l’accroissement exponentiel de notre dette et ce à un niveau historique et la crise n’explique pas tout. Voilà le message qu’il faut répéter.

Alors voilà, il fait beau chez les bisounours du PS : pas de crise de la dette, pas de déficit, pas de méchantes agences de notation et on peut continuer de proposer des dépenses folles sans dire comment on va les financer. Pour la culture, les postes de fonctionnaires en veux-tu en voilà,  les emplois jeunes sans avenir.

« Réenchanter », ils appellent çà…

Vous voulez garder un triple A ? Alors votez Hollande = triple A, triple andouille !

Il est urgent de réduire les déficits : que veut-il faire ? Dépenser à foison !
Il est urgent de mettre l’Etat à la diète. Que veut-il faire ? Créer 60 000 postes de fonctionnaires !

Fillon pas mieux. D’ailleurs, ce n’est pas un plan Fillon mais un plan « fuyons ! » (plan peu audacieux qui fera sourire les agences de notation). C’est aussi un plan « pillons ! » : on pique dans le pouvoir d’achat des pauvres et des classes moyennes (les veinards qui payent l’IR). Même s’il est vrai que pour ménager les électeurs, on a maintenu la TVA à 5,5 % pour ce qui est vital et demandé l’obole à quelques riches (cela s’appelle donner le change).

François Bayrou avait réussi à éveiller les citoyens mais voici que les deux camps qui s’opposent s’évertuent à les rendormir, les uns à coup de propagande médiatique et de mensonges, les autres par le déni de réalité et l’apologie du rêve. Mes amis, si vous vous rendormez une fois de plus, ce sera la fois de trop…

En attendant, si François Bayrou avait été mieux entendu en 2007 et s’il avait été élu, nous serions peut-être aujourd’hui proche de l’Allemagne qui a un taux de croissance à 3 % et qui, grâce à ses excédents, réduit les impôts des catégories modestes.

Il est temps d’opter pour une véritable alternative en disant « non » à ces luttes idéologiques qui s’opposent frontalement en mentant à leurs propres camps. Il est temps de mettre un point d’arrêt aux politiques de « stop and go » qui résultent des partages successifs du pouvoir par la gauche et la droite. Quant à François Bayrou : « don’t stop and go ! »

 

 

Publié dans Non classé | Laisser un commentaire

Accro aux acronymes

I

Je suis accro aux acronymes.
C’est l’objet de mon affliction.
Je vais aux « Accros anonymes »
Là je raconte mon addiction.

« T’es pas accro !
– bah si ! »
Et je fais des acrobaties
Avec les sigles, je suis accro.

« Je suis moi aussi accro, Paul »,
Me dit un accro d’acropoles
Qui en exemple cite Adèle
Qu’est plus accro aux citadelles.

Refrain :

Je suis un accro cro cro,
Un accro chronique.
J’le chante sur tous les tons
D’mon accordéon
Diato diatonique.

Je suis un accro cro cro,
Un accro chronique
(à finir)

II

Je suis accro aux acronymes.
Je vais aux « Accros anonymes »
J’raconte mon mal anachronique.
Je souffre d’un mal comique.

« Toi tu es moins accro qu’Odile »,
Mais caïman pareil, réponds-je
A Léo qu’était avant une éponge
Et aujourd’hui se drogue et deale.

« Je suis accro aux acrostiches »,
Me dit une blonde potiche.
Je lui en fais un accrocheur
Tout en forme d’accroche-coeur.

(refrain)

III

De moi forcément elle s’entiche
Car je suis fort en acrostiches,
Nous vivons tous deux sans accrocs.
Je suis devenu son maquereau.

J’ai ouvert un bordel à Nimes.
Le soir quand le trottoir s’anime,
Tous les amoureux de fétiches
Viennent goûter mes acrostiches.

Car pour les accros de Nimes,
Même aux accros aux acronymes,
Ma blonde récite des poèmes,
Déguisée en fille de bohème.

(refrain final)

Voris 27 octobre 2011

Publié dans Mes créations musicales et poétiques | Un commentaire