L’Allemagne dit « nein ! » à l’Europe solidaire

L’aide européenne aux plus démunis est prolongée de deux ans. Le PEAD – Programme européen d’aide aux plus démunis – sera finalement maintenu pendant deux ans. Mais l’Allemagne a été claire : « Ce qui est en jeu c’est le principe qu’à l’avenir l’Union européenne ne finance pas de politique sociale », a affirmé la ministre allemande de l’Agriculture, Ilse Aigner. Pas de politique sociale ! Et l’on retrouve bien là l’esprit allemand qui a dicté le TCE : surtout pas de solidarité. Selon les états opposés à la reconduction de l’aide alimentaire – en tête l’Allemagne qui avait déposé plainte devant la Cour européenne – , le PEAD doit relever des politiques sociales nationales. Bref ! Chacun pour soi et dieu pour tous. Cinq autres Etats membres étaient opposés à la poursuite de ce programme que la Commission avait prévu de réduire comme peau de chagrin, amputant ses crédits de 400 millions d’euros (doté de 480 millions d’euros en 2011, le PEAD passerait à 112,5 millions d’euros en 2012). Le programme est pourtant vital pour bon nombre d’associations caritatives. Le ministre de l’Agriculture français Bruno Le Maire avait appellé « l’ensemble de ses homologues européens à tout mettre en œuvre pour défendre ce programme au niveau européen ».

Forcée par les opinions publiques révoltées, l’Allemagne a accepté un compromis, provisoire…. Rappelons que le PEAD a été créé en 1987. Il était à l’origine alimenté par des excédents agricoles. Ces derniers ayant été fortement réduits ces dernières années, ils ont progressivement été remplacés par des crédits de la PAC utilisés pour acheter directement des denrées sur les marchés. Ce que la Cour européenne de justice a jugé illégal dans un arrêt du 13 avril 2011. Pour se conformer à l’arrêt de la Cour de justice, la Commission européenne avait été contrainte de réduire fortement les crédits du PEAD en 2012. Mais le 3 octobre 2011, elle s’est ravisée en adoptant par procédure d’urgence une nouvelle solution de transition pour les deux ans à venir, avant de mettre en œuvre un nouveau mécanisme de financement après 2014.

Jean-Luc Bennahmias, député européen et vice-président du Mouvement Démocrate, s’est félicité que « l’essentiel du Programme européen d’aide aux plus démunis » soit sauvé, mais il a regretté qu’il ne s’agisse que d’un « sursis de deux ans« . « La vigilance reste de mise car la question n’est en rien réglée sur le fond ».

« L’Allemagne a annoncé la couleur : après 2014 elle ne veut plus entendre parler de ce programme ni d’ailleurs de politique sociale à l’échelle européenne (…). Dire cela dans la période actuelle, au moment où les politiques d’austérité frappent durement les peuples européens et où l’Union est en pleine crise existentielle, c’est nier le futur de l’Union Européenne : car il n’y aura pas d’Union Européenne à l’avenir sans Europe sociale, sans rééquilibrage de la dimension économique par une prise en compte du social« .

L’Allemagne de plus en plus égoïste, imposant ses vues avec « la Boche » veut garder toute sa richesse, ne rien partager. Le forts écrasent les faibles, un programme qui rappelle aussi le sarkozisme mais aussi une certaine philosophie rappelant une page sombre de notre Histoire…En tous les cas, l’Europe a montré son vrai visage à travers cette décision brutale et les peuples se méfieront plus que jamais de cette Europe constuite autour de l’Allemagne.

 

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