Mon avis de blogueur sur la question se décompose en deux questionnements :
La réforme est-elle légitime ?
Selon ce gouvernement, la réforme serait légitime pour au moins 4 raisons :
– elle serait justifiée par l’état des comptes et les prévisions
– elle serait juste
– elle serait démocratique
– elle serait gaulliste (ils ont osé !)
Or, examinons point par point :
– seul le premier point me semble défendable. Pour le reste…
– elle est injuste puisque frappe les femmes, les jeunes, et les salariés (en consolidant les privilèges des députés et les régimes spéciaux, en ménageant les revenus du capital).
– elle n’est pas démocratique : c’est un coup de force contre la volonté du peuple. Celle-ci s’exprimerait clairement contre en cas de référendum. De plus, cette réforme ne figurait pas au programme du candidat Sarkozy qui l’impose donc à ses électeurs de 2007.
– elle n’est pas gaulliste mais ici je ne développe pas car je vois la croix de Lorraine se lever sur une tombe de Colombey-les-Deux-Eglises…
Les manifestations sont-elles légitimes ?
N’en déplaise à ce gouvernement de droite extrême, je déclare que oui. Et j’ajoute même que les déclarations intempestives de l’UMP contre la jeunesse de ce pays l’ont fait descendre plus promptement dans la rue que les injonctions de Ségolène Royal qui n’a pas tant de pouvoir qu’on le dit. Ricaner des lycéens en les prenant pour des immatures qui ne comprennent rien et ne sont pas concernés (alors qu’ils vont voter bientôt et cotiser) est irresponsable et méprisant. On voit ici que l’UMP a réussi la rupture : la rupture avec le Peuple !
Cela va-t-il conduire à un retrait du texte. Je ne pense pas. Nous sommes loin d’un remake de Mai 68 : les étudiants hésitent à suivre le mouvement, la classe ouvrière n’est pas mobilisée dans son ensemble. Le gouvernement joue sur le pourrissement, la prise de vitesse (vote express) et l’exaspération des citoyens. Quand les lycéens vont rentrer dans leurs pénates vendredi soir pour les vacances, il ne restera qu’un mouvement catégoriel. Facile alors pour l’UMP de stigmatiser ces catégories qui prennent les français en « otages ». Justement, c’est le jeu préféré de Sarkozy que de voler au secours des otages !
Ensuite que va-t-il se passer ? Hélas un triste scénario se dessine : après avoir voté majoritairement pour la rupture avec la droite gaulliste et pour une droite dure, les électeurs (si l’on en croit les sondages) s’apprêtent à se prononcer pour une rupture cette fois avec la droite dure au pouvoir pour une droite encore plus dure. Les Français aiment-t-ils donc tant se faire mal ?