I
C’était le temps des ouvriers.
On voyait briller dans la nuit
Les forges et les ateliers.
Le dimanche, c’était l’ennui.
C’était le temps des usines
Des corons et des Penn sardins.
Les longues cheminées fumaient
Et le dimanche on s’ennuyait.
Alors ils allaient à la messe,
A l’estaminet, à confesse.
ça leur faisait passer le temps.
Y’avait pas de télé en ces temps.
II
C’était le temps des ateliers
Où chacun briquait sa machine
Et ses habits et ses outils.
Y’avait encore des bateliers.
On les appelait les marins d’eau douce
Chez les vrais marins de la côte
Qui riaient secouant les côtes
Pour qui y’avait pas d’marée douce.
Mais pour ces travailleurs de la mer,
Comme pour les mineurs de Lorraine,
Il n’y avait qu’une seule sirène
Qui les rappelait à la guerre.
III
C’était le temps des ouvrières.
Elles voyaient briller dans la nuit
Des pluies de bombes meurtrières.
Elles priaient la Vierge Marie.
Les femmes n’étaient plus aux fourneaux.
Elle remplaçaient aux hauts fourneaux
Leurs maris qui étaient partis.
Les veuves pleuraient leurs maris.
La guerre, qui en avait tué tant,
N’ayant pas su tuer le temps.
Les femmes retournaient à la messe,
Pour voir le curé en confesse…
Voris Bian 13 février 2012