La précarité s’accroît, le gouvernement s’en fout

Plus de 8 millions de pauvres en France selon la définition européenne de la pauvreté (seuil de pauvreté égal à 60% du revenu médian). De plus en plus de gens se  pressent dans les CCAS (centre communaux d’aide sociale) qui sont forcés de s’adapter à la nouvelle demande. Que fait la Droite ? Elle veut rendre facultatif le CCAS ! (proposition de loi Doligé) L’hébergement d’urgence ne va guère mieux. Le gouvernement a débloqué 75 millions d’euros mais c’est largement insuffisant.

La précarité s’aggrave, le gouvernement fait comme il  a toujours fait : il l’ignore, il la méprise. Son fond de commerce ce sont les riches, pas les pauvres. La précarité gagne les couches les moins favorisées de la société : renoncement aux vacances, aux sorties et, comme l’a montré une enquête, récente, renoncement aux soins médicaux, ce qui est assez inquiétant. Enfin, les difficultés matérielles font ressurgir un vieux démon : l’infanticide et l’abandon d’enfants. Pour l’instant, ce sont juste les abandons d’enfants qui augmentent mais cela témoigne du recul de notre société.

Les mineurs étrangers affluent en Seine-Saint-Denis, ce département étant laissé livré à lui-même pour faire face à cet afflux de pauvreté. Pour se faire entendre sur ce problème crucial, le conseil général de ce département a déclaré haut et fort ne plus vouloir les accueillir. Une réponse partielle qui se veut rassurante a été donnée par le gouvernement mais le département de la Seine-Saint-Denis n’est pas le seul concerné par cette situation. L’aide alimentaire européenne va presque disparaître….

Les CCAS en première ligne face à la pauvreté mais le gouvernement veut les rendre facultatifs

L’Unccas (union de CCAS) a rendu publique une nouvelle enquête qui révèle que 42% des CCAS/CIAS (centres intercommunaux…) disent avoir fait évoluer leurs pratiques pour s’adapter à de nouveaux besoins, notamment en matière de modalités d’attribution de leurs aides. En effet, les CCAS sont confrontés à de nouveaux publics et à un nombre croissant des demandes. Titré « L’impact de la crise sur les demandes d’aide adressées aux CCAS/CIAS », ce baromètre témoigne d’une forte augmentation des demandes : 83% des CCAS en font état, soit 8% de plus que l’an dernier. Pour la première fois, les aides financières passent au premier rang des demandes d’aide qui augmentent, devant les demandes d’aide alimentaire (qui continuent toutefois d’augmenter).

Ce sont « les difficultés à faire face aux dépenses quotidiennes » qui incitent les usagers à se tourner vers le CCAS pour 88% des répondants à l’étude, soit 21% de plus que l’an dernier. Il s’agit en premier lieu des difficultés à payer ses factures d’électricité et son loyer, ou bien encore à payer les services municipaux comme la cantine ou le centre de loisirs. Les CCAS évoquent aussi tous ces cas où les usagers sont contraints de renoncer aux soins, n’arrivent pas à rembourser leurs crédits ou doivent rogner sur leurs dépenses d’alimentation. Bref, la crise a très clairement un impact en termes de précarisation.

Le baromètre met en outre l’accent sur une « dégradation de la situation des publics déjà fragilisés » par leur situation familiale, sociale ou générationnelle : familles monoparentales, personnes isolées, retraités, jeunes de 18-25 ans…Malgré cela, l’article 18 de la proposition de loi Doligé tend à rendre facultative l’existence d’un CCAS.

Hébergement des sans-abris : l’obole du gouvernement

Les associations du secteur de l’hébergement d’urgence sont déçues malgré l’enveloppe de 75 millions d’euros accordée.

Après le choc provoqué par la démission de Xavier Emmanuelli de la présidence du Samu social, François Fillon a reçu, le 26 septembre, le « Collectif des associations (ndlr : 31 associations) unies pour une nouvelle politique du logement des personnes sans abri et mal-logées ». A cette occasion, le Premier ministre a annoncé une enveloppe de 75 millions d’euros supplémentaires pour l’hébergement d’urgence et l’accès au logement. Mais ces crédits seront répartis sur 2011 et 2012 et le solde net de l’enveloppe est 35 millions d’euros, compte tenu des 40 millions d’euros de crédits supprimés sur le budget 2011. Benoist Apparu a indiqué que « les dotations budgétaires pour le monde associatif pour les années 2011 et 2012 seraient équivalentes à celles de 2010 ». Au-delà de la question des crédits, le différend porte sur la mise en œuvre, par le gouvernement, de la politique du « logement d’abord ». Relâcher l’effort sur l’hébergement d’urgence, alors que l’accès au logement est loin d’être acquis revient en quelque sorte à mettre la charrue avant les bœufs.

Poussées par la précarité matérielle, de plus en plus de mères abandonnent leurs enfants

Dans le dernier numéro de sa revue « Population », l’Ined publie une étude sur les accouchements sous X en France (le terme approprié étant « accouchement secret »). L’étude menée dans 83 départements, montre que l’âge moyen des femmes concernées est de 26 ans et surtout que la situation matérielle semble bien être un facteur important dans la décision des femmes. Alors que le nombre d’accouchements secrets recule régulièrement depuis la fin des années soixante, il a connu en 2009 une assez nette remontée. De l’ordre d’un millier par an au milieu des années 90, il était passé aux alentours de 600 au milieu des années 2000. Mais ce chiffre devrait finalement être de l’ordre de 680 pour l’année 2009.

Nous assistons à une montée en puissance de la précarité en France sous le regard indifférent et même cynique du gouvernement de droite.

 

 

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