I
A Venise, au Palais des Doges,
J’ai composé un tas d’éloges,
Des poèmes pour mon égérie
Qui m’a dit : « en lisant j’ai ri !
Cela m’a beaucoup fait rire. »
Je rends l’âme sans coup férir.
Sur le Pont des Soupirs,
Ce lieu où tout espoir expire.
Refrain :
Le fou du roi, le fou du roi.
Voilà ce que je suis pour toi.
Le fou du roi, le fou du roi ?
Non ! Je suis juste fou de toi.
II
Je lui écris des vers mystérieux
Pour qu’elle me prenne plus au sérieux.
Je lui compose des rondeaux
Mais elle en rit dans mon dos.
Pourquoi met-elle tant de grâce
A me donner le coup de grâce ?
Sur le Pont des Soupirs,
Je suis pire que saoul : pire.
( Refrain )
III
J’ai lu Shakespeare et même pire.
Enfant, j’ai cassé ma tirelire
Pour l’édition poche du Roi Lear.
Aujourd’hui, je donnerais mon empire.
Aujourd’hui je donnerais mon royaume
Pour un cheval même un très vieux,
Même un boiteux, une bête de somme
Qui nous emporterait tous deux.
( Refrain )
Sur le Pont des Soupirs,
J’ai lu Shakespeare
J’ai plus un sou. Pire :
Je dois voler sinon j’expire.
Car j’ai tout dépensé
Pour la dame de mes pensées.
Du Palais des Doges,
Les passants me délogent.
( Refrain )