Je raille le chemin de fer

I
Du rail je n’ai que faire.
Je raille le chemin de fer.
De Brest à Montmirail,
Je me moque du rail !

Il y a ces rails qui partent
Si on les laissait faire.
Ils iraient jusqu’à Sparte,
Ou sur l’autre hémisphère.

Si on les écoutait.
Vanter la locomotive,
Comme un vieux leitmotiv,
Mais jusqu’où ils iraient ?

Dites, on irait jusqu’où ?
Sans doute à Tombouctou.
Ou bien à Babylone
En wagon d’troisième zone.

II

Du rail je n’ai que faire.
Je raille le chemin de fer.
De Brest à Montmirail,
Je me moque du rail !

Ses wagons vagabonds
Affrétés au Gabon,
Et ces Orient-express
Où la foule se presse.

Et ses trains étirés
Comme de longs cigares
Qui enfument les gares,
Ses gares égarées…

Tous ces convois.
Qu’on voit
Qui ne sont que chimères,
Je les raille, ma mère !

III

Du rail je n’ai que faire.
Je raille le chemin de fer.
De Brest à Montmirail,
Je me moque du rail !

Mes rêves restent à quai.
Je prends pas de ticket.
J’monte pas dans l’wagon-lit.
Faut pas croire tout c’qu’on lit

Dans les romans de gare.
Notre raison s’égare.
Quand on parle de trains.
Nos rêves partent à fond de train

Mais ce n’est que mirage.
C’est pourquoi j’ai la rage
Et la détestation
Des gares et des stations.

IV

Du rail je n’ai que faire.
Je raille le chemin de fer.
De Brest à Montmirail,
Je me moque du rail !

Faut dire que la Micheline
Un matin m’a quitté
Pour un cheval d’acier
Au sourire carnassier.

Elle a fait ses bagages.
M’a laissé en consigne.
Depuis je guette un signe
Mais j’ai perdu courage.

Si je pleure des rivières,
C’est la faute du rail.
Si ma raison déraille,
La cause est ferroviaire

Du train je n’ai que faire.
Et de Versailles jusqu’à Montmirail,
Je raille le chemin de fer
Et tout son attirail !

V

Le train me tire des larmes.
J’tire la sonnette d’alarme.
J’rate la correspondance
Au milieu de la France.

Je me suis enferré
Dans le réseau ferré.
Perdu dans la nature.
J’ai sauté d’la voiture.

J’ai perdu mes valises
Et toutes mes balises.
Je suis comme un minus
Qu’on mène au terminus.

Du rail je n’ai que faire.
Je raille le chemin de fer.
De Brest à Montmirail,
Je me moque du rail !

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