Joyeuses gaudrioles (3) : le lupanar des fleurs

1ère partie (tout public)

« Ce soir nous lirons la légende des cycles, amen ! »,
Dit le révérend cyclamen
Ou bien « La dame aux camélias »
Dit le lierre montant tout en haut du mât.

Monsieur Roncier veut du Ronsard
En l’honneur de son amie rose
Qui se présente au concours Lépine.

Monsieur Le Lys préfère Ulysse.
Bouton d’or en fait des boutons,
Madame Ortie de l’urticaire.

Si on chantait plutôt des chansons,
Dit alors Georges qui ajoute : « je n’ai jamais vu le pistil de la femme d’un ajonc de peau lisse ». N’en déplaise à tous les croquants et crocus, je chanterai les coucous cocus.

Nous chanterons les magnolias, disent aussitôt Claude et François.
Et moi, les lilas de Montmartre, et pour Noël « dansons hou contre hou ». Et pourquoi pas « dansons la capucine » ? lance naïvement l’églantine. Moi, je veux des pétales wouah wouah, « oh yeah ! » dit l’œillet.

Comme cela commence à mal tourner, on se dit qu’on va faire plutôt un film. Un remake de « Fanfan la Tulipe », du « Dalhia noir », de « La rose pourpre du Caire » ?
– « Tintin, dit le thym, et Milou en mai », se serait pas mieux ? »
–  Un film  de louis Malle précise le professeur Tournesol.
Monsieur le romarin  propose l’Atalante mais se fait traiter de « romarin d’eau douce » par un capitaine ad hoc. « Le nom de la rose » ? « Bagarre à ok corolle » ? Ils ne parviennent pas à se mettre d’accord.

Seconde partie (public adulte)

Soudain la marguerite s’effeuille.
Ça fait rougir Monsieur Pivoine
Mais aussi le Trèfle à quatre feuilles.
Et pour le cerfeuil c’est idoine.

J’aime bien quand ton cul et ta mine,
Font frétiller mes étamines,
Dit le hardi coquelicot
Qui bande drôle sous les calicots
En pensant au calice d’Alice.

Mais qu’est-ce qui leur prend aux fougères ?
Voilà qu’elles se grimpent sur les étagères !
Mais quel fou gère les fougères ?

Et tel est pris qui croyait prendre,
Le pissenlit est pris par les racines
Il offre son petit cul tout tendre
A la très vaillante pine
De son voisin le chrysanthème.
Il pousse des petits cris sans thème.
Sous les coups d’boutoir du cimeterre,
Du plus ardent plant du cimetière,
Il se sent ému, gay,
Et se donne aussi au muguet.
Ces pals excitent ses pâles sépales,
C’est « Pétale douce », un plant très mâle.

Un fuchsia hésite encore.
Il est perdu dans ses pensées.
« Alors, qui des deux orchidées
Vais-je me faire, en corps à corps ? »

Hortense est avec hortensia,
Le gui mauve avec la guimauve
Le bleuet aime le bouton d’or
Un narcisse contemple son reflet
Non loin d’une giroflée
Le lierre voudrait monter chez sa belle
Mais il a perdu le code de la digitale.
Un glaïeul se tape son aïeule.

« Puisse-t-il ériger son pistil ! »,
Se dit l’anémone sur le bè-bègue-bégonia.

Malgré ses escarres, Paulette
Se fait prendre sur l’escarpolette
La bruyère qui fit tant de bruit hier
Voit que son roseau plie mais ne rompt pas
Et se dit « c’est toujours ça qu’ils n’auront pas »
En parlant des azalées des allées.
Sur ces mots, il enfourche un dahlia délié.

Un acacia aborde une renoncule
Et tout aussitôt l’encule.
Puis il prend, pour qu’il encule assez,
Toute la famille des renonculacées.
Que reste-t-il après tout çà ?
Des résidus de réséda.

Voris Bian

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