Anticipant sans doute sur la fonte des glaces du pôle qui devraient régler définitivement la question des îles, le Grenelle de la Mer a opté pour l’escamotage du sujet. Le maire de l’île d’Yeu s’en est ému et a adressé une lettre à Borloo.
Lettre de Bruno Nouri, maire d’Yeu, à l’attention de M. Borloo, Ministre de l’Écologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer :
« A l’issue du Grenelle de la mer, force est de constater qu’un pan essentiel de la politique de la mer a tout simplement été occulté. Les îles côtières métropolitaines n’ont pas été intégrées dans les propositions des groupes de travail.
Pourtant, sur les îles, les problématiques du littoral sont exacerbées. L’insularité, par la complexité sociale, économique, environnementale et culturelle exige des solutions politiques d’envergure pour pallier ces handicaps structurels. Si, en revanche, les autres territoires ultramarins ont été mis très légitimement au coeur de ce Grenelle, les îles côtières métropolitaines en ont été les grandes absentes. »
La lettre peut être consultée dans sa version intégrale sur ce site web.
Le maire d’Yeu se fâche et soulève une foule de questions qui justifierait un Grenelle des îles ! En voici quelques-unes :
« Comment a-t’on pu oublier que l’insularité entrave l’éducation et la formation professionnelle ? »
« Quid de l’égalité des chances pour un îlien ? »
« Pourquoi n’a-t’on pas ainsi évoqué des expériences comme le collège des îles du Ponant dispensant les cours pour les enfants des petites îles de l’atlantique ? »
« Comment a-t’on pu oublier les problématiques particulières de santé publique et d’accès aux soins pour les îles ? »
« Comment assurer le maintien de personnel médical sur place ? Quid de la gestion du handicap sur les îles ? »
« A-t’on seulement imaginé le coût et les contraintes générés par les visites chez un spécialiste sur le continent ? »
Le journal Le Monde se préoccupe des îles :
Dans un article du 26 juillet, « Les îles bretonnes, laboratoires de maîtrise d’énergies« , le quotidien relate « l’étrange ballet qui se répète chaque jour sur les petites routes qui serpentent dans le décor sauvage de l’île d’Ouessant« . En fait, ce sont des techniciens en visite d’inspection qui viennent poser des ampoules à basse consommation ou réduire le débit d’arrivée d’eau. Ils procèdent à ces opérations qu’ils ne facturent pas aux utilisateurs.
Les résidents de Ouessant et de l’île Molène voisine se voient proposer une subvention plafonnée à 300 euros pour remplacer leurs vieux réfrigérateurs et congélateurs par des appareils de classe A+.
C’est l’ADEME (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) et EDF qui oeuvrent ainsi à économiser l’énergie sur ces îles. Dans l’île de Sein (face à la Pointe du Raz), les résultats sont visibles. En 2005, la consommation d’électricité a chuté de 15 %. L’expérience menée sur ces îles bretonnes permet d’envisager une extension du dispositif aux Antilles ou à La Réunion notamment..
Le maire d’Ouessant s’inquiète toutefois de la tentation possible de vouloir implanter de éoliennes : « Il faudra faire les choses intelligemment : on nous incite à faire attention à notre paysage, la majorité de nos côtes sont classées, nous enterrons les lignes électriques… Ce serait étrange de nous demander d’implanter des éoliennes ou de défigurer les maisons traditionnelles avec des panneaux solaires« .
Qu’il se rassure, rien n’est prévu puisque le Grenelle de la Mer a tout simplement oublié que le littoral français comporte aussi des îles !
Le ministre aurait dû avertir Bernard Nourri pour qu’il lui fasse rappeler ce détail. Il aurait pu formuler sa demande ainsi : « Si j’oublie, contactez-moi entre deux apéros : appelez-moi d’Yeu ! Merci »