Le 29 septembre 2011 sur le site officiel du Mouvement Démocrate, Rodolphe Thomas, responsable du Logement au sein du Shadow cabinet a déclaré « La priorité sur la politique de l’habitat sera bien sûr un facteur essentiel pour notre famille politique« . lien
Rodolphe Thomas déplore les baisses de crédits au logement
« Je suis très inquiet sur la décision qui a été prise au sein du gouvernement sur la baisse des crédits« , a-t-il dit. « Il faut que les baisses de crédits pour accompagner les acteurs de logements sociaux soient revus à la hausse » a-t-il estimé. En effet, un coup de frein vient d’être donné à l’aide à la pierre dans le projet de loi de finances pour 2012. Les aides directes aux organismes HLM passent de 500 à 450 millions d’euros.
Thierry Repentin, le président de l’Union sociale pour l’habitat (USH) – et sénateur de la Savoie – ne dit pas autre chose. En ouverture du congrès de l’USH, le 27 septembre, il a notamment rappelé que plus des trois quarts des locataires du parc social ont un niveau de vie inférieur à la moyenne nationale, c’est-à-dire inférieur à 1.400 euros par mois et par ménage. Cette relative pauvreté tend même à s’accentuer, puisqu’un tiers des nouveaux entrants vit avec moins de 950 euros par mois. S’il parle de « dynamisme de production » du logement social, et s’il affirme avec force que « notre réponse à la crise, c’est la construction ! », le président de l’USH s’inquiète de l’avenir du financement du logement social au-delà de la fin de cette année.
Rodolphe Thomas le disait déjà il y a un an sur le site Marianne2 : « Il manquerait 900 000 logements en France, 700 000 personnes attendent un HLM, et le nombre de propriétaires ne grossit pas malgré la France de propriétaires promises par le Président. » Il exprimait aussi son inquiétude sur l’avenir du financement du logement, la loi de Benoist Apparu étant de taxer les loyers au travers des bailleurs sociaux.
« Il faut renforcer et augmenter les seuils de la loi sur les logements sociaux »
Sa position est ici opposée de celle de Benoist Apparu, secrétaire d’Etat UMP au Logement, qui a, à maintes reprises, dit sa volonté de revenir sur l’obligation de 20% de logements sociaux. Confronté à l’hostilité quasi générale, y compris dans son propre camps, Apparu présente aujourd’hui la chose de façon plus habile. Dans le Journal du Dimanche du 25 septembre, il a déclaré vouloir être « prêt à étudier un taux de 25 % à Paris et en région parisienne« . MAIS… un taux inférieur à 20 % à d’autres endroits ». De plus , il envisage d’y intégrer l’accession sociale à la propriété. Bref, il remet complètement en question le principe même de la soi SRU.
Le secrétaire d’Etat estime que les « mauvais élèves devraient avoir des sanctions plus lourdes ». Mais cela prête à rire – jaune – quand on sait que Paris et Neuilly-sur-Seine sont exemptées de tout paiement grâce au système de défalcations pour de nombreuses villes qui ont fait des « efforts » pour rattraper leur retard en matière de logement social. Tout simplement scandaleux quand on connaît les capacités financières de ces collectivités et la mauvaise volonté de Neuilly.
Pour Rodolphe Thomas, « il y a un laxisme de la part de beaucoup de maires de collectivités qui n’appliquent pas la loi SRU« . Par conséquent, « il faut renforcer, et il faut peut-être même en augmenter les seuils« .
Il n’y a pas seulement les loyers, il y a aussi les charges
Pour Rodolphe Thomas, »il faut anticiper sur la problématique de l’habitat. Ce qui est le plus grave au niveau des loyers, ce n’est pas le loyer purement et simplement, ce sont les charges locatives » car cela représente « près de 20 à 30 pour cent de charges supplémentaires« . Dans ces conditions, comment s’étonner que les impayés de plus de trois mois ont augmenté de 24% en deux ans.
Enfin, il est nécessaire pour Rodolphe Thomas de « revoir le zonage qui n’est pas la hauteur« , afin de « soutenir une politique de l’habitat privé mais aussi une politique de l’habitat social qui est quand même un des fondements même de notre République. »
La France « tous propriétaires » et le slogan plus récent du « logement d’abord » sont des leurres qui servent d’alibis au gouvernement pour trancher dans les crédits du logement social et de l’hébergement d’urgence. Ce n’est pas une politique favorable au logement, c’est de la politique d’austérité au détriment de la satisfaction d’un besoin vital. Outre le renforcement de la loi SRU et des crédits à la construction, il existe, selon moi, des solutions supplémentaires comme :
– mieux maîtriser les loyers : selon la Miilos, 50 % des organismes contrôlés ont pratiqué des loyers supérieurs aux recommandations ministérielles,
– assainir les emprunts : des organismes HLM continuent de recourir aux emprunts toxiques,
– taxer les terrains nus constructibles (patrimoine dormant) et verser le produit de la taxe à la construction du logement social,
– donner la priorité aux logements sociaux de type PLAI et PLUS. Actuellement on construit trop de PLS (sorte de HLM « haut de gamme). Il conviendrait de loger des ménages à revenus modestes dans des PLS avec un loyer PLAI « glissant » (c’est-à-dire que le loyer qui monterait si leurs revenus venaient à s’accroître). Il faudrait aussi inclure un quota de PLAI dans les plans départementaux et les plans locaux de l’habitat (les PLH) .
Cette liste n’est bien entendu pas exhaustive.