Cet article évoquera Cora Vaucaire mais aussi son mari parolier. Je conclurai par un hommage en chanson.
Silhouette menue mais voix forte, voix claire et d’une diction parfaite. Elle défendait ce qu’elle appelait, « l’esprit français des textes qui expriment souvent la joie de vivre et toujours des sentiments forts« . L’une des plus grandes interprètes du patrimoine musical français du XXe siècle a disparu à l’âge de 93 ans le 17 septembre 2011.
Cora Vaucaire, « La Dame Blanche de Saint-Germain-des-Prés »,
Elle fut nommée ainsi par « opposition » à la dame en noir (Juliette Gréco). Fille d’un officier de marine breton, elle était née Geneviève Collin à Marseille.
C’est Cora Vaucaire qui rendit populaire « Les Feuilles mortes » de Prévert. C’est elle qui révéla Barbara au grand public, et l’incita à dépasser sa timidité.
C’est elle qui chante « La Complainte de la butte » dans le film « French Cancan » de Jean Renoir en 1955. Mais ce n’est pas elle que l’on voit à l’écran, c’est une actrice. Comme elle traversait une période difficile et qu’elle fut avertie au dernier moment, il lui fallut rassembler ses forces en quelques heures pour chanter cette fameuse complainte alors que le film était déjà « bouclé » avec une autre interprète. Il faut savoir que la chanson était refusée d’abord par le producteur qui exigeait de la « grande musique ». Ce n’est que sur forte insistance de Jean Renoir – qui en avait écrit les paroles – qu’elle fut finalement retenue (source : témoignage de la veuve de Georges Van Parys, compositeur de cette chanson).
C’est elle qui interprète « Trois Petites Notes de musique » dans le film « Une aussi longue absence » d’Henri Colpi sur un scénario de Gérard Jarlot et Marguerite Duras.
Elle fut une interprète d’importance majeure de Prévert, Aragon, Apollinaire.
– « Le Pont Mirabeau » (poème de Guillaume Apollinaire, musique de Léo Ferré)
– « Maintenant que la jeunesse » (poème de Louis Aragon, musique de Lino Léonardi)
– « L’Écharpe » (paroles et musique de Maurice Fanon)
Cora Vaucaire avait épousé le parolier Michel Vaucaire (1904-1980).
Michel Vaucaire collabora fidèlement avec le compositeur Charles Dumont à qui il fit toujours confiance pour mettre en musique ses textes. Ils sont notamment les auteurs du fameux « Non, je ne regrette rien », popularisé par Édith Piaf.
Vers la fin de sa carrière, la chanteuse multiplie les tournées à l’étranger, devenant célèbre au Japon, et la première chanteuse française à se produire en Albanie dans les années 80.
Alzheimer et Vaucaire (j’ai marié deux sujets d’actualité)
I
Mon cerveau en butte
Aux pertes de mémoire
Ne retiendra plus la Complainte de la butte
Du film de Renoir.
Mes oreilles ça va plus non plus.
Mes feuilles sont mortes
Je n’entendrai plus
Jamais les Feuilles mortes.
Il y a bien longtemps
Ces choses évoquèrent
Des refrains d’antan
De Cora Vaucaire.
Refrain :
Il y avait encore à donner,
Encore à rêver,
Chez la Dame blanche.
Pour tous nos dimanches.
Il y avait encore à donner,
Encore à rêver,
Encore à chanter
Chez Cora Vaucaire.
II
Il y avait le souvenir des boches.
La chanson Rive gauche
Etait en ébauche
Moi, mains dans les poches.
Une dame en noir
Une dame en blanc
Mais dans ma mémoire
C’est rempli de blancs.
Un petit moineau
Aidé par un piaf
Se faisait entendre.
Et des chansons tendres.
( Refrain )
III
Maintenant qu’elle est morte,
On oublie Cora.
Ma mémoire est morte
C’est peut-être elle qu’aura
Effacé Cora, passé au rabot
Le Pont Mirabeau.
Carrière sans accroc,
Trois fois Charles Cros.
Si je suis amer
Que j’oublie Cora,
C’est encore à
Cause d’Alzheimer.
( Refrain )
21 septembre 2011