La croissance peut-elle reposer aussi sur l’or gris ?

Alors que l’ODAS nous apprend que les dépenses des départements vont encore augmenter en 2011, des professionnels du secteur du vieillissement et de la dépendance se posent cette question : « peut-on investir dans l’or gris ? » Peut-on y voir un atout pour notre croissance ? Oui, répondent les participants à un colloque qui s’est tenu à Angers en avril 2010 sur le thème « Investir dans la vieillesse : un enjeu de développement pour les territoires ? » La problématique est exposée ici dans son lien avec les territoires. J’ai relevé des extraits des actes de ce colloque (que l’on peut consulter ici : 90 pages).

« Actuellement, le scénario catastrophe ne cesse d’être alimenté contribuant à donner au vieillissement une image négative, source de tous les malheurs et les maux à venir. Les vieux coûtent chers et seront de plus en plus nombreux. »

« Cela peut sembler paradoxal mais le vieillissement est un élément fédérateur. Les richesses et les dons créent une différence mais le vieillissement rassemble. Personne n’échappe à la vieillesse. Curieusement, cette réalité commune ne constitue pas le socle des politiques et des interventions à domicile. »

« Les débats sont inexistants en matière de définition des services au juste prix par rapport à la dignité et aux besoins des personnes. La logique financière du moindre coût s’impose avec une facilité déconcertante. »

« Il est impossible d’être sur un schéma ascendant en permanence, du moins dans notre existence terrestre. »

« Est-ce une façon durable de penser la vie que d’exclure la limite de la vie ou une fin de vie peu glorieuse ?  »

« Il faut inscrire la problématique du vieillissement non pas à la fin de la vie, au moment de la rupture ou de la catastrophe mais l’inscrire au coeur du dynamisme de la vie performante. »

« Il s’agit d’investir au sens strict dans la réalité de la vie, pas d’investir dans le vieillissement pour le vieillissement. Le défi consiste plutôt à aller chercher ces valeurs paradoxales, de les prôner et de les enraciner au coeur d’une société. »

« Les termes « investir dans la vieillesse » et « sa plus-value pour les territoires » renvoient à la science économique. Une telle approche vise à montrer que la vieillesse n’est pas uniquement un coût. Le développement durable suppose de dépasser une approche basée sur l’équilibre financier entre coûts et recettes. L’objectif est plutôt d’identifier les apports d’une population âgée sur un territoire. »

« Aspects socio-économiques du vieillissement : Trop souvent la société juge la personne en fonction de son âge et perçoit les enjeux du vieillissement seulement sous l’angle de son coût et du risque de déclin. Une personne âgée est d’abord un être humain. Or l’être humain n’est pas un produit avec une date de péremption à respecter ! Jusqu’au dernier jour de sa vie, il reste un citoyen. »

« La majorité des seniors souhaite vivre chez eux. 90 % des plus de 60 ans vivent à domicile et 20 % des 85 ans vivent en résidence collective. Cette volonté de vivre à domicile correspond à une idée persistante selon laquelle cela coûte moins cher à la collectivité qu’un hébergement collectif. Il existe pourtant d’autres lieux collectifs que les EHPAD. Le coût des personnes âgées qui souhaitent rester à domicile peut devenir extrêmement important lorsque six à sept personnes aux compétences variées doivent intervenir auprès d’elles. Pourquoi ne pas imaginer un métier d’assistance aux autres ? La personne qui fait une piqûre ne pourrait-elle pas aussi faire la vaisselle ou aider aux courses ? Serge Guérin estime qu’il faudra un jour mener une réflexion autour de ce sujet. Par ailleurs, certaines personnes âgées en ont assez de voir défiler chez elles une dizaine de personnes qui ont la clé de leur logement. Parfois, les lieux collectifs se révèlent plus tranquilles de ce point
de vue. »

« La consommation des seniors représente 50 % de la consommation totale.
Tous les secteurs les intéressent. La relance de Porsche s’est fondée sur les seniors.
Le sociologue cite le « paradoxe de la Twingo ». Dans les années 1990, Renault a décidé de créer une voiture pour les jeunes urbains et a lancé la Twingo. 55 % des ventes globales ont concerné des couples de plus de 50 ans et plus des deux tiers pour les Twingo de luxe. Car les jeunes urbains qui avaient de l’argent préféraient acheter une golf et ceux qui étaient moins fortunés préféraient une voiture d’occasion. En revanche, cette voiture correspondait très bien aux seniors. »

« Dans de nombreuses communes rurales, plus de 50 % de la population a plus de 65 ans. Dans les années à venir, les plus de 85 ans seront plus nombreux que les enfants dans une grande partie des villes. C’est pourquoi il est important que les élus et les décideurs prennent en compte le vieillissement et réfléchissent sur le choix entre les structures en termes de logiques de territoire. »

 

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