On s’est beaucoup moqué du programme du parti socialiste mais avez-vous regardé celui de Villepin ? A choisir, je prendrais presque le premier. C’est dire ! L’homme du CPE revient avec les mêmes obsessions : construire des machins universels à base de sirop Tifon et les imposer à tous après les avoir pensés tout seul, de façon abstraite, en poète, dans son coin. C’est ainsi que Villepin veut imposer un revenu universel d’assistanat de 850 euros par mois pour tous.
« A quand le bonheur ? était une formule ridicule et empreinte d’une béate naïveté ou alors dangereuse (prétendre faire le bonheur général peut-être suspect de totalitarisme) . A défaut de bonheur pour tous, on peut légitimement se demander « à quand l’alternance » ? Notez que je ne me demande pas « Qui incarne l’alternance ? » mais « à quand l’alternance ? » et « qu’est-ce que l’alternance ? »
Alors à quand l’alternance ? En tout cas pas avec Borloo qui ne représente pas la moindre chance d’alternative à Sarkozy. Son parti n’est qu’un courant de l’UMP, financé à presque à 100 % par l’UMP jusqu’à au moins 2012, dit l’accord signé. Borloo a voté tous les budgets et toutes les réformes de Sarkozy. Alors qu’il annonçait son (faux) départ, il plastronnait encore en première loge aux côtés de Sarkozy lors des sorties officielles de ce dernier. Toujours souriant à l’image. Rappelons aussi qu’il a signé l’autorisation d’extraire le gaz de schiste. Aujourd’hui, il signe une proposition de loi interdisant son extraction. Mais demain, si le vent tourne à nouveau, il re signera pour…Il n’a pas la constance d’un Bayrou.
Pourquoi Borloo cherche-t-il à se différencier ? Sans doute pour stopper l’hémorragie des militants de l’UMP. Même les candidats du parti présidentiel ont désormais honte de se réclamer de l’UMP. Du coup Borloo est là pour les rassurer et les faire revenir au ratelier qu’il va lui-même retrouver sauf si par extraordinaire il décidait de souscrire au centrisme. En ce cas, il ne pourrait pas être assez crédible pour prendre la tête de ce mouvement et, si un regroupement des centres doit s’opérer, il ne pourra se faire, pour être porteur de changement, que sous la candidature de Bayrou.
Quand à Villepin, je me demande comme son programme pourrait rassembler les Français alors qu’il a déjà semé le trouble et la division au sein de son micro mouvement. Depuis le CPE, l’homme n’a pas changé. « Il fonctionne comme il fonctionnait à l’Elysée ou à Matignon : par notes, sans discussions. Il n’a pas compris qu’en lançant un parti politique, il fallait aussi lancer un débat d’idées au sein du parti« , estime Daniel Garrigue, le porte-parole démisionnaire de cet éphémère et bien fragile mouvement..
Son abus de vocabulaire pompeux (« république », citoyen »…) cache un déni complet de démocratie. D’abord, le projet lui-même n’a pas été discuté au sein de son mouvement (ce qui fait que ses amis le quittent ou prennent leurs distances : le porte-parole a démissionné, François Goulard envisage une alternative avec un autre candidat, crédible celui-là…). Bref, le club Villepin – déjà très restreint – se vide car il ne trompe plus personne à part quelques paresseux avides d’allocations à vie payées par nos impôts et qui ne voient pas le piège.
Si elle était appliquée, la nouvelle lubie de Villepin aurait des conséquences lourdes tant sur le plan social que sur le plan économique. Cette somme est supposée faire face aux dépenses de logement (suppression des aides de la CAF), de l’assurance santé et de tout le quotidien de la personne. Si la personne chute, faute de pouvoir faire face, elle ne trouvera plus de services publics pour l’aider (suppression de toutes formes d’assistance et d’aide). Sur le plan économique, cette désincitation au travail serait désastreuse pour nos entreprises et notre compétitivité. Extrait d’un entretien de Daniel Garrigue au Point : « Pourquoi avoir quitté vos fonctions de porte-parole de République solidaire ? Daniel Garrigue : J’ai démissionné à cause des conditions dans lesquelles s’est préparé le projet de République solidaire. Nous sommes un certain nombre à avoir travaillé sur ce projet et à avoir émis des réserves sur la mesure phare : le revenu citoyen garanti. Nous trouvions que cette mesure allait dans le sens de l’assistance et nous avons émis des inquiétudes sur son coût : 30 milliards d’euros. »
Le programme de Villepin comporte une dose de bureaucratie (la conception « énarquienne » de nombreuses propositions), une dose de populisme (l’attraction d’une allocation universelle d’assistanat) et une dose de mensonge (un habillage avec des notions vertueuses comme celle de « citoyen », mot dont abuse ce bureaucrate qui n’a jamais exercé aucun mandat du peuple).
Je ne suis pas convaincu non plus que le retour à des recettes socialistes éculées soit synonyme de véritable alternance.
L’alternative la plus crédible reste encore aujourd’hui François Bayrou. Le président du MoDem n’a pas un projet entièrement ficelé mais ce n’est que mieux. Cela ouvre la possibilité d’un débat sur les futures réformes. Débat qui sera sans doute très ouvert, conformément à l’esprit du centrisme de ce mouvement.