J’avais pris l’autoroute A7
J »avais pas le cœur à la fête.
Un peu malade.
J’étais pas bien dans mon assiette.
J’ai quitté l’autoroute A7
Par la rocade.
Dans le ciel bleu, pas un nuage. C’était l’été.
Très loin de l’autoroute A7,
Prenant la direction de Sète,
Ou de l’Espagne.
J’ai arrêté ma voiturette,
Pour fumer une cigarette
Dans la campagne.
Quand je l’ai vu, fendant le ciel. J’ai plus bougé.
C’était un très grand circaète.
Passant au-dessus de ma tête
Vraiment immense.
J’en oubliais ma cigarette,
Impressionné par sa silhouette
Et sa prestance.
Il me semble que tout s’était comme arrêté.
Il avait la sombre bavette
De ces rapaces circaètes
Fiers et superbes.
Je me suis pétrifié tout net
J’ai écrasé ma cigarette.
Tombée dans l’herbe.
Et c’était lui le roi du ciel. Je n’étais rien.
La nature est soudain muette,
L’oiseau de proie indifférent
A ma présence.
Fond d’un seul coup tel un athlète
Sur quelque animal rampant
Avec aisance.
Il s’en saisit et moi d’effroi je suis sa proie.
Des animaux de la planète
L’homme est l’espèce qui peut-être
Est la plus bête.
Devant le vol d’un circaète,
Il laisse tomber sa cigarette
Sur ses chaussettes.
Depuis ce jour, j’ai plus fumé et c’est très bien.
J’ai repris l’autoroute A7
Avec une âme de poète
Un peu sauvage.
Et j’ai mieux compris cet ascète
Qui dit qu’on soumet la planète
A des ravages.
Depuis ce jour, j’ai milité avec ferveur.
Je prends plus l’autoroute A7,
Je consacre mes cinq à sept
A la nature.
Et si l’on n’ est pas plus de sept
Au moins je connais la recette
Si d’aventure
Demain il me prenait l’envie de refumer…
Voris Bian
18 avril 2011