Les jeunes vont encore en baver

Ce sont encore les jeunes qui vont trinquer. Et leurs emplois en particuliers. Tenez ! Ce n’est pas que moi qui le dis, c’est aussi l’assemblée des départements et l’assemblée des régions.

Les régions dénoncent

Les régions sont très remontées car figurez-vous qu’une décision bureaucratique a créé des SPEL (services publics de l’emploi local) mais  sans mentionner les régions qui pourtant ont en charge la formation professionnelle au regard des lois de décentralisation. Vous savez la manie qu’a ce pouvoir de tout centraliser ? Et bien, ce sont des sous-préfets qui ont été désignés pour piloter ce service public de l’emploi local (Spel). La réaction du président de l’Assemblée des régions de France est à la hauteur du ridicule de cette mesure jacobine d’un autre temps : « Ce Spel fait rire tout le monde, réagit-on à l’ARF. L’image du sous-préfet qui passait dans les années 1960 distribuer la prime d’aménagement du territoire est terminée. Cela revient à lancer les gardes suisses du Pape dans un conflit mondial. » De plus, je ne serais pas surpris qu’il y ait une arrière-pensée derrière cette action. En effet, l’objectif est de rapprocher les demandeurs d’emploi des annonces qui restent sans réponse, de mettre l’accent sur les « métiers en tension » qui ne trouvent pas preneur. Voudrait-on débusquer des fainéants de chômeurs ? Bon , d’accord, je pousse un peu…

Les départements dénoncent aussi

Dans un courrier du 7 mars 2011 adressé au garde des Sceaux, Claudy Lebreton, président de l’Association des Départements de France, alerte une énième fois  sur les conséquences désastreuses de la réforme de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), que l’on nomme aussi par euphémisme le « recentrage » de la PJJ (Protection judiciaire de la jeunesse). Cette mission consiste (hum… consistait…) à aider les jeunes âgées de 18 à 21 ans en grandes difficultés sociales et familiales. Petite rétropective édifiante : Le budget est passé de 100 millions d’euros en 2005 à 50 millions d’euros en 2008, l’année de l’annonce du recentrage de la PJJ. Puis à 13 millions d’euros en 2009, à 7 millions l’an dernier, et à zéro euro pour 2011 ! Ce sont donc les départements (conseils généraux) qui doivent récupérer ces cas mais sans transfert financier. De plus, c’étaient souvent des cas lourds, des jeunes ayant besoin de rappels constants à la loi et, pour ce faire, la confrontation avec un juge (juge des enfants) pouvait être utile. Mais voilà, aux départements de se débrouiller. Le plus surprenant est que cette mission est toujours de la compétence de l’Etat au vu des textes (décret du 18 février 1975 fixant les modalités de mise en œuvre d’une action de protection judiciaire en faveur de jeunes majeurs). Mais, bon ! On dirait qu’il fait tout ce qu’il veut Sarkozy. Rappelez-vous : « tout est possible ».

La fronde des Missions  locales

Et les missions locales, me direz-vous, elles aident bien les jeunes.  Oui mais voilà, leurs financement va – de nouveau – baisser. Les missions locales perdent 51 millions d’euros (soit 1.000 postes) accordés dans le cadre du plan de relance. Un communiqué du Syndicat national des métiers de l’insertion (Synami) du 10 mars 2011 tire la sonnette d’alarme. Il analyse région par région et dresse le constat suivant. « Dans certaines missions locales, c’est une réduction dramatique qui se prépare, car ces chiffres ne sont qu’une moyenne ». Il cite l’ exemple concret, celui de la mission locale de Rennes qui s’est mise en grève le 3 mars. Fin du plan de relance et baisse des subventions socles, cela entraîne moins 11 postes sur 75. Alors qu’entre 2008 et 2010, le nombre de jeunes a augmenté de 40%. 17 présidents de missions locales de Bretagne ont refusé de poursuivre les réunions avec les services de l’Etat. Les missions locales d’Ile-de-France ont suivi. D’autres actions sont prévues jusqu’à début avril dans toute la France.

Contrats aidés : le tour de passe-passe de Sarkozy

Sarkozy a annoncé 500 millions d’euros supplémentaires pour l’emploi des jeunes et des seniors en 2011. Une moitié de cette somme étant destinée à la création de 50.000 emplois aidés supplémentaires. Seulement voilà, alors qu’il y avait 510.000 contrats aidés budgétisés en 2010, pour 2011, le gouvernement a tranché dans le vif et réduit leur nombre à 390.000. Pour faire un effet d’annonce, Sarkozy en a donc recréé 50 000. Conclusion : le compte n’y est pas. Il y a bel et bien une baisse des aides.

Le service civique victime de son succès

Sans travail, les jeunes ne voulant pas restés inoccupés, se tournent nombreux vers les service civique.  Martin Hirsch est président de l’Agence du service civique. Il constate ce succès et demande donc des moyens pour faire face. Que croyez-vous que lui répond le gouvernement par la bouche inutile de la secrétaire d’Etat à la Jeunesse Jeannette Bougrab ? « Mon dieu encore un tsunami ! » Oui, enfin, « Niet ! »  quoi. Aujourd’hui, il manquerait selon l’Agence du service civique, 10.000 contrats pour satisfaire les demandes d’agrément d’organismes prêts à accueillir des volontaires pour 25.000 missions. Ce n’est pourtant pas le Pérou… L’affaire est renvoyée à la rédaction ultérieure d’un décret  du ministère de l’Enseignement supérieur afin de « valoriser le service civique dans les parcours universitaires » Pourquoi pas, mais on sait bien que la priorité n’est ni là ni pour l’emploi des jeunes. Les priorités brûlantes de l’UMP, c’est le débat sur l’Islam et autres gadgets électoraux.

Le Médiateur de Pôle Emploi débordé

Cela ne concerne pas que les jeunes, mais le Médiateur de Pôle emploi, Jean-Louis Walter, qui vient de publier son rapport d’activité, constate les difficultés grandissantes des Pôles Emploi au travers des recours de plus en plus fréquents aux  médiateurs régionaux : 15 240 réclamations enregistrées en 2010 par ses services durant l’année 2010 dont 11 800 reçues dans les 26 régions, ce qui « témoigne de la montée en puissance du réseau des médiateurs régionaux,  auxquels plus des trois quarts des réclamations sont directement adressés« . Les Pôles Emplois parlons-en ! Un rapport (1) de Fabienne Keller, rapporteur et sénatrice du Bas-Rhin – UMP et donc à l’abri de tout soupçon de critique polémique- , préconise d’installer des guichets Pôle emploi là où il en manque (à Clichy, par exemple où réside une population nombreuse de sans emplois). Et oui, incroyable : le minimum n’est pas assuré.

Bon courage, les jeunes ! Vous n’avez pas fini de souffrir.

(1) « L’avenir des années collège dans les territoires urbains sensibles »

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