Monsieur Sarkozy, le pays imaginé par vos communicants et vos conseillers ainsi que par vous-même n’est pas conforme au pays réel mais, de plus, il ne correspond pas du tout au pays dont nous avons rêvé. Il est aux antipodes des aspirations profondes du Peuple français, aussi appelé par vos amis la « France d’en-bas ». Le Peuple n’est pas la France d’en-bas, monsieur le président. Le Peuple est le Peuple. C’est sous cette appellation qu’il apparaît en première place dans la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen et dans la Constitution. C’est aussi au nom du peuple que les décisions de justice sont rendues. Nous aimerions que vous vous en souveniez quand il vous prend l’envie de fustiger la Justice. La justice est rendue au nom du Peuple mais elle n’est pas rendue par le peuple. C’est une nuance importante. Il n’est nul besoin de jurys populaires dans les tribunaux, hormis les cours d’assises où les jurés ont leur place pour exprimer leur intime conviction dans les affaires les plus graves pour lesquelles les peines les plus lourdes sont prononcées. Si vous voulez respecter le Peuple, commencez par accepter ses référendums !
C’est aussi au nom du peuple que les décisions de justice sont rendues. Nous aimerions que vous vous en souveniez quand il vous prend l’envie de fustiger la Justice. La justice est rendue au nom du Peuple mais elle n’est pas rendue par le peuple. C’est une nuance importante. Il n’est nul besoin de jurys populaires dans les tribunaux, hormis les cours d’assises où les jurés ont leur place pour exprimer leur intime conviction dans les affaires les plus graves pour lesquelles les peines les plus lourdes sont prononcées. Si vous voulez respecter le Peuple, commencez par accepter ses référendums !
Monsieur Sarkozy, votre pays imaginé n’est pas notre pays rêvé. Non pas que nous rêvions tous pareil ni que nous soyons tous de doux rêveurs naïfs, déconnectés des réalités, mais notre pays rêvé repose sur un socle commun qui nous a été transmis par la République et, spécialement par deux grands évènements français, la Révolution de 1789 et la Libération. Pour ce qui est des valeurs héritées de la Libération, Stéphane Hessel a eu l’occasion de dire les manquements graves et répétés aux principes du comité de la Résistance, manquements qui suscitent son indignation. Et la nôtre (même si vous refusez de l’entendre). L’autre fait marquant, c’est la Révolution que nous célébrons chaque 14 juillet et qui a donné naissance à la République. Elle a mis en oeuvre les idées des Lumières. J’en rappelle quelques-unes : la tolérance, une idée chère à Voltaire, la séparation stricte des pouvoirs défendue par Montesquieu. Sans aller plus loin, nous voyons chaque jour que vous ne respectez pas ces deux idées si nobles et ô combien nécessaires et précieuses au maintien de l’ordre démocratique et républicain.
Monsieur Sarkozy, votre pays imaginé n’est pas notre pays rêvé. Il est celui de vos bureaucrates et oligarques,souvent formés aux Etats-Unis ou inféodés à cette grande nation que nous respectons néanmoins. Mais, monsieur le président, la France n’est pas les Etats-Unis, la France est la France. Elle n’est pas ce pays mondialisé, calqué sur un modèle interchangeable qui reposerait sur la seule économie de marché, sur le jeu de la finance internationale. Votre pays imaginé, qui nous est déversé chaque jour par les médias dont vous êtes le chef d’orchestre, nous semble tout droit venu de la France des riches et de l’Etranger. C’est Neuilly-sur-Seine à grande échelle ! Ce n’est pas ce pays que nous avons rêvé.
Nous rêvons un pays qui préserve les valeurs de la Révolution et de la Résistance. D’un pays qui incarne encore les Droits de l’Homme et la Démocratie qui, lorsqu’il assiste à la juste montée en puissance des aspirations des peuples opprimés ne demandant qu’à être libres et à manger à leur faim, ne reste pas muet et complice des tyrans assassins. Un pays qui, voyant venir une vague de démocratie ne se recroqueville pas sur lui-même en ne voyant qu’une vague d’exode démographique, et des quotas de plus à gérer. Ni un pays qui subordonne sa diplomatie à des considérations sécuritaires intérieures, encore moins un pays qui laisse ses ministres et leurs familles faire leurs petites affaires privées en marchant sur les cadavres de nos frères citoyens de la Méditerranée.
Notre pays rêvé est attaché à sa Révolution, à l’esprit de la Résistance, à sa république ainsi qu’à sa devise “Liberté, égalité, fraternit锑. Notre pays rêvé est aussi attaché à la laïcité. Il n’acceptera jamais que vous compromettiez la concorde établie sur la loi de 1905 en substituant la “laïcité positive” à la laïcité républicaine ni que vous déclariez les citoyens croyants humainement supérieurs aux citoyens athées.
Notre pays rêvé se suffit à lui-même et n’a aucun besoin de recours aux subterfuges comme les débats sur l’identité nationale ou sur l’Islam pour savoir ce qu’il est, qui il est. Mais avant tout, il sait ce qu’il n’est pas : il n’est pas votre pays imaginé.
Nous, citoyens, rêveurs et architectes du Pays rêvé, nous récusons votre pays imaginé qui n’est que pure fiction, construction habile imposée par vous et vos amis pour nous abuser et nous spolier chaque jour un peu plus. Votre propagande, vos agitations, ne nous trompent plus. Nous tenons à notre Pays rêvé comme à la chair de notre chair et nous vous le ferons savoir au besoin en utilisant cet outil puissant qu’est Internet. Nous avons besoin d’avancer ensemble, sans le secours de votre police de la pensée. Avec notre intelligence collective, pour une démocratie meilleure, une démocratie exigeante.
Signé : un citoyen.