Non ! Pas les voyants. Juste les clairvoyants.
La révolution de Tunisie les a décimés plus sûrement qu’avant. Avant, ils pouvaient encore donner le change, mais après, leurs masques sont tombés, les impostures se révèlent au grand jour. Leur prudence confortable confine à l’extrême frilosité, pour ne pas dire à la trouillardise. Ces derniers jours sur le web ou dans les médias, on pouvait naviguer entre les propagandistes, les communicants, les citoyens égo-buzzeurs dans le silence assourdissant des intellectuels. Oui, je fais un lot de tout ça et c’est la vérité.
« Voltaire ! Beaumarchais ! » Permettez que j’appelle de vrais intellectuels…
Mon dieu ! Ce n’était pas bien joli tous ces élus du Peuple qui légitimaient la répression sanglante de Ben Ali ou qui se défilaient face aux question gênantes. L’UMP ne voyait les choses que comme une situation à gérer. Gérer est la seule chose que sache faire ce parti. Et gérer de façon injuste et brutale, faut-il le rappeler ? Le PS : « hou hou ! Y’a quelqu’un ? » Partis honorer les restes du vieux Mitterrand. Tournés vers le passé, pas vers la jeunesse, pas vers l’avenir. Il est vrai que dès qu’il causent d’avenir, il s’étripent : « moi ! » Non, moi ! » Et les militants du MoDem ? Ben, ils sont bien gentils, et le site democrates.fr reprenaient un tas d’articles sur la Tunisie. C’est vrai et je dois le reconnaître. Comme je dois admettre que Yann Wehrling a pris une attitude courageuse et claire. Mais le patron, échaudé par le coup de griffe du vieux pseudo-révolutionnaire-soixante-huitard-de-mes-deux, suivi d’un fulgurant et impressionnant ictus en direct à un moment où il fallait pas, est apparu hors du coup. La question est : était-il avec les autres ? Si oui, ce serait assez paradoxal pour un tribun du peuple, héraut d’une démocratie rénovée. En tout cas, je lui recommande les polyvitamines et c’est pressant.
Où sont passés les clairvoyants ? Pas du côté de BHL en tout cas, pas du côté des journalistes, pas du côté de la blogosphère où l’on fait son buzz, où l’on commente la télé et ses personnages redondants, ses pitres égocentriques et superficiels. Hélas, aujourd’hui le peuple remet son destin aux mains des gestionnaires, par peur de l’avenir. Après Nicolas, Dominique ! DSK vous fait-il rêver ? Non, mais on a peur…Tu parles d’une raison ! La ferveur n’est plus. Si ! En Tunisie et au Maghreb. Ici, en France, nada. Par conséquent, le vote démocrate n’est plus un vote passion mais un simple vote de raison, a minima, pompé par DSK… On a évincé le peuple et ses « lubies ». Une bonne claque lors des manifestations des retraites et hop ! le voilà calmé, résigné, soumis, amoureux des gestionnaires plus ou moins profiteurs du système qui nous broie.
Qui sont les rebelles ? C’est bien simple : une poignée de vieillards (Cohn Bendit, Eva Joly, Stéphane Hessel 95 ans !) Dont deux importés. Permettez que je ne compte pas le fantoche et incompétent Olivier Besancenot au compte des rebelles crédibles. Ni ce vulgaire Mélenchon, cet instable qui prétend à la fonction suprême exigeant un minimum de sang-froid.
Et voilà où nous en sommes. Une classe de politiciens dépassés, un peuple résigné, et trois vieillards. Et moi-même qui touche à la cinquantaine bientôt (49 en février) obligé de venir sur le web baffer quelques consciences endormies à un âge où Brassens pouvait se retirer pépère avec sa guitare et son chat près de l’âtre non loin de sa Fernande, pour y faire ses chansonnettes. Il est vrai que je n’ai ni chat ni cheminée et pas de cheveux grisonnants ni de moustache. Quant à Fernande… Mais revenons au sujet. Ne suis-je pas en droit d’estimer que les jeunes pourraient se bouger un peu le cul. Serait-ce trop leur demander de donner le coup de main ? Voilà, c’est dit. Je me considère, à vrai dire, comme un artiste émargeant au club des réservistes, plutôt qu’à l’avant-garde du militantisme.
Quant à la clairvoyance, qu’est-ce que c’est au juste sinon l’attitude qui consiste à toujours se poser des questions. En voici une à méditer : trouvez-vous que le pouvoir respecte l’esprit de notre Marseillaise, cet hymne à la démocratie et à la citoyenneté, ce chant de guerre contre la tyrannie ? Moi, je dirai plutôt qu’il lui pisse dessus ! Ces jours derniers en furent encore le témoin.