En 1969, il distribuait la « Cause du Peuple » parce qu’il était interdit. Il refusa de faire son service militaire. Aujourd’hui, il dérange parce qu’il est indépendant et qu’il a créé une agence de presse. Entre ces deux moments de sa vie, ce Breton a passé 23 années aux États-Unis. On peut enfin mettre un visage sur l’Agence Bretagne Presse ! Son créateur, Philippe Argouarch se dévoile dans une interview, profitant du calme de cette fin de mois d’août.
ABP, j’en suis un habitué, je m’y rends souvent pour fureter, prendre un coup de startijenn, d’énergie bretonne quoi ! mais aussi pour apprendre et y puiser parfois des idées pour mes propres articles. J’y ai lu avec émotion l’hommage à mon ami poète Yan Balinec que j’avais interviewé dans le cadre de l’association locale dont je fais partie. Un personnage pétri d’humanité, simple, touchant et attachant, apprécié pour la clarté et la sincérité de ses idées et bien sûr un artiste aux multiples talents : poète, orfèvre, musicien, auteur de théâtre…
Argouach. Qui c’est celui-là ?
Un gars qui se bat pour une presse indépendante.
Je vais régulièrement sur le site (ABP – Agence Bretagne Presse). c’est pour moi un moyen de découvrir des informations que je ne trouve pas ailleurs sur ma région. Bien sûr, le site, mené par un passionné, un homme engagé, n’est pas sans défaut. On y milite pour la défense de la langue bretonne, pour la réunification de la Bretagne historique. On y laisse s’exprimer des extrêmes. Le webmestre s’en explique dans l’interview sur son site : Agence Bretagne Presse .
Philippe Argouarch ne découvre pas le journalisme citoyen qu’il pratique déjà depuis 6 ans. Il n’a pas été surpris non plus par les nouvelles technologies de la communication : il les a découvertes au début des années 1990 à l’université de Stanford où il travaillait. Hé oui ! Vous avez bien lu : 1990 ! Il surfait sur Internet quand nous n’en étions encore au Minitel.
C’est au Festival de cinéma des minorités de Douarnenez que le webmestre d’ABP fut pressé de se présenter enfin. Il était plus que temps car le site reçoit quelque 50 000 visiteurs par mois et il existe depuis 6 ans (hé oui avant Agoravox…).
Pas de journal Pravda !
Il fait aussi son mea culpa pour avoir été trop dans la mouvance de Bayrou. Cela se comprend de la part d’un internaute féru de nouvelles technologies et farouche défenseur de l’indépendance des médias, deux circonstances qui souvent vous font militer au MoDem. Mais il se repent et fait sa profession de foi : pour les élections régionales, il sera irréprochable de neutralité. Promis, craché, juré ! Levez la main droite et dites « je le jure ! »
L’homme n’a pas ses mots dans sa poche : il tire sur la « presse Pravda », du genre de celle qui est trop subventionnée par l’Etat. Il rappelle au passage que le ministère de la culture en France finance l’AFP à plus de 110 millions d’euros et subventionne certains médias comme les journaux (via le portage) et pas l’internet.
Pas l’Internet ! Le mot est lâché. Les internautes, les journalistes citoyens resteront le Tiers-Etat méprisé du Pouvoir qui les regarde d’un sale oeil.
Qui paie alors ?
D’abord, les frais sont très bas. Un journal sur Internet est très difficile à autofinancer, dit-il, et il cite notamment Agoravox. La publicité ne marche pas bien à cause de la crise et du côté trop régional de l’ABP qui n’est pas une association et ne perçoit donc pas non plus de subvention. De toute manière, les subventions, Philippe n’est pas pour : « Tout est à revoir — et tout d’abord le principe même de subventions, hérité de l’ancien régime des faveurs de cour, et foncièrement à la base de concurrences déloyales, d’injustices, d’inégalités, voire de corruptions. »
Ce passionné décrit aussi le fonctionnement de son média : des correspondants locaux bénévoles, un triumvirat collégial pour diriger, les citoyens qui définissent le contenu de la « Une »…Et, comme Agoravox, une plateforme citoyenne TV : « ABP-TV » en construction. En projet une sorte de « C dans l’air breton ».
Hé ! Philippe, tu penseras à m’inviter ?
A lire : Philippe répond aux questions de sa consoeur sur le site Agence Bretagne presse.