Daniel Cohn-Bendit sera-t-il membre d’un prochain gouvernement dit d’« ouverture » ? La chose ne serait pas absurde. Daniel Cohn Bendit est en effet considéré par les Verts européens comme un leader de droite libérale et par Francis Lalanne (l’autre liste écologie) comme un proche de Sarkozy. Ces derniers jours, le paquet a été mis sur l’écologie avec la programmation sur tous les médias et le téléchargement gratuit du film « Home » d’Artus Bertrand, comme pour faire monter le leader vert. Comme par hasard aussi Cohn Bendit a décidé de ne jamais parler en mal de Sarkozy et de prendre pour unique cible François Bayrou, l’ennemi juré du président.
Depuis 1994, Daniel Cohn-Bendit est député au Parlement européen. Selon Wikipedia « Ses options économiques libérales l’éloignent un peu de la majorité des écologistes européens qui considèrent que le dogme libéral est incompatible avec les moyens que nécessitent la préservation de la planète et le combat pour la justice sociale, et donc avec le paradigme écologiste ». Daniel Cohn-Bendit a aussi été un parisan farouche du « oui » au traité européen.
Cela fait bien des points communs avec l’hôte de l’Elysée que Cohn Bendit rencontre de façon rapprochée et il ne le nie pas. Dès lors on peut s’interroger : et si Sarkozy avait décidé d’utiliser Dany pour piquer des voix au MoDem ? Quelques interprétations légères des sondages permettraient de donner le dernier coup de pouce nécessaire à la veille du scrutin ( c’est fait !). Une polémique vient opportunément de naître hier soir sur le plateau de l’émission « à vous de juger » présentée par Arlette Chabot qui n’y est pour rien. Les médias se sont emparés de l’affaire avant même la diffusion du débat enregistré en différé, comme pour influencer les téléspectateurs et toucher par la même occasion les gens qui ne regarderont pas l’émission. Ils ont aussitôt déformé les propos pour enfler la querelle et taper sur Bayrou.
En effet, que s’est-il passé ? Cohn Bendit a essuyé un refus de la part de Bayrou d’user du tutoiement, au nom de la tenue du débat et du risque pour les électeurs d’y voir une connivence, un mélange des genres dans une situation politique déjà peu claire. Le Vert a passé outre et abusé du tutoiement pour manifester son mépris envers le leader du MoDem. On sait combien l’insistance à tutoyer est souvent proche de l’insulte quand cela ne va pas même jusqu’au « casse-toi pov’con ! » Puis Cohn Bendit a tout simplement injurié le président du MoDem en le traitant de « minable » et en invoquant l’ignominie. Bayrou a aussitôt repris cette accusation d’ignominie pour le retourner contre celui qui la proférait en rappelant un fait bien connu : dans sa jeunesse, Cohn Bendit s’est fait tripoter par des garçonnets dont il avait la responsabilité et les a lui-même caressés. Extrait de son livre « Le Grand Bazar » (Belfond, 1975) : « Je leur demandais : »Pourquoi ne jouez-vous pas ensemble, pourquoi m’avez-vous choisi, moi, et pas d’autres gosses ?« Mais s’ils insistaient, je les caressais quand même ». La défense du leader vert est de dire qu’à l’époque aucune plainte d’enfant ou de parent n’avait été déposée. Or, les professionnels du social et de la justice savent combien les plaintes alors avaient peu de chance d’émerger car les gens n’étaient pas sensibilisés à ce fléau. Il ajoute pour se justifier que son livre est mal écrit, mais ce n’est pas une question de forme quand on écrit ceci : « Mais s’ils insistaient, je les caressais quand même ». C’est un aveu. Bayrou n’a fait que désapprouver ces gestes. Rien de plus.
Donc Cohn Bebdit a terriblement dérapé en procédant à des attouchements sexuels sur des enfants dont il avait la charge et en faisant l’apologie de ce type d’actes aujourd’hui durement réprimés par la loi pénale. Il a encore dérapé en abusant du tutoiement pour abaisser son interlocuteur et en le traitant de « minable ». Mais que retient toute la presse au service de Sarkozy ? C’est Bayrou qui a dérapé !
Nagy-Bosca de Cohn Bendit :
Dans Le Parisien, Francis Lalanne, candidat de l’Alliance écologique indépendante, s’exprime sur Daniel Cohn-Bendit . Pour lui, Cohn-Bendit est clairement sarkoziste et il a été « piloté par l’Elysée » : « Maintenant que les enquêtes d’opinion lui promettent son fauteuil de député européen, il annonce qu’il va rentrer à la maison, en Allemagne, payé par le contribuable français. Il a été piloté par l’Elysée pour affaiblir la vraie opposition, la vraie liste écologie que nous représentons. Sarkozy fait exactement avec Besancenot et Cohn-Bendit, ce que Mitterrand faisait avec Le Pen et Tapie. En « bakchichant » certains dirigeants, il espère s’assurer une réserve de voix, à gauche, dans la perspective du second tour de 2012. Ce n’est pas un hasard si toute la gauche caviar se presse dans les salons de l’Elysée. Il faut que la société civile revienne aux affaires. C’est aussi le sens de notre campagne. »
Outre les rendez-vous fréquents entre Sarkozy et Cohn Bendit, des points communs rapprochent les deux hommes. Tous deux sont issus de l’immigration européenne, tous deux veulent la peau du MoDem. Suffisamment pour faire naître une solidarité de circonstance.
Mais voici la conclusion, Sarkozy s’était juré de « liquider Mai 68 ». La nomination de Cohn Bendit dans son gouvernement ne serait-elle pas le moyen définitif de réaliser son dessein ? L’entreprise est facile à mener, Cohn Bendit a déjà rejeté tout héritage révolutionnaire de Mai 68 dans son livre de 1986 « Nous l’avons tant aimée, la Révolution ».
Par excès de précaution, les quelques mots relatifs à l’origine juive commune des deux hommes ont été supprimés bien qu’ils n’étaient en rien antisémites.