Sarkozy : le goût de l’extrême

Ce goût de l’extrême qui fit la marque de fabrique de Sarkozy et qui lui valut sa popularité passée est en train de montrer ses limites. Et alors que le sarkozisme prétendait en faire un mode de gouvernance nouveau lui permettant de régner dix ans, voici que la stratégie s’essouflle au bout de seulement deux ! Au contraire, François Bayrou, très éloigné des idées et des méthodes extrêmes, se maintient dans l’estime des Français et apparaît comme un recours. 

Le goût de Sarkozy pour l’extrême se manifeste sous des aspects multiples. Sur le plan politique, Sarkozy n’a pas dissimulé sa sympathie pour Besancenot que pourtant même les démocrates de gauches ne peuvent que rejeter. C’est ainsi que Bernard Poignant, maire socialiste de Quimper et député européen déclare que « La nouvelle France de Besancenot ressemblerait à l’ancienne Albanie« . Evidemment l’UMP espère instrumentaliser la montée de l’extrême-gauche pour affaiblir l’opposition traditionnelle et remporter un quatrième mandat présidentiel en 2012. Malgré cette marque de sympathie envers le facteur de Neuilly, le goût pour les idées d’extrême-droite est paradoxalement toujours une composante du sarkozisme. Le récent mépris envers les Français colorés d’Outre-Mer l’atteste. Le traitement des clandestins – par un Besson plus zélé que jamais ! – et la multiplication des initiatives sécuritaires aussi : gardes à vue de plus en plus nombreuses, déploiements de services d’ordre pléthoriques et pressions énormes sur les préfets lors des déplacements présidentiels pour que pas une tête ne dépasse dans le rang du peuple français. Selon le mot même de Sarkozy, il faut que l’on n’apercoive plus les manifestations. Ce n’était pas une tournure ironique, c’était un voeu, et donc un ordre !

Un gouvernement impuissant au service des puissants :

Le goût de l’extrême s’est manifesté dans l’exhibitionnisme bling bling et la volonté obsédante de se montrer au bras des puissants de ce monde. A force de servilité envers les puissants, Sarkozy espérait quelque retour mais ce ne sera pas le cas. La gratitude n’est pas le fort des milliardaires cupides. Le paquet fiscal, la suppression de la taxe professionnelle, la dépénalisation des délits d’affaires, la commission arbitrale Tapie, les nominations de copains aux postes gratifiants, les amnisties sélectives et toutes autres sortes de cadeaux et de signaux en direction du patronat resteront sans effet. Sarkozy ne doit rien espérer en retour de ces gens. Pas de refondation du capitalisme en vue : le patronat se montrera implacable et de plus en plus exigeant sans jamais envisager la moindre contrepartie, sauf sous forme de déclarations d’intentions qui ne mangent pas de pain. Et pour cause : il sait qu’il a gagné ! Que le gouvernement n’a plus qu’à lui obéir au doigt et à l’oeil. C’est ainsi que le paquet fiscal n’a pas produit l’effet escompté, que les parachutes dorés vont continuer bon train ainsi que les spéculations financières, et les bénéfices des gros pdg et riches actionnaires, les licenciements opportunistes…

Le gouvernement, qui s’est mis au service des puissants se trouve aujourd’hui impuissant à mener une politique efficace, faute de moyens financiers, faute d’épargne et de prévoyance (et ce n’est pas Pérol à la tête qui changera le cours des choses), faute de crédibilité auprès du patronat qui le voit à sa botte. Cette impuissance se révèle aussi face à la montée inexorable et rapide du chômage.

L’échec de l’omnipotence présidentielle :

L’autre tendance extrême est en train de faire long feu. Il s’agit de cette nouvelle façon de faire fonctionner les institutions : un président en première ligne sur tous les sujets et dans tous les dossiers, réagissant au quart de tour et supprimant tous les intermédiaires – ministres compris- dans sa relation avec le peuple (ou plutôt ce qu’il croit être le peuple). Ce fut une grave erreur de penser que cette méthode pourrait marcher. En effet, l’histoire nous enseigne que les bonnes institutions sont celles qui ont été éprouvées par une longue et solide expérience, un consensus fort, ou des événements exceptionnels. La méthode présidentielle ne relève d’aucun de ces cas ; elle ne ressemble à rien de connu et, partant, ne pouvait qu’échouer puisqu’elle n’a jamais été confrontée durablement à la réalité. Elle n’a jamais été non plus inscrite comme une règle dans la constitution. A présent, on en voit les résultats désastreux, à savoir un gouvernement qui souffre de reconnaissance et qui n’ose plus agir sans remonter toute initiative au président. De plus, aucune issue ne semble possible. Le premier ministre est certes révocable mais son renvoi ne changera pas le cap qui est le fait du président lui-même. Engager la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée ? L’idée n’a tellement plus de sens qu’elle en est risible ! Le Parlement n’est plus rien.

Les extrêmes ne se concilient jamais : ils divisent ! L’extrêmisme n’a rien de rassembleur ; il est destructeur, y compris pour ceux qui croient l’employer comme une arme. La suite est malheureusement prévisible. Sarkozy n’est pas homme à transiger et à se remettre en question. Il s’obstinera à poursuivre son cap, à chasser son Moby Dick. Mais en jouant à la roulette russe, ce n’est pas que sa tête qu’il joue…

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