Le secrétaire d’Etat au Logement qui ne prend pas de vacances, a fait son premier déplacement officiel sur le thème de l’accueil et de l’hébergement des sans-abri, les 3 et 4 août. Selon Apparu, 150.000 logements sociaux ont été financés en 2009, contre 104.000 l’année précédente. Voilà donc ce que le secrétaire d’Etat affirme comme étant un record. Rappelons-lui certaines réalités.
Le rapport 2008 du maire UMP de Versailles, Etienne Pinte, pose un diagnostic bien alarmiste et demande de « consolider les efforts budgétaires de l’Etat en matière d’hébergement et de logement tant que la crise ne sera pas résorbée ». « Nous ne construisons pas assez de logements très sociaux, ou de logements adaptés aux populations les plus fragiles », dit-il encore.
Le rapport constate aussi que le compte n’y est pas et que le budget du logement de 2009 sera encore pire que celui de 2008 : il rappelle que, sur les 798 millions d’euros votés dans la loi de finances pour 2008, seuls 643 millions ont été effectivement répartis tandis que le solde (155 millions) était officiellement gelé ou non utilisé.
Le rapport alerte sur les besoins : il chiffre à 1,256 milliard d’euros les crédits nécessaires au programme budgétaire « hébergement ». Il demande également le maintien du financement budgétaire des aides à la pierre à hauteur de la dotation votée en 2008, soit 800 millions d’euros.
Il émet un certain nombre de propositions très sensées dont une qui va complètement à l’encontre du projet Boutin, déjà ficelé, puisqu’il suggère fortement de « faire mieux appliquer l’article 55 de la loi SRU » qui fixe le quota communal de 20 % de logements sociaux. Mieux ! Il n’hésite pas à proposer de rendre obligatoire, dans les communes en constat de carence au regard de l’article 55, la réalisation d’au moins 30 % de logements sociaux. De même, il préconise d’augmenter les prélèvements financiers versés par les communes qui ne respectent pas les objectifs de l’article 55.
Depuis ce rapport, on n’a pas constaté d’améliorations de la politique du logement et il est donc pour le moins saugrenu de s’exclamer que l’on bat des records. Si, sur le nombre de logements sociaux, les prévisions du ministère sont en progression : « 150.000 logements ont été financés en 2009 contre 104.000 en 2008 », c’est que monsieur Apparu inclut dans ses chiffres, outre les 65.000 PLUS, 27.000 PLAI, 32.000 PLS, prévus initialement, les 15.000 PLS privés et la fin programme « 30.000 Vefa » (*) du plan de relance. Bref, il triche dans son calcul pour jaillir au beau milieu du calme estival et brandir un soi-disant record auquel le Figaro s’empresse de donner le meilleur écho.
(*) Vefa : Le vefa, « vente en état futur d’achèvement » est une des réponses lancées par le gouvernement en octobre 2008 pour répondre à la pénurie de mises en chantiers de logements.
Je propose d’entonner un chant à la gloire de la politique du logement de notre bien aimé gouvernement : « We are the champions ! »