Le Conseil européen des ministres de l’Agriculture ne s’est pas pas mis d’accord sur la reconduction du plan européen d’aide aux plus démunis. Ce 20 septembre a marqué l’échec de l’Europe à se positionner sur un sujet pourtant vital pour des millions de gens . Rappelons que la Commission a décidé de réduire l’enveloppe des aides alimentaires de 400 millions. Cette enveloppe passerait donc de 480 millions actuellement à seulement 112 millions en 2012.
80 millions de personne, menacées de pauvreté, seraient concernées dont 43 millions au bord de la pénurie alimentaire. Mais que fait l’Europe ? Elle tergiverse ! Ces technocrates doivent à nouveau se réunir et pourrait peut-être trouver un compromis avant fin octobre.
Ce machin pour lequel le peuple s’est fait floué de sa décision (référendum négatif écarté par un seul homme, Sarkozy) paraît montrer une nouvelle fois son mépris pour les questions sociales.
La mesure de la pauvreté
Pourtant, c’est l’Europe qui a imposé aux états-membres sa notion extensive de la pauvreté. En effet, le seuil de pauvreté est désormais égal à 60% du revenu médian, au lieu de 50%. Du coup, la France est passée automatiquement de 4,4 millions de pauvres à 8,2 millions (en 2009). La décision remontant à 2008. L’Observatoire des inégalités (organisme associatif – indépendant, ce qui ne veut pas certes pas dire « neutre » -) dénonce d’ailleurs les effets pervers de cette décision. « Huit millions de pauvres, un chiffre exagéré », déclare-t-il dans un article en ligne. Selon l’observatoire, « on incorpore dans la pauvreté des situations sociales très diversifiées, qui vont de ce que l’on appelait, il y a quelques années, le ‘quart monde’, aux milieux sociaux très modestes « .
L’Observatoire des inégalités veut redéfinir la pauvreté. L’article rappelle notamment que le seuil de pauvreté actuel équivaut – en euros constants – au revenu médian des années 1970. Cela dit, les situations ne sont pas comparables : il faudrait mentionner les besoins nouveaux actuel (téléphonie…) et le renchérissement des matières premières et des loyers…
L’Europe et les SDF
Encore plus nulle que Sarkozy qui s’était engagé à réduire à néant le nombre de sans-abris contraints d’agoniser dans la rue, l’Union européenne se montre incapable à faire face à l’urgence : selon l’association Caritas, 3 millions d’Européens seraient sans abri.
L’Union européenne a décidé qu’à l’horizon 2015, la question des sans-abri devrait être réglée. Mais cinq ans après les premières actions menées par le Parlement européen, le bilan est mauvais. L’Union européenne ne se donne pas les moyens de ses ambitions.
Le chiffrage des sans-abris : la notion de sans-abri est entendue différemment selon les pays : le Royaume-Uni l’a même étendue aux femmes victimes de violences conjugales. La France s’en tient à une approche statistique reposant sur l’absence de logement ou son caractère inadéquat.
Naturellement, face à l’incurie de l’Europe, les gouvernements libéraux profitent pour se dégager de leurs obligations. Ainsi, la France utilise l’argument-prétexte du « logement d’abord » pour réduire – de 16% – le financement des hébergements d’urgence par l’Etat. Pour la Fondation Abbé-Pierre, « il manque 13.000 places d’hébergement d’urgence en Ile-de-France, et le gouvernement n’a toujours pas pris les orientations politiques pour développer l’offre de logement à prix accessible. Un des étages de la fusée du ‘logement d’abord’ ne fonctionne pas« .
Le logement social attend toujours l’Europe
Le logement n’est pas une compétence communautaire mais l’Europe s’occupe de fiscalité immobilière. A ce titre, loin de promouvoir le logement social, l’Europe veut le restreindre. La Commission européenne s’apprête en effet à adresser une lettre à la France au sujet de la loi Scellier, qui pourrait entrer en contradiction avec la libre circulation des capitaux. La position de la Commission depuis 2005 est une vision restrictive des habitations à loyer modéré, réservées selon Bruxelles aux plus démunis. Actuellement, plus de cent organismes de logement social contestent auprès de la Cour de justice de l’UE une décision de Bruxelles visant les Pays-Bas. Depuis le mois de janvier, le gouvernement néerlandais doit se résoudre à attribuer 90% de son parc de logements sociaux aux citoyens ayant des revenus faibles ou moyens.
Le libéralisme échevelé de l’Europe nuit au social. Elle raisonne en subvention dont elle exige un contrôle annuel, alors que le logement social repose sur des aides à l’investissement de long terme. Bruxelles voit les aides publiques comme autant de menaces qui pèsent sur la concurrence. Le marché semble être l’unique préoccupation de l’Europe qui par ailleurs finance (depuis 2009) la rénovation thermique de l’habitat et l’hébergement de personnes mal-logées ou sans-toit surtout dans le but de servir les intérêts des industriels, quitte à oublier le logement.
Pour le commissaire Michel Barnier, « L’Europe n’est pas l’adversaire des services publics ». L’Europe est en panne de cœur, dit-on. Mais l’Europe a-t-elle jamais eu un coeur ?