I
Je reviens du boulot,
J’passe par le caboulot.
Ma maîtresse à la gare
M’offre une boîte de cigares.
Me voilà comblé d’aise.
J’écoute ses fadaises.
Elle me parle des potins,
Je mate son popotin.
Et oui je suis bigame.
Je joue sur toute la gamme.
II
Ma femme est bipolaire.
Elle ôte mon polaire.
Et partout elle me fouille
J’en tremble, j’en bafouille.
C’est comme on dit un « nez ».
Elle sent sous mon cache-nez
Le parfum capiteux,
Et pour mon air piteux,
Là devant mes mouflets
Me flanque un camouflet.
III
L’infirmière bat des cils.
Je joue le gars docile.
Celui qui n’en a cure
Des seringues, des piqûres.
Mais lorsque vient le soir
Je suis une vraie passoire.
Elle me traite d’infâme
Parce que je baise ma femme.
Me traite de cabotin.
Me frappe à coups de bottin.
IV
Je rentre à mon logis.
Le maréchal des logis
Me chante « ah vous voilà ! »
Et qu’est-ce que je vois là ?
Ma femme qui crie « au feu ! »
Adieu le pot-au-feu.
J’ai l’air d’une pauvre tache
J’apportais la pistache.
Alors j’fais la popote
Avec une bande de potes.
V
Le soir j’fais le maquereau
Et surtout j’ai les crocs.
Mais voilà qu’une pute
Me frappe à l’occiput.
Ma tête sur le billot.
Adieu le cabillaud !
Ce sera du riz au lait
Dans mon cabriolet.
Puis je passe sur l’billard
Puis dans le corbillard…
Voris Bian 19 juillet 2011