Avez-vous remarqué le goût prononcé du chef de l’Etat pour la notion de tiers ? Suppression des deux derniers tiers provisionnels de l’impôt sur le revenu des plus modestes, règle de la répartition des profits en trois tiers. Déjà en 2007 : projet de réduction d’ »un tiers en cinq ans de la pauvreté dans notre pays » et récemment l’idée de créer un statut spécifique pour le tiers dont le beau-parent. Ironie du sort : seul un tiers des Français soutient aujourd’hui Nicolas Sarkozy.
Lors de son allocution télévisuelle du 18 février, le président Sarkozy a réaffirmé sa détermination à poursuivre ce qu’il nomme un cap et à mener sa politique à laquelle il n’admet aucune alternative.
Sa détermination reste en tiers :
Il a annoncé préalablement un certain nombre de mesures ponctuelles qui vont dans le bon sens mais dictées par la peur de l’ampleur des mouvements sociaux. Ainsi la suppression des deux derniers tiers provisionnels de l’impôt sur le revenu des plus modestes va plus loin que ce qui était prévu le 5 février. Les mesures sont intelligentes dans la mesure où elles sont ciblées et provisoires et non pas définitives et posées comme des droits acquis intangibles comme c’est trop souvent le cas des mesures de gauche. Mais là aussi, la sobriété est imposée : elle est due aux marges de manoeuvres budgétaires très réduites (en particulier du fait du paquet fiscal et des dépenses somptuaires du Pouvoir).
Mais ce qui est curieux, c’est cette récurrence de l’idée du tiers. Il semble que Nicolas Sarkozy fonde l’idée même de justice sur cette notion. Ainsi avait-il programmé en 2007 la réduction d’un tiers de la pauvreté : « J’ai en effet fixé au gouvernement l’objectif de réduire d’au moins un tiers en cinq ans la pauvreté dans notre pays (…) » L’atteinte de l’objectif du tiers serait donc l’idéal de justice et d’équité pour Sarkozy. Autre exemple : la répartition annoncée des profits en trois tiers, entre l’entreprise, ses actionnaires et ses salariés. On sait déjà que cette répartition a peu de chances d’être appliquée. Cette facheuse tendance à fixer des objectifs tellement élevés que les promesses ne seront pas suivies d’effets, a entraîné une chute de sa popularité : seul un tiers des Français soutient Nicolas Sarkozy.
Ce qui n’empêche pas Sarkozy de continuer de montrer que sa détermination à faire des réformes reste entière. Et en tiers… !
Sarkozy se moque du tiers comme du quart :
L’expression signifie se désintéresser de tout. Elle s’applique pour la perception par Sarkozy de la situation en Guadeloupe et dans les DOM-TOM de façon générale. Alors que la situation outre-mer réclame une attention et une mobilisation nationales, le chef de l’Etat a choisi une fois encore de ne pas en parler lors de son allocution au motif, erroné, que ce n’est qu’un problème local. Pure hypocrisie ! Il lui est arrivé de parler souvent de situations très locales dans ses discours. Le 5 février, il parla par exemple de Gandrange.
La question se pose donc désormais : Sarkozy méprise-t-il les gens de couleur ? Certains l’on pensé en écoutant son discours de Dakar. Son mépris des Guadeloupéens semble le confirmer. Le chef de l’Etat n’a pas même dit un mot pour l’homme tué par balle ni pour sa famille.
Indifférence pour le « Tiers-Etat », indifférence pour le tiers-monde et pour le quart-monde, décidément la référence au tiers revient souvent. Elle révèle une approche comptable de la politique, approche comptable qui se vérifie aussi dans ses citations chiffrées à foison hier à la télévision, dans les réductions budgétaires réglées au cordeau, et dans l’obsession des quotas.
Pour finir par une note d’humour, certains ont comparé Sarkozy à Thiers. Et Nicolas a épousé une riche héritière…
N.B : L’illustration de cet article se veut seulement humoristique.