L’école hors des sentiers battus

Entre l’école classique et l’école buissonnière – ou plutôt l’école de la rue, puisque notre société est aujourd’hui fortement urbanisée -, il y a de la place pour de nombreuses autres voies possibles et expérimentations.

« Produire, instruire, construire » (PIC) est le credo de François Bayrou pour sa 3ème campagne  présidentielle. (voir le clip vidéo) Je m’arrêterai ici sur la question de l’éducation. Je trouve que l’on parle trop de l’Education nationale et de ses effectifs qu’il faudrait réduire selon les uns, augmenter selon les autres, et que l’on ne parle pas assez des alternatives qui aident les « décrocheurs » qui sont de plus en plus nombreux car le chemin de l’école est parsemé d’embûches (difficultés familiales, ghettoïsation de quartiers, pauvreté, discriminations, difficultés d’intégration…)

A ce propos,  François Content, Directeur général d’Apprentis d’Auteuil lance son « plaidoyer pour une jeunesse mal aimée » et interpelle les candidats à l’élection présidentielle. Les Apprentis d’Auteuil » est une fondation catholique reconnue d’utilité publique.

« A Apprentis d’Auteuil, nous accueillons, éduquons et formons dans nos établissements près de 13.000 jeunes qui nous ont été confiés par leur famille (pour 75 % d’entre eux), par les services sociaux ou par le juge pour enfants. En près de 150 ans d’existence, nous n’avons jamais connu une dégradation aussi rapide« , écrit François Content, renforçant, hélas, les inquiétudes relevées par les CCAS et les associations caritatives face à la montée de la grande précarité et des difficultés sociales. Or, toutes ces difficultés ont toujours un impact important sur le budget de la protection de l’enfance et les aides sociales aux familles. Cette question du coût se pose : « Si ces jeunes ne sont plus pris en charge nulle part, que deviendront-ils dans deux ans? Dans cinq ans ? Il y a fort à craindre que, pour certains, le maintien dans leur famille ne sera plus tenable et qu’ils feront l’objet d’une mesure de placement en maison d’enfants. Ce sera alors à la collectivité de supporter la charge dans son intégralité, charge 3 à 4 fois supérieure à ce qu’elle aurait été si le même jeune avait été accueilli en internat éducatif et scolaire« .

« Or, les internats sont aujourd’hui très peu financés sur fonds publics et de­meurent hors de tout dispositif, si l’on excepte quelques initiatives gouvernementales ponctuelles« . François Content veut parler des internats d’excellence, une action menée dans le cadre de la politique de la ville. Peut-on se contenter aujourd’hui de ces mesures très ciblées, très réduites et ponctuelles ? N’est-il pas urgent de dresser le constat que beaucoup d’enfants décrocheurs, en situation de grand échec scolaire ou d’intégration dans les écoles classiques, relèvent d’une prise en charge spécifique ou d’un internat ? Voilà les questions soulevées et que les candidats feraient bien d’entendre. Il est grand temps d’agir car « la crise étend chaque jour ses effets dévastateurs, et ce sont les jeunes qui lui payent le plus lourd tribut« , dit François Content.

La revue « Lien social » met, quant à elle, le focus sur une autre forme d’institution pédagogique : l’ITEP et, en particulier, l’ITEP de Grèzes dans l’Aveyron où les élèves peuvent se reconstruire en apprenant.

Le décret 2005-11 du 6 janvier 2005 a transformé les anciens IR (instituts de rééducation) en ITEP (instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques)  et il a clarifié les missions de ces derniers. Article 1er du décret : « Les ITEP accueillent des enfants, adolescents ou jeunes adultes qui présentent des difficultés psychologiques dont l’expression, notamment l’intensité des troubles du comportement, perturbe gravement la socialisation et l’accès aux apprentissages. Ces enfants, adolescents et jeunes adultes se trouvent, malgré des potentialités intellectuelles et cognitives préservées, engagés dans un processus handicapant qui nécessite le recours à des actions conjuguées et à un accompagnement personnalisé… ». Les ITEP ne sont donc ni des IME pour enfants handicapés ni des écoles classiques. Leur  vocation est autant thérapeutique qu’éducative.

« Le parcours idéal pour un adolescent qui entre ici à 14 ans, déclare Claudine Courtiau, la directrice, c’est d’en ressortir à 20 avec deux titres professionnels en poche, un permis de conduire, une voiture payée grâce aux rémunérations de ses stages successifs en entreprise, un appartement et un contrat d’apprentissage. Ceux-là sont armés pour vivre de manière autonome ».  Et ceci est rendu possible grâce à des formations qualifiantes, de l’horticulture (n’est-ce pas Monsieur Sarkozy ?) à la cuisine (n’est-ce pas Monsieur Morin ?), l’agriculture (n’est-ce pas Monsieur Bayrou ?) ou encore en passant par la maçonnerie, la métallerie, la menuiserie, la peinture en bâtiment. Sept formations sanctionnées par des titres professionnels de niveau 5, reconnus par l’État. En plus du brevet des collèges qui rattrape parfois quelques décrocheurs dans leur chute…

Je demande donc aux candidats à la Présidentielle de cesser de faire de l’Education nationale classique une obsession. Pareil pour l’apprentissage que le gouvernement présente comme la panacée à tous les problèmes d’emploi. Penchons-nous sur les alternatives et ces formules qui ont montré leur efficacité !

 

 

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