I
C’est aujourd’hui qu’on déterre Jean
Empoisonné au détergent.
Donc après l’avoir inhumé,
On va aujourd’hui l’exhumer.
L’exhumer pour l’examiner.
Voir qui c’est qui l’a laminé.
On a trouvé à Abidjean
Des traces sur les habits d’Jean.
Des traces d’un violent détergent
Et c’est pour ça qu’on déterre Jean.
On a autopsié lundi Jean
On fait grand cas de l’indigent.
Refrain :
Descendez de vos tours d’ivoire
Descendez voir la Côte-d’Ivoire.
Les militaires d’Abidjean
Prennent grand soin des habits d’Jean.
II
C’est l’choix des nouveaux dirigeants
De se montrer plus diligents.
Il faut avoir de l’entregent
Et se montrer intelligent.
A titre posthume on sert Jean
On l’honore comme ancien sergent.
Jean avait vécu sans argent.
Aujourd’hui y a plus rien d’urgent.
On lave sa face à l’astringeant.
Il rajeunit et à c’train Jean
Sera le plus beau des jeunes gens.
Mais il est mort, notre ami Jean.
Refrain :
Descendez de vos tours d’ivoire
Descendez voir la Côte-d’Ivoire.
Les militaires d’Abidjean
Prennent grand soin des habits d’Jean.
III
C’est aujourd’hui qu’on déterre Jean
Empoisonné au détergent.
Ou l’a-t-on tué en l’égorgeant ?
Toujours est-il qu’on décore Jean,
Comme un héros du contingent.
Dans chaque ville on compte un Jean.
Il en aurait bien ri, Jean.
Car ce n’est pas en érigeant
Des stèles, des récits arrangeants
Selon des rituels changeants
Que l’on donne à manger aux gens.
Qu’on nous rendra notre ami Jean.
Refrain :
Descendez de vos tours d’ivoire
Descendez voir la Côte-d’Ivoire.
Les militaires d’Abidjean
Prennent grand soin des habits d’Jean.
IV
Ils nous ont rendu l’ami Jean
La mi jan-vier de cette année.
On peut dire qu’ils ont pas traîné.
Il est bien mort du détergent.
On ne sait trop si c’est rageant
Ou simplement décourageant
De remettre en terre notre Jean.
Les avis sont très divergents.
Mais on l’fait en le ménageant.
Et tout notre amour mène à jean.
Il porte ses habits d’hiver, Jean,
Une dernière fois en s’allongeant.
Voris Bian 1er août 2011