Par dogmatisme, le gouvernement condamne le samu social, laissant des milliers de femmes et d’enfants dans la rue. Dogmatisme, parce qu’il décide de tailler dans le budget sans chercher à comprendre la réalité humaine que cela recouvre. Xavier Emmanuelli, qui a fini par démissionner – sa mission étant devenue impossible à mener -, l’avait prédit.
En juin, Xavier Emmanuelli, le créateur et le président du Samu social de Paris depuis 1993, déclarait déjà : « Tout le système est en danger, parce que l’urgence sociale est un concept que personne n’accepte ». « C’est là que le ministre peut faire ses coupes » budgétaires. L’équipe Apparu ne comprend pas ce qu’est l’urgence sociale. Ils sont sur une ligne politiquement correcte du « housing first » (loger d’abord, pour faciliter la réinsertion) ». Il parle de leur « méconnaissance du milieu ».
Il a été poussé à la démission. Et Benoist Apparu est venu à la télé réaffirmé les principes dogmatiques du sarkozisme : le logement d’abord, bien qu’il n’y ait pas de logement disponibles.
François Fillon a botté en touche en disant en substance : on verra ça plus tard après mes vacances. Dans un communiqué du 20 juillet 2011, François Fillon indique qu’il recevra, à la rentrée, les associations.
Au mois de mai 2011 déjà , une baisse des crédits affectés au financement de l’hébergement (-3,3% sur une enveloppe de 1,2 milliard d’euros) était annoncée. Plus récemment était décidée une réduction des crédits alloués au Samu social de Paris. Réagissant à la polémique suscitée, Benoist Apparu a indiqué que le gouvernement comptait supprimer environ 4.500 places d’hébergement hôtelier (sur les 13.000 initialement prévues au budget 2011), pour les remplacer par de l’hébergement d’insertion.
Qu’en est-il réellement ? L’Etat a bien renforcé les moyens affectés à l’hébergement d’urgence. Les crédits sont passés de 670 millions d’euros en 2007 à 933 millions d’euros en 2011. Les collectivités concernées par l’hébergement d’urgence – et tête la ville de Paris – ont fait de même. Mais, dans le même temps, les besoins se sont, eux aussi, fortement accrus. Le problème est que si l’hébergement hôtelier est facilement mobilisable, il n’en va pas de même pour l’hébergement d’insertion, credo du secrétariat au Logement, qui fait il est vrai l’objet d’un très large consensus parmi les associations mais dont offre est une solution de moyen terme, non adaptée à l’urgence.
Aujourd’hui, le gouvernement s’entête dans son aveuglement. Benoît Apparu, décidément bien ignorant, déclare « Un enfant ne dort pas dehors, en France, en 2011 ». Or, une enquête de la FNARS révèle aux obstinés du déni de réalité que sur un simple échantillon de 1 701 demandes sur une seule journée, 1 105 ont reçu une réponse négative (soit 65%). Parmi elles, 411 couples avec enfants, six hommes seuls avec enfants, 17 groupes avec enfants et enfin 142 femmes seules avec enfants. Au total, sur 780 demandes concernant des familles avec enfants, 576 ont été refusées, soit presque les trois quarts.
Lire aussi : Le Monde « Quand Benoît Apparu minimise les manques de l’hébergement »