Laurent Wauquiez a tenu des propos dérangeants sur les bénéficiaires du RSA.
Laurent Wauquiez a commis des erreurs gravissimes. Je vais m’efforcer ici d’exprimer les principaux reproches que je lui adresse :
1 – Il a pris à témoin l’opinion publique en lui donnant des éléments mensongers pour l’orienter dans le sens voulu.
Il a en effet affirmé qu’un couple au RSA pouvait gagner plus qu’un couple dont l’un des membres gagne le SMIC. Ses propos sont : « aujourd’hui, un couple qui est au RSA, en cumulant les différents systèmes de minima sociaux, peut gagner plus qu’un couple dans lequel il y a une personne qui travaille au smic, a-t-il avancé. Ça c’est la société française qui tourne à l’envers ». Bien sûr, des démentis ont été apportés de toutes parts mais le mal est fait et la stigmatisation renforcée. Le Monde a réagi rapidement par un article bien renseigné « Assistanat : les mauvais exemples de M.Wauquiez »
2 – Il n’a pas respecté les membres du gouvernement ni ses amis politiques.
D’abord, il a pris la place de la ministre des affaires sociales, Roselyne Bachelot dont la réaction qui a suivi m’est apparue intelligente et mesurée. Par ailleurs, alors qu’une mission d’amélioration du RSA a été confiée par le chef de l’Etat à Marc-Philippe Daubresse, ancien ministre de la Jeunesse et de Solidarité actives, il n’a pas pris contact avec ce dernier pour évoquer ses propositions mais il a choisi d’occuper la tribune pour faire parler de lui. Le bilan de la mission de M.Daubresse doit être rendu avant le 31 juillet. M. Wauquiez pouvait utiliser cette fenêtre de tir comme on dit au lieu de tirer sur le RSA et les étrangers. M.Daubresse pilote aussi la convention de l’UMP sur la « justice sociale » le 8 juin. Il s’est démarqué de M. Wauquiez, dont il qualifie les propositions d’ « irresponsables ».
3 – Il a remis en cause à lui tout seul toute une politique.
Sur cette erreur politique, François Fillon l’a recadré fermement. Logique. « C’est une mise en cause de la politique du gouvernement par un ministre », a déclaré le premier ministre.
4 – Il s’est engagé sur un projet irréaliste car coûteux et dangereux
La mise en œuvre d’une telle contrainte supposerait de monter une sorte d’usine à gaz qui pèserait lourdement sur le portefeuille du contribuable et qui n’apporterait pas grand chose de plus à la société. Il y aurait même un effet de substitution désastreux. Obliger « chaque bénéficiaire à donner cinq heures de son temps à la société sans rémunération supplémentaire », menacerait en effet directement l’existence des emplois à temps partiel, de proximité, des contrats aidés. Martin Hirsh l’a clamé haut et fort au journal de 20 heures de France 2. Nous aurions, à la place, des gens exploités gratuitement.
Les propos mêmes de M.Wauquiez sont inadmissibles.
« Quelle est, pour moi, la principale injustice dans notre pays ? C’est que celui qui travaille n’ait pas un véritable écart avec celui qui bénéfice des minima sociaux. Cette situation-là est pour moi le cancer de la société française”, avait-il déclaré dimanche sur BMFTV M.
Il est inadmissible d’abord de dire que la principale injustice de notre pays, c’est le dispositif du RSA, lequel a été adopté à une très forte majorité de voix. Il y a de bien pires injustices : le nouveau cadeau fait à MMe Bettencourt avec la suppression du bouclier fiscal par exemple…
Inadmissible le gros mensonge suivant : « celui qui travaille n’ait pas un véritable écart avec celui qui bénéfice des minima sociaux. » Gros mensonge car pour qui connaît le RSA, à commencer par les bénéficiaires eux-mêmes, cette affirmation est tout-à-fait fausse. « En créant la nouvelle prestation, « nous avons veillé à ce qu’un différentiel important subsiste entre le RSA et le SMIC », a tenu à rectifier MME Bachelot. Le RSA a été conçu comme une allocation différentielle qui prend en compte tous les revenus afin de favoriser la reprise d’activité.
Inadmissible enfin de parler de « cancer de la société française”. Les mots sont indignes d’un ministre de la république.
On notera aussi que parler de l’aide sociale ou de la solidarité uniquement en les désignant par le terme stigmatisant d' »assistanat » est le signe d’un mépris profond pour les travailleurs pauvres et les femmes isolées avec enfants (qui perçoivent le RSA en lieu et place de l’allocation parent isolé qui a été supprimée).