Il est des journalistes, des politiciens et aussi des blogueurs qui, aujourd’hui, se félicitent de la tournure des évènements, certains allant jusqu’à presque dire qu’ils avaient prévu les choses. Malheureusement, la réalité est tout autre : la France dans son ensemble avait complètement lâché le peuple tunisien et elle avait donné son soutien au dictateur.
Il y a seulement quelques jours, quand nul ne pouvait prévoir la suite des troubles, chacun y allait de sa justification : le maintien de l’ordre, le risque islamiste, l’exemple de l’Iran du temps du Shah (il fallait oser : en Tunisie, l’islamisme ne paraît pas prêt de faire sa révolution !)(1). Bref, tout était bon pour se défiler devant l’aspiration légitime d’un peuple à se débarrasser de son tyran qui pille toutes les ressources du pays. Ou bien alors on y allait de son couplet sur la nécessaire prudence ou « réserve » (mot employé par l’indigne Alliot-Marie qui devrait mourir de honte et démissionner). Mes commentaires en faveur de la révolution qui se mettait en marche était votés négativement sur des forums citoyens ! (curieusement ces commentaires ont fait le plein de votes positifs après ! Et donc je n’ai plus la preuve de ce que j’avance) Les blogueurs se sont montrés complices de la pensée dominante en s’abstenant, en se défilant.
Quelle était la préoccupation des blogueurs alors ? Je vais vous le dire : c’était de savoir s’il fallait être pour ou contre Eric Zemmour ! Le buzz à l’apogée de sa bêtise !
Seul Yann Wehrling a eu le courage d’exprimer ce que tous les Français auraient dû affirmer à l’unisson s’ils se prétendent encore démocrates du pays de Droits de l’Homme et du Citoyen. On n’a pas entendu François Bayrou. Sans doute un ictus inopiné l’a-t-il fait opiner, ou pas…On ne saura jamais. Dupont-Aignan s’est exprimé à son tour. Les autres ? Tous complices.
J’ai dit que la France me faisait honte et c’est encore le cas. Nos leaders sont dépassés. Complètement archaïques. Incapables de comprendre la jeunesse de Tunisie.
Ainsi on a laissé Ben Ali assassiner plus de 70 compatriotes. On l’a laissé partir avec une tonne et demie d’or, et plus encore.
Car, quelle a été la tactique du tyran et de sa famille de profiteurs pendant ces évènements ? Gagner le maximum de temps au prix de dizaines voire de centaines de morts si besoin pour assurer leurs arrières entendez par là : amasser le fortune la plus considérable possible. La France les a appuyés de tout son poids dans cette entreprise. Avec sans doute l’espoir de récolter quelque bénéfice pour son oligarchie de puissants.
La France, comme souvent l’amie de toutes les dictatures et de tous les puissants du monde, était enthousiaste à accueillir le despote déchu ainsi que sa famille et sa fortune si n’était cette considération d’ordre public qui pouvait inquiéter le pouvoir en place…
La France a fait le maximum pour enfoncer le peuple tunisien et pour ruiner ses richesses. Sourde à la démocratie, sourde aux droits de l’Homme, elle me fait honte.
Vive la Tunisie et bonne chance à ce peuple courageux et dynamique qui a su ne compter que sur lui-même !
(1) Aujourd’hui encore le Figaro se justifie après coup en évoquant le retour possible en Tunisie d’un islamiste (?) modéré (sinon Londres l’accueillerait-elle ?) et à vrai dire has been, prenant les Tunisiens sans doute pour des idiots et des fanatiques en puissance. Car ce qui me trouble le plus dans cette histoire c’est le peu de crédit que les Français accordent à ce peuple pourtant bien éduqué…