A peine tournée la page du Sarkozy nouveau venu à point nommé avec le Beaujolais nouveau (ne riez pas, c’est comme ça la com), d’un président découvrant le subjonctif et usant des mots avec la plus grande prudence (« il n’est pas exact que… »), voici le vrai Nicolas qui revient. Chassez le naturel, il revient au galop.
Entendre Sarkozy accuser un journaliste de pédophilie uniquement parce qu’il fait son travail de journaliste n’est hélas guère surprenant de la part de cet individu mal dégrossi. Ce qui pourra choquer plus, c’est la politique de l’autruche du complaisant journal « Le Monde » qui décide unanimement d’ignorer le fait se retranchant derrière l’argument du non-évènement. Argument tout neuf, du sur-mesure pour se défiler et témoigner au prince sa loyauté.
Un président et trois cloches :
Mais que faut-il attendre des journalistes des grands médias ? Rien sans doute. On se souvient de l’intervention télévisée sur le mode « je suis partout » de Sarkozy la semaine dernière. En face de lui, aucune journaliste ! Seulement deux lecteurs de prompteurs et un animateur d’émission comique par ailleurs auteur d’un livre-coup de pouce pré-campagne consacré à des entretiens avec Nicolas Sarkozy en 1995. D’ailleurs, ce ne fut pas une intervention mais une interversion : Sarkozy posant les questions aux journalistes pour les piéger. Rappelons-nous que ce soir-là déjà Sarkozy, le rhéteur retors, prêta des intentions à ses questionnés. Pujadas fut désigné comme l’accusateur alors qu’il interrogeait simplement le chef de l’Etat (ça fait drôle de dire çà…) sur la raison pour laquelle il n’était pas intervenu pour venir au secours de la liberté de la presse. Claire Chazal fut carrément accusée de manipuler l’information.
Le mépris de la presse continue mais certains journaux préfèrent raser les murs et se désolidarisent de leurs collègues pris à partie de manière infecte.